La bonne étoile du loup

Chapitre 42 : La disparition d'Anthéa

Anthéa fut réveillée sans aucune délicatesse par les rayons du soleil matinaux. Elle arrivait à peine à sortir sa tête hors des oreillers.

Elle jeta un coup d'œil au journal qui avait été cause de sa nuit trop courte et agitée. Un cauchemar avait dû hanté l'intérieur de son crâne.

Cependant, tout n'était pas négatif dans ce qu'elle avait lu ! Le détenteur de ce journal avait surmonté la mutation de sa lycanthropie.

Pourquoi Rémus n'y parviendrait-il pas ?

Quel idiot ! Il préférait abandonner tout effort plutôt que d'espérer et d'essayer ! Il avait préféré lui cacher toute la complexité de sa condition pour ne pas qu'elle le juge...Comme si elle allait le juger, le rejeter, le voir comme un monstre...

Idiot !

Cette vive pensée qui sonnait comme un cri de reproche se répercuta contre les parois de son esprit et aggrava un mal de tête que son sommeil avait déjà bien épaissi. 

Dans la cuisine, juste auprès de sa "chambre", une machine à café ronronnait, de la vaisselle tintait et des grognements animaient l'ambiance matinale d'une lueur de ronchonnerie. Elle supposa que ni John, ni Cepheus n'avaient eu une nuit paisible. Elle fit de son mieux pour se lever et enfila des vêtements propres. Elle opta pour une chemise grise, un pantalon noir et des bottes de la même couleur, et comme l'air de la forêt pouvait être trompeur, elle enfila un pull sombre par-dessus ses vêtements. Elle sortit ensuite de sa chambre et salua les deux sorciers qui avaient le regard perdu dans le vide.

John en était visiblement à sa troisième tasse de café et Cepheus n'avait pas fini son verre de lait où un gâteau flottait en agonisant dans une noyade laiteuse.

"Vous êtes ici depuis longtemps ?"

John leva sur elle un regard éteint.

"Depuis une bonne heure, c'est affligeant comme nous n'arrivons pas à finir notre petit-déjeuner. Nous étions justement en train de discuter de ça, il y a dix minutes...et nous n'avons même pas fini la conversation. Nous ne serons pas très productifs aujourd'hui, je le crains."

La jeune femme se servit un peu de café et mit la main sur des morceaux de chocolat qu'elle prenait plaisir à déguster. 

Elle prit ensuite place à la table à manger entre les deux sorciers.

"Tu t'es endormi tard, fit remarquer Cepheus, j'ai vu de la lumière filtrer sous ta porte."

"Oui, j'étais en train de lire quelque chose. C'est Rémus qui me l'a passé..."

"Oh ! Il t'a donc parlé ? Il s'est excusé ?"

"C'est compliqué, mais il m'a demandé son aide. C'est un grand pas pour lui, et il m'a mise au courant d'un certain nombre de détails qu'il gardait secret jusqu'à maintenant."

Bien que le choix de la sorcière se portait toujours sur le même sorcier, Cepheus sourit de voir les yeux de la sorcière regagner une lueur sincère et durable. Toutes celles qu'il avait réussit à faire naître dans son regard avaient toujours fini par se faner dans la mélancolie.

"Bon, c'est bien, alors. Et est-ce qu'il t'as parlé d'autres choses ?"

"Non, pas encore, mais je dois me montrer patiente."

"Oui, oui, bien sûr. En tout cas, il se réveille." Le tatoueur goba en vitesse son gâteau qui menaçait de s'effriter dans le lait. Une goutte du breuvage coula sur ses lèvres sulfureuses. Il s'essuya avec un mouchoir et élégance.

John soupira en s'étirant et en buvant d'une traite son café. Il semblait avoir pris le tonneau des Danaïde remplis d'une énergie hors du commun dans l'estomac.