I hate myself (for loving you)

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Je me suis réveillée dans mon lit, tout simplement. On m'avait ôté mon short et mon t-shirt, ce qui fait que j'étais toujours en maillot de bain. Ove n'était pas à côté de moi, ce qui m'a perturbée, parce qu'il faisait encore nuit. D'ailleurs, aucun autre Oncle ne se trouvait dans la chambre. J'avais très mal à la tête, la langue en gelée et une douleur sourde montait de mon nez. J'y ai aussitôt porté la main. Mal m'en a pris : j'ai reçu comme une décharge le long de l'épine nasale. Mais j'avais eu le temps de sentir une masse dure et métallique qui pendouillait, accrochée au septum.

— Merde. Ooooooh, punaise...

Le son de ma voix avait ouvert les portes de l'Enfer : j'avais une gueule de bois de tous les diables. Soudain, la porte de la chambre s'est ouverte. Mes muscles se sont automatiquement contractés, mais j'ai reconnu la silhouette de Sawyer.

— Chut ! m'a-t-il aussitôt intimé. Il s'est passé quelque chose de grave, tu dois fuir, vite !

— Que... quoi... ? ai-je gémi.

Ce n'était vraiment pas le moment de me brusquer, mais l'Irlandais n'a pas respecté cette règle logique.

— Chut ! Tais-toi, je t'ai dit ! Ils sont revenus !

— Ils... Qui ça, ils ?

— Tu dois fuir, a-t-il répété, nerveusement, me tirant à travers la maison déserte. Je vais essayer de les prendre à revers mais ils sont trop nombreux. Trop puissants.

— Saw, je suis vraiment malade, je...

Une brusque traction m'a forcée à me retourner. La nausée qui semblait n'exister que dans un coin reculé de mon corps m'a aussitôt submergée. Mais Sawyer ne m'a pas laissé le temps d'en placer une :

— Tu as vraiment eu un comportement lamentable ! Depuis quand te permets-tu de te laisser biturer par une bande d'idiots ! Ça se sentait à dix lieues qu'ils voulaient te soûler ! Quelle sotte, vraiment ! Qu'est-ce que je t'ai appris ?!

Cette dernière phrase et le ton de voix m'ont fait comprendre que l'heure était grave, et que je devais me concentrer. Il était redevenu le Maître. Je me suis tue tout en essayant d'ignorer toutes les fibres de mon corps qui me réclamaient SOIT de vomir mes tripes sur les pieds de l'Irlandais, SOIT de me recoucher en espérant tomber sur un pain de glace sur lequel poser ma tête dans le lit.

— Écoute-moi bien, petite. Tu vas courir dans cette direction. Tu vas probablement devoir te battre, je compte sur toi pour ne pas te disperser. On se donne rendez-vous au carrefour avec la croix en pierre, à deux kilomètres en contrebas. Compris ?

J'ai hoché la tête. J'avais mal partout et vous pouvez me croire sur parole : une gueule de bois pareille, c'est bien plus douloureux que lorsque c'était le Vétéran qui me frappait. Et en plus, je devrais me taper la honte de ma vie si je survivais à cette nuit. Je m'en suis voulu d'avoir suivi le groupe comme un mouton. Bien sûr que mes Oncles étaient habitués à boire. Bien sûr que je ne l'étais pas.

— Tu es prête, gamine ?

— Mais... et mes parents ?

— Laisse-moi les mettre à l'abri, c'est après toi qu'ils en ont, pas après eux. Plus tu seras loin, plus ils seront en sécurité. Maintenant...

— Attends, je dois m'habiller, je...

— Pas le temps. Allez.

— Mais je suis à moitié à poils, Sawyer !

— Tu veux aussi une aspirine et un massage de pieds ?! Pas. Le. Temps !

Je suis donc sortie de la maison dans un splendide maillot de bains deux pièces aux motifs d'inspiration vaguement hawaïenne et chaussée de baskets délacées dans lesquelles j'avais tout de même réussi à sauter. J'ignorais si mes ennemis pouvaient me voir mais je me suis dit que si c'était le cas, ils devaient bien rigoler.

L'Escorte 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant