Chapitre 40 : Une grande nouvelle

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Rémus tenait la lettre d'Anthéa, envoyée à Molly qu'elle lui avait fait parvenir. Les mains tremblantes, il la relisait depuis une bonne vingtaine de minutes. Pourquoi Anthéa avait tout raconté à Molly ? Pourquoi ne l'avait-elle pas prévenu, lui, de cette nouvelle avant d'en parler à Molly ?

Pourquoi ?

L'obscurité envahit son visage tout entier. Pourquoi ?

Il le savait bien.

Il l'avait abandonnée.

Abandonnée...Le mot souriait devant lui de toutes ses dents malsaines. Il le tourmentait depuis un moment. Depuis ce jour où il était parti.

Le sorcier se passa une main sur son visage fatigué par les soucis, les remords, les regrets, les faux espoirs, et posa le parchemin recouvert de l'écriture élégante d'Anthéa. Ses prunelles vertes glissèrent avec perplexité vers la beuglante rouge de Molly. Cette dernière lui avait hurlé dessus pendant vingt minutes. Molly était furieuse, et il la comprenait.

Elle était une mère dont il avait blessé la fille.

Elle avait compris qu'il y avait quelque chose entre eux, elle l'avait accepté car Anthéa était heureuse, mais à présent, s'il ne faisait rien pour arranger les choses, elle allait lui en vouloir pour de nombreuses années...Peut-être pour l'éternité...

Il soupira et essaya de se raisonner pour démêler la situation.

Il plongea dans les souvenirs de cette matinée passée avec la jeune femme, entre leurs draps chauds et doux. Avait-elle lancé un sort de contraception ? Il n'en avait pas l'impression...Pourquoi n'y avait-il pas pensé ? Il aurait dû y penser aussi ! Cela les concernait tous les deux, il avait manqué de vigilance. Ils auraient également dû discuter tous les deux au sujet de la vie qu'ils désiraient. Ils auraient dû échanger sur le futur...

D'après sa lettre, Anthéa ne regrettait pas et n'était inquiète que de sa réaction à lui. Elle craignait qu'elle ne la rejette. Il relut les mots d'Anthéa. Les larmes lui embuèrent les yeux. Il se doutait qu'il l'avait blessée, jamais il ne s'était imaginé que c'était à ce point. Elle parlait de sa solitude à Molly avec des termes si déchirants, en des termes avec lesquels il aurait décrit sa propre souffrance.

Qu'avait-il donc fait ?

Une grave erreur.

Mais une famille était une grande responsabilité pour un loup-garou. S'il venait à tuer les personnes qu'il aimait le plus au monde ? Que deviendrait son âme damnée à jamais ?

N'avait-il pas fait ce qui était le mieux pour la protection de la sorcière ? Est-ce que les sentiments passaient avant la sécurité et la vie sauve ?

Non, il ne le pensait guère.

Il valait mieux savoir Anthéa triste et vivante, plutôt que morte. De plus, elle semblait commencer à le remplacer. Il ne doutait pas qu'il était facile à oublier, lui, Rémus Lupin. En un claquement de doigt, ce Cepheus l'évincerait à tout jamais des pensées de la sorcière.

Malgré ses convictions, l'esprit du sorcier se plut à imaginer une scène de famille, dans laquelle Anthéa rayonnait à ses côtés et aux côtés de deux charmants bambins qui arboraient les yeux de la jeune femme qu'il aimait tant, et sa chevelure brune. De lui-même, un sourire inconscient et rêveur étira l'encoignure de ses rêves.

...il ne pouvait pas se permettre ce futur.

Soudain, sans crier gare, le vrombissement d'une moto le coupa dans ses pensées. Il entendit au dehors les acclamations des autres loups. Certains sifflaient même d'admiration. Pris de curiosité, et fatigué d'avoir des espoirs impossibles à réaliser, il sortit de son camping-car.

La bonne étoile du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant