Chapitre 2

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Cela faisait des lustres qu'Arashi ne s'était pas douchée, et la douce sensation de l'eau chaude sur sa peau lui procurait un bien-être plus que bienvenue. Lorsqu'elle sorti, la salle de bain était inondé de buée, humide et épaisse, comme une matinée d'hiver. Entrouvrant la petite fenêtre afin que la pièce s'eclaircissent à nouveau, Arashi entreprit de se sécher, savourant le doux contact du coton de sa serviette sur ses membres endoloris. Cela faisait une éternité que la jeune femme n'avait pas connu un tel confort, et il en allait de même bien avant que sa mère ne décide de l'enfermer. Arashi n'avait jamais vécu autrement que dans la crainte et les ténèbres. Lorsqu'elle était petite, chacun de ses gestes, chaque choses qu'elle possédait, tout était orienté comme sa mère le desirait, mais celle-ci se contrôlait mieux lorsque Nemuri la fréquentait toujours. Après la mort de son père et la départ de sa tante, Hymagi avait pété les plombs, tout étant prétexte pour passer ses nerfs sur sa fille, seulement âgée de 7 ans.
La buée s'était désormais totalement dissipée et un air frais entra dans la pièce, provoquant un frisson à la jeune femme. Refermant la fenêtre, Arashi croisa son reflet dans le grand miroir qui trônait au-dessus de la vasque du lavabo. Le visage qu'elle croisa lui semblait à la fois familier et inconnu.
Une cascade d'un violet améthyste s'ecoulait du haut de son crâne de chaque côté de son visage, creusé par la sous- alimentation, et terminait à la naissance de ses hanches. Ses yeux étaient cernés, le gris perle du droit contrastant grandement avec le bleu azurin du gauche, celui baré par une large cicatrice qui lui fendait le sourcil. Celle-ci zébrait sa joue en de nombreuses fourches, traversait son cou dans la longueur et se rependait sur la quasi-totalité de son corps, des epaules aux orteils. En s'etudiant de la sorte, Arashi se rememora la conversation qu'elle et sa tante avait eu au retour de l'hopital, après ses deux jours d'observations.

- Je sais que ce n'est peut être pas très intelligent de ma part de te demander ça maintenant mais... J'aimerais que tu m'aide à éclaircir quelque chose.
La voix de sa tante se faisait sérieuse, quoiqu'hesitante, mais Arashi l'encouragea à continuer, son regard perdu sur la ville qui defilait devant ses yeux à travers la vitre de la voiture.
- Je... Je suis allée voir ta mère lorsqu'elle a été arrêté comme tu le sais, c'est d'ailleurs comme ça que j'ai su où tu étais... Mais... Avant de me le faire comprendre, Hymagi à dit une chose... Elle a dit, je cite " C'est donc toi qu'elle voulait retrouver"... De quoi parlai t-elle ?
Arashi mit quelques secondes toi aussi à comprendre le sens de cette déclaration.
- Pourquoi t'a-t-elle dit ça ?
- C'était juste après que je fasse allusion au fait que si je m'etais éloignée, c'était aussi parce que je savais qu'en cas de besoin, tu viendrais me trouver.
Une illumination frappa l'esprit de la jeune femme.
- Alors elle faisait allusion au jour où j'ai tenté de m'enfuir.

Nemuri avait, en une seule question, découvert ce qui s'était passé pour sa nièce, alors que celle-ci n'avait que 15 ans, et de ce fait, l'origine de toutes ces cicatrices qui marquait son corps comme un éclair déchire le ciel en pleine tempête. C'est ce qu'elle était. Un ciel laiteux zébré par la foudre, éparse et rose pâle sur sa peau blanche comme neige.
Elle se glissa dans un pantalon de jogging confortable, un t- shirt un peu trop grand pour elle sur le dos. Sa tante lui avait gentillement prêté les vêtements les plus sobres de sa garde robe. Sobre si l'on oubliait le fait que son haut etait taillé pour une poitrine démesurée et que son jogging était rose bonbon. Ne faisant pourtant pas la fine bouche, Arashi soupira de contentement et sortie de sa chambre bien déterminée découvrir son nouveau lieu d'habitation. Un long couloir bordé de miroirs et de bibelots la conduisit jusqu'au salon. Tout était en cuir noir, les murs dans blancs cassé, la décoration parsemée de touches de rouges et de violets ça et là,ce qui la fit sourire, ce code couleur lui rappellant le costume de Midnight. La jeune femme fût interrompu dans sa contemplation par la voix de sa tante, qui s'était elle aussi douchée et revêtait une robe moulante noire, dévoilant bien plus de son anatomie qu'Arashi ne l'avait jamais fait dans sa courte vie. Les cheveux de Nemuri etaient relevés en un grand chignon et son regard s'illumina lorsqu'elle posa ses yeux sur sa nièce. Arashi la trouva à couper le souffle, mais sa tante ne lui laissa pas la main sur les compliments.
- Tu as coupé tes cheveux ?! Tu es MA-GNI-FIQUE ! Ça te donne un air beaucoup plus femme fatale !
- Merci Nemuri... Tu n'es pas mal non plus habillée de la sorte.
Arashi rougissait légèrement, peu habitudes aux compliments. Elle avait effectivement coupé ses cheveux très courts, à la garçonne, gardant tout de même du volume sur le devant et le sommet du crâne. Il est très cliché qu'une nouvelle vie commence avec une nouvelle coupe de cheveux mais, dans son cas, c'était vrai. Elle avait toujours voulu le faire, mais sa mère ne lui avait jamais autorisé quoique ce soit de cosmétique, que cela soit un simple soin pour les cheveux, du maquillage, sauf pour camoufler sa large cicatrice sur le visage, ou encore des vêtements décents.
Coupé ses cheveux avait été un acte de rébellion symbolique. Non pas contre sa mère, mais contre celle qu'elle était avant. Cette vie était derrière elle. La voix exaltée de sa tante la ramena dans le présent.
- Merci ma belle, je constate tout de même que je suis bien plus habituée aux éloges que toi.
- En tant qu'icone féminine, tu n'as pas vraiment de mal à me surpasser à ce niveau la.
- Oh mais mon but est que tu me surpasses, en tout point. Terminé ta vie recluse avec cette sale poufiasse d'Hymagi ! Maintenant tu vis avec moi, soit la femme la plus glamour et la plus prisée du Japon. Je vais prendre en charge toute ta rééducation.
Arashi ne pu s'empêcher de rire, autant de part une reconnaissance profonde que d'inquiétude. Cela lui faisait plaisir que sa tante aït cette attitude envers elle. Après leur conversation dans la voiture, Arashi avait fait promettre à sa tante de ne pas la traiter comme une rescapée.
Tout ce dont elle avait besoin, c'était du soutien feminin qu'elle n'avait jamais eu de sa mère, et qu'elle n'avait qu'entre appercu lors des visites de sa tante lorsqu'elle était enfant. Elle souhaitait plus que tout retrouver sa tante souriante et extravagante dont elle avait le souvenir, sans aucune trace de culpabilité ou même de regret. Et en cela, Nemuri respectait son engagement avec beaucoup de sérieux.
- J'ai du soucis a me faire !
La jeune femme illustra son propos en tirant sur le t-shirt distendu qu'elle portait sur le dos, soulignant son scepticisme quand à la couleur du jogging. Nemuri émit un rire sonore et franc avant de se défendre.
- C'est ce que j'avais de plus confortable je te signale! Je fais dans l'extravagance et le sexy, pas dans le sobre ou "comfy". Je veux bien que le t-shirt soit trop grand mais ne critique pas mon jogging, c'est l'un de mes meilleurs amis qui me l'a offert, on en à chacun un, et on est trop cute quand on le porte en trio !
- Tu me diras qui est cet ami, comme ça je me tiendrais à l'écart de tout présent qu'il pourrait te faire à l'avenir.
Nemuri leva les yeux aux ciels.
- Il est clair qu'avec ton tempérament tu t'entendra mieux avec Shota qu'avec Hizashi.
Le soleil se couchait sur la grande ville, et Arashi entra dans sa chambre, des sacs pleins les bras. Nemuri et elle avaient passé leur journée à remplir la garde-robe de la jeune femme, et elle n'aurait pas cru prendre tant de plaisir à le faire, ni même qu'elle aime un style en particulier. Et pourtant, une pile de vêtements, de chaussures et autres accessoires recouvrait son lit de part en part. Arashi se mit à sourire, poussant un soupire de satisfaction. Elle repensa à ces derniers mois de cauchemars, et eu peine à croire que tout ceci était désormais terminé. Ce qu'elle avait devant les yeux lui semblait irréaliste. Tout ce qui se trouvait là lui appartenait désormais, et Nemuri l'avait vraiment gâtée.
- On va te faire une garde robe du tonnerre et qui rendra honneur à ta nouvelle coiffure ! Tes futurs prétendants vont tomber comme des mouches je te le garantie !
Arashi avait rit à cette phrase, mais c'était pour elle, et elle seule, qu'elle choisissait les tenants et les aboutissants de na nouvelle apparence. Le regard des hommes ou des femmes ne lui importaient que trop peu en comparaison de l'importance qu'elle donnait à son propre regard sur elle- même. Retirant les étiquettes une à une, elle entreprit de mettre à laver toutes ses nouvelles possessions, puis elle rangea ses chaussures, ses accessoires et son nouveau maquillage dans des tiroirs. Se tournant à nouveau vers son lit, elle remarqua que l'un des paquets était tombé sur le sol. Se penchant pour le ramasser, elle réalisa vite de quoi il s'agissait. S'asseyant nonchalament sur le matelas moelleux, elle ouvrit la précieuse boite. A l'intérieur se trouvait une lentille d'un gris perle tout à fait similaire au sien, en réalité, elle avait été faite sur mesure pour faire parfaitement illusion. Nemuri avait accédée à la dernière requete de sa nièce, lui trouver une lentille pour camoufler son oeil dépareillé souffrant de dyschromatopsie* suite à son accident.
- Pourquoi veux-tu le cacher ? Je trouve ça tellement sexy et mystérieux, tu ne passes vraiment pas inaperçue !
C'était justement le problème. Depuis ses 15 ans, on la regardait comme une bete de foire, avec son oeil bleu et ses immenses cicatrices. Même durant leur shopping, des enfants la montrait du doigts, ou l'on chuchotait à son passage. Les gens devraient pourtant être habituée à voir des bizarreries dans un monde pareil où les notions de normalité ne sont plus ce qu'elles étaient avant l'apparition des alters. Mais son aspect faisait peur aux enfants et il était évident pour les adultes que son état ne résultait en rien d'un acte héroique, mais plutôt d'un acte d'une extrême violence envers la jeune femme qui en portait la marque. C'était d'ailleurs la seule chose que sa mère l'autorisait à faire par le passé, camoufler sa cicatrice avec un fond de teint hyper couvrant pour ne pas faire peur au voisin, ou plus simplement pour camoufler ce qu'elle avait fait à sa propre fille. Arashi poussa un nouveau soupire, beaucoup moins enjoué que le précédent. Au moins, Nemuri avait accepté de l'emmener chez un ophtalmologiste et, de surcroit, ne s'était pas contenté de lui offrir une lentille de contact simple. Celle-ci lui permettait de percevoir les couleurs comme si son oeil n'avait jamais été endommagé, et elle avait été réalisé en suivant le modèle de son oeil droit, pour rendre sa couleur gris perle au gauche. Avoir des blessures de ce genre lorsqu'on est un héros professionnel est tout ce qu'il y a de plus normal, mais Arashi n'était rien d'une héroine, et elle devait se fondre dans la masse si elle voulait reconstruire sa vie.
Serrant contre elle la boite contenant la lentille, elle exprima sa gratitude d'être en vie et pour cette seconde chance qui lui était offerte. Soudain, sa tante toqua à la porte de sa chambre.
- Oui ?
La porte s'ouvrit sur sa tante, l'expression douce et rassurante.
- Mon ami Hizashi vient de me téléphoner, Shota sort de l'hopital !
- Shota ?
- Tu sais ? Mon collègue de UA qui était au SCA. C'était lui que j'étais allée voir lorsque tu t'es réveillée. Celui qui déteste autant nos joggings roses que toi.
- Oh, oui ça me revient...
Arashi avait l'esprit ailleurs. Cet ami de Midnight était au SCA lorsque l'Alliance, et sa mère, avait attaqué les élèves de UA, et il avait été blessé au point de finir à l'hopital. D'après l'expression de soulagement qu'elle lisait dans les yeux de sa tante, son état était suffisamment facheux pour que sa sortie si tôt après l'attaque soit attendue. Même si Arashi n'y était pour rien, elle ne pouvait s'empecher d'éprouver une certaine culpabilité.
- Alors... ça ne te dérange pas ?
La jeune femme retrouva les pieds sur terre.
- Quoi donc ?
- Je viens de te le dire... J'ai invité Hizashi et Shota pour diner à la maison ce soir, ils seront la dans une petite demi-heure.
- Oh... non non pas du tout, pourquoi cela me dérangerait, je ne suis pas chez moi.
- Bien sur que si tu es chez toi ! Tu as un droit de regard sur les personnes que je fais venir ici, à mon plus grand déplaisir.
Nemuri lui fit un clin d'oeil espiègle, ce qui arracha un sourire à sa nièce.
- Plus sérieusement, je ne veux pas t'imposer quoi que ce soit, tu dois surtout avoir envie de te reposer. Tu n'es pas obligée de te joindre à nous si tu ne t'en sens pas prête, et je peux te faire a diner en avance si tu veux ? Ou même te faire livrer ce qui te fera envie ?
- Non non, ça ira ne t'inquiète pas. Et puis, ca me donnera l'occasion d'étreiner ma lentille et le fond de teint que tu m'as offert.
Arashi lui adressa un nouveau sourire, mais sa tante secoua la tête.
- Je maintiens que tu es très bien au naturel, mais c'est toi qui voit.

*incapacité de l'oeil à voir les couleurs

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