Sea of Love

CHAPITRE DEUX

Le cœur battant bien trop vite, j'observe cette petite maison où m'a mené le GPS. L'adresse était indiquée sur le carton d'invitation et après deux jours d'hésitation, je me suis décidé à y aller, sans vraiment savoir ce que j'allais faire.

Ça fait une bonne vingtaine de minutes que je suis garé dans la rue, que j'observe ce quartier typiquement anglais, cette maison aux briques rouges et aux fenêtres blanches. Le genre de maison où j'ai aussi passé mon enfance.

Je n'arrive pas à me sortir de la tête l'image hypothétique de mon fils biologique. Je l'imagine grandir ici, derrière ces murs. Tous ces moments que j'ai loupé et que je ne pourrais jamais rattraper.

Je souffle et laisse tomber ma tête en arrière. J'avale difficilement ma salive, essayant de me décider. Je sais très bien que si je descends, je prends le risque de faire entrer William dans ma vie. Il doit probablement être en colère contre moi et je le mérite... Mais cette colère je vais devoir y faire fasse. Je sais aussi que je vais le regretter si je rentre chez moi.

J'ai besoin de le voir.

Renoncer à cet enfant a été la décision la plus difficile de ma vie... Si je fais à nouveau cette erreur je pense que je ne m'en remettrai pas. Surtout avec ce que je sais sur lui maintenant.

William va avoir douze ans, il est né le 24 novembre 2010.

Je ne me souviens pas de ce que je faisais ce jour-là, ni cette semaine là... C'était une période très compliquée pour moi, on faisait la tournée européenne, entre deux concerts je m'étais plongé dans l'écriture du prochain album... et dans l'alcool. Ce dernier m'a partiellement aidé à faire taire la voix dans ma tête qui venait inlassablement me rappeler que j'avais fait la pire connerie de ma vie.

- Putain, stop, je souffle en prenant mon visage entre mes mains.

Je renifle en essuyant mes yeux. Allez c'est bon. J'y vais.

Je récupère l'invitation posée sur le siège passager avant d'ouvrir la portière et descendre. J'essaye de ne pas trop réfléchir, alors je verrouille la voiture sans vraiment m'en rendre compte, tout en me dirigeant vers la maison.

Je remonte rapidement la petite allée, le souffle un peu court et le cœur prêt à exploser.

J'appuie sur la sonnette et ce son résonne en moi. J'ai les mains moites et des sueurs froides... J'entends qu'on déverrouille la porte et mon cœur s'arrête, me préparant à voir... N'importe qui. Qui que ce soit derrière, je sais que... Helen. Nos regards se croisent et je vois ses yeux s'écarquiller avant qu'elle ne papillonne un peu des paupières.

- Louis ? elle souffle. Mais qu'est-ce que...

Sa voix s'éteint lorsque je lève le bras pour lui montrer l'enveloppe.

- J'ai reçu ça en début de semaine.

Elle fronce les sourcils en la prenant pour regarder l'invitation qu'elle semble déjà avoir reconnue.

- Je te jure que je n'ai rien envoyé. On avait un accord, et...

- Je ne suis pas... On s'en fout de l'accord, je craque. Est-ce qu'on peut discuter ?

Mon ex petite-amie m'observe, visiblement aussi chamboulée que moi.

- Bien sûr... Entre.

Elle se décale pour me laisser entrer chez elle. Mon rythme cardiaque ne se calme pas alors que j'avance d'un pas. Mon regard passe un peu partout le plus discrètement possible. Un meuble à chaussures qui semble rempli de bottines et de baskets de différentes tailles prend une bonne partie de la place dans l'entrée. Je remarque aussi un porte-manteau plein à craquer. Dans la cuisine ouverte, je vois aussitôt les nombreux bols colorés près de l'évier.