It could be love (1)

65 13 8
                                    

Je suis arrivée dans la salle de bain, loin des voix de mes Oncles et de mes parents. Enfin seule. J'avais besoin d'être seule. Lorsque j'ai voulu refermer la porte, quelqu'un que je n'avais pas vu se glisser derrière moi s'est interposé en y glissant son pied. J'ai essayé de forcer un peu la fermeture mais une voix blasée a protesté :

— Aïe. Tu me fais mal. Aïe.

— Je... j'ai besoin d'être seule, là, Raven.

— Moi aussi, il m'est arrivé d'avoir besoin d'être seul. Trop souvent. Et une petite idiote a décidé de m'en empêcher.

— Raven ! Zut !

Il est plutôt costaud, pour sa petite taille ! Il m'a bousculée, est entré à ma suite malgré mon opposition et a refermé la porte avant de s'y adosser, bras croisés. Il m'a regardée longuement mais je n'ai pas baissé les yeux, tentant de le foudroyer du regard. Il a incliné la tête sur le côté, a soupiré. Et puis il a lâché la bombe :

— Bon. Tu es amoureuse de Ove.

Ça a été un déferlement, un tsunami. Une grosse baffe en pleine tête. Comment pouvait-il savoir ?! Rien n'avait changé entre Ove et moi. J'avais fait tellement attention ! J'ai reculé d'un pas, sonnée, et ai répondu :

— Non !

— À vrai dire, ça n'était pas une question.

— Eh bien sors-toi cette idée de la tête : c'est entièrement faux.

— Alors dois-je t'annoncer moi-même la grande nouvelle ? s'est étonné le jeune homme d'un ton faussement réjoui. Tu l'aimes. C'est un fait évident.

— Pfff... Je... Même si c'était le cas, je n'aurais pas le droit de le dire ! Ça déclencherait des cataclysmes, paraît-il !

— Tu as des larmes dans la voix lorsque tu dis ça. Preuve concrète de ce que j'avance.

— Arrête ! Tu es... tu es...

— Immonde ? Affreux ? Méchant ? a ricané Raven en marchant sur moi.

Il y avait quelque chose de changé dans son ton et dans ses mouvements. Comme s'il bouillonnait de colère. Comme s'il s'apprêtait à se battre. La résurgence d'un Raven que je n'avais jamais connu. Je me suis même demandé un instant s'il ne s'agissait pas d'un minion, un de ces démons à la solde de Eva. Sur le qui-vive, j'ai tenté d'abaisser mon rythme respiratoire.

— Qu'est-ce qui te prend ? l'ai-je interrogé avec la prudence requise.

Ce disant, je lui ai saisi fermement le poignet. Il s'est dégagé, agacé, sans afficher le moindre signe de douleur. Comme j'avais pu remarquer que les minions étaient sensibles à mon toucher – ça a l'air de les brûler –, j'ai été rassurée sur la nature réelle du jeune homme.

Pas sur ses intentions.

— Notre existence est entre tes mains, petite écervelée, a-t-il alors sifflé. Ça n'est pas le moment de batifoler avec qui que ce soit. D'ailleurs, crois-moi, tu n'es pas faite pour lui, ni lui pour toi. Tu te compromettrais gravement et tu te ridiculiserais. Par ailleurs, tu es déjà ridicule d'éprouver de tels sentiments envers l...

Furieuse, ulcérée par ses déclarations – aussi gratuites que violentes ou inattendues – et le jugement altéré par la fatigue, je l'ai giflé. Ouiiiiiii, je sais, je me suis fait avoir dans les grandes largeurs. Mais que voulez-vous, personne n'est parfait et surtout pas moi. La gifle que j'ai donnée à Raven a été heureusement atténuée par le manque d'espace qui a réduit mon élan. Je n'ai ressenti aucune once de regret, lorsque je l'ai vu se pencher en avant sous le choc. Le poing serré, haletante, je l'ai pointé du doigt, crachant :

— Ne te permets plus jamais de me dire ce que je dois faire.

Et c'est là que je l'ai entendu émettre ce petit rire discret, rire que je n'avais eu le privilège d'entendre qu'une fois auparavant. Il a relevé la tête, moqueur, un brin de soulagement dans la voix :

— Alors ce n'était que cela ?

J'ai reculé jusqu'au lavabo, abasourdie. Un demi-sourire flottait sur ses lèvres :

— J'ai craint un moment qu'il ne se soit passé une chose plus grave, bien plus grave. Tu n'étais plus vraiment la même depuis l'attaque de ce minion chez Hiddles. Je croyais que tu nous cachais... que sais-je ? Une chose que ce monstre t'aurait dite ou... faite...

Il a frissonné et a passé la main sur sa joue endolorie.

— Ove a raison, tu n'y vas pas de main morte lorsque tu frappes. Sawyer risque d'avoir de drôles de surprises durant ton entraînement. Retournons dans la salle à manger, ils vont commencer à s'inquiéter.

— Attends.

J'avais versé un peu d'eau sur une serviette.

— Tu as la joue rouge.

— Eh bien je lancerai avec Ove la même mode que celle que madame de Montespan avait...

— Raven, tiens. J'insiste.

Il a haussé les sourcils et a passé sous silence la fin de son anecdote du dix-huitième siècle.

— Merci, a-t-il fait en se massant la pommette.

— Je suis dé...

— Épargne ta salive.

Il était redevenu lui-même.

*

Alooooors ?  Qu'en pensez-vous so far ??????????

J'avoue que j'avais complètement occulté les publis des chapitres de cette histoire, étant neck deep dans les derniers préparatifs (je fais tout à la dernière minute) de la publi du tome 4 de Vampire Consultant... Je stresse de fou, même si mon alpha-lectrice a été rassurante, parce que j'ai fait des choix qui ne sont pas forcément "populaires" en ce qui concerne ce qui "marche" dans la littérature de nos jours. Bref. 

Je vous poste la suite au plus vite ! 

Merci pour votre lecture !

Sea <3

L'Escorte 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant