Chapitre 17 : Réunion de famille

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Anthéa observait sa chambre d'hôpital, récemment reconstituée à l'aide de formules magiques, depuis quelques jours.

Malgré ses prunelles fixées avec attention sur les paroies de la pièce, la sorcière n'essayait pas de graver chacun des détails de cette dernière dans son esprit, elle était plongée dans ses pensées.

Une odeur bien connue l'avait hantée durant tout le temps de sa convalescence : une odeur de chocolat, de parchemin et de feu de cheminée chaleureux.

Rémus avait été celui qui l'avait veillée le plus souvent. Le matin, une fois qu'elle se fut levée, elle s'était retrouvée à plusieurs reprises face à une chaise encore marquée par le renfoncement qu'un corps avait produit. Signe que le sorcier était parti il n'y avait pas si longtemps que cela.

Elle avait toujours manqué le moment où il partait, le moment où elle aurait pu le retenir.

À plusieurs reprises, elle avait cru avoir été réveillée par le bruit de son départ. Dans ces moments-là, après son réveil, elle avait touché le siège de sa main froide et avait ressenti le chaud que le corps du sorcier avait laissé s'apesantir sur le siège avant de le laisser s'éparpiller dans l'air.

Chaque matin, Anthéa faisait face à un fantôme qui voltigeait dans l'atmosphère : l'absence de Rémus.

Une autre preuve de la présence du sorcier était le don de livres qu'il avait sélectionné exprès pour elle et qu'il déposait sur sa table de nuit.

Ses choix avaient toujours été parfaits, Anthéa avait adoré chaque ouvrage que le sorcier lui avait laissé.

Il la connaissait par cœur.

Percy, lui aussi, déposait quelques livres lorsqu'il venait lui rendre visite.

Mais Anthéa percevait plus le sorcier dans ces livres, plutôt qu'elle-même.

Sa connaissance d'elle était moins approfondie que celle que Rémus avait acquéris d'elle.

Même lorsque ce dernier l'avait rencontrée pour la première fois, il était parvenue à la cerner et il avait fini par l'apprendre par cœur avec une incroyable facilité, comme si elle avait été son hymne préféré.

La sorcière, quant à elle, connaissait le lycantrhope comme s'il était le poème qu'elle chérissait le plus au monde.

Pourtant, leur mélodie connaissait un temps de silence en ce moment-même, parfois interrompu par, tantôt un temps de brèves, tantôt un temps de longues, juste avant de retomber dans le silence.

Elle s'enfonça dans son lit avec vigueur et une moue contrariée sur le visage. Le sorcier devenait de plus en plus insaisissable tout en étant de plus en plus présent. Il était l'Absent de ses journées et le Présent de ses nuits.

Elle regrettait presque de quitter son statut de convalescente. Elle redoutait d'être moins en sa présence.

Bill et Charlie devaient venir la chercher en fin de journée. Ils avaient convenu avec Molly qu'elle resterait dîner avec eux pour fêter son rétablissement.

Bill avait beau être avec Fleur et Charlie avait beau être en Roumanie, ils avaient fait, exprès pour elle, le voyage. Depuis la mort de Fed, ils se sentaient un devoir de grands frères envers elle, comme s'ils devaient prendre la responsabilité que leur jeune frère avait abandonné, malgré lui.

Après qu'elle se fut créée, la famille autour de la jeune femme s'était de plus en plus soudée.

Les deux aînés de la fratrie ne manqueraient pas de la taquiner sur son lien avec Percy qui, apparemment, se solidifiait dans un sens qu'elle ne parvenait pas encore à définir. Elle craignait ces moqueries, mais ce dont elle avait le plus peur c'était quitter l'inconstant fantôme de l'absence de Rémus, elle désirait nager en elle et se fondre dans cette dernière jusqu'à ce que la présence du sorcier vienne la récupérer et la remplacer.

La bonne étoile du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant