CHAPITRE TROIS

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J'ai l'impression de ne jamais avoir été aussi stressé de ma vie. L'angoisse qui me noue l'estomac est extrêmement douloureuse.

Helen m'a abandonné, elle s'est enfuie avec ses filles après m'avoir dit que William était dans le jardin à l'arrière de la maison.

Je suis autant impatient que terrorisé à l'idée de le rejoindre.

Alors je prends quand même quelques minutes pour essayer de remettre un peu d'ordre dans mes pensées, de contrôler mon stress et ma panique.

Après douze ans d'attente, je vais officiellement rencontrer mon fils. Cette attente que j'ai moi-même créée, en pensant qu'elle ne s'arrêterait jamais.

J'inspire profondément avant d'ouvrir la porte fenêtre qui donne sur le jardin. William est dans le fond du terrain, jouant avec un ballon de foot. J'imagine qu'il s'occupe car il stresse autant que moi... ou il m'en veut énormément et essaye de se canaliser. Sa colère est légitime, il aurait parfaitement le droit de l'être... je serais mal placé pour lui en vouloir.

Je descends les quelques marches de la terrasse pour le rejoindre. Le jeune pré-ado s'arrête de jouer lorsque je m'arrête à quelques pas de lui, mais garde le regard baissé sur son ballon. Mes mains tremblent alors que je les plonge dans les poches de ma veste.

Il faut que je me lance. C'est à moi de faire ce pas vers lui.

- Bonjour, William, je murmure maladroitement, mon cœur prêt à exploser.

- Will, il souffle. Je préfère Will.

- D'accord, Will, je souris aussitôt. Je suis Louis.

- Je sais.

J'acquiesce doucement, ne perdant pas mon sourire alors que je continue d'avancer vers lui.

- Tu vas avoir douze ans, c'est ça ?

- Oui, le vingt-quatre novembre.

- Tu le fêtes avec tes copains ?

Il hoche la tête, évitant toujours de me regarder alors que son pied joue nerveusement avec le ballon.

- Mais le lendemain, maman prépare un repas pour toute la famille... Tu peux venir, si tu en as envie.

Le ballon lui échappe et je fais un pas pour l'intercepter.

- C'est pour ça que tu m'as envoyé l'invitation ? Tu voulais que je vienne à ton anniversaire ?

Will secoue ses épaules et récupère le ballon que je lui renvoie. Je le vois hésiter, mais finalement il me refait une passe.

- T'as des enfants ? il demande tout bas.

- Oui, deux garçons. Tyler a dix ans et Milo deux ans et demi.

- Que des garçons... Ici, j'ai que des sœurs.

Nos regards se croisent brièvement lorsqu'il prononce ces mots et mon cœur s'emballe encore. C'est fou ce regard si expressif et cette nuance de bleu similaire à la mienne. Notre contact visuel ne dure que quelques secondes, comme s'il voulait juger ma réaction. Le fait qu'il compare nos deux familles me fait très bizarre... mais ça me plaît aussi. Ça veut dire qu'il se projette un peu, non ?

- Moi aussi, je n'ai que des sœurs, je lui avoue. J'en ai cinq, mais il y en a une que je n'ai jamais rencontré.

- Pourquoi ?

Je me mords l'intérieur de la joue, cherchant comment formuler ma réponse.

- Elle est... C'est la fille de mon père biologique, et on ne se fréquente pas.

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