CHAPITRE SEPT

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Je pose les photos sur la commode et ramasse les bouts de verres et de cadres brisés. Je ne sais pas si je peux remettre mes affaires à leurs places ou non, mais je peux au moins ranger tout ce bazar.

Mon portable vibre dans la poche de mon slim et je jette le verre dans la poubelle de la salle de bain avant de le récupérer. Un très léger sourire étire mes lèvres en voyant que c'est un message de Will et je l'ouvre aussitôt.

"Tu lui as dit ?"

"Oui, Harry est au courant."

Les trois petits points apparaissent en bas de l'écran, je vois qu'il écrit mais se ravise et arrête. Je pense que je vais laisser le temps à mon mari de bien encaisser la nouvelle avant d'expliquer à Will comment ça s'est passé.

Je range mon portable et avance vers la chambre de Milo, espérant que notre dispute n'ait pas perturbé sa sieste... mais il n'est pas dans son lit. Je reste figé sur le seuil pendant quelques secondes, mais redescend aussitôt pour rejoindre Harry sur la terrasse.

- Où est Milo ? je demande, à peine la porte ouverte.

- Avec ma mère, murmure mon mari, la voix un peu rauque. Je lui ai déposé avant de rentrer, je ne voulais pas qu'il... Enfin c'était mieux qu'il soit chez elle.

Il est assis sur une des chaises longues de la terrasse, dos à moi. J'hésite, mais finis par m'asseoir sur celle à côté de lui. Il arrête brièvement de jouer nerveusement avec ses doigts pour essuyer ses joues humides, essayant de me cacher qu'il a pleuré. J'ai mal au cœur de le voir comme ça... surtout que c'est à cause de moi.

- En dix ans, tu n'as pas trouvé une seconde pour me parler de cette histoire...

- Je n'ai jamais réussi... J'avais trop honte. Tu crois que c'était facile pour moi d'avouer ce que j'avais fait ?

- Tu sais que je ne t'aurais pas demandé de détail... j'aurais juste aimé savoir que Tyler n'était pas ton premier enfant. Je suis ton mari, je...

Sa voix s'étrangle dans sa gorge alors qu'il tourne la tête pour éviter mon regard et me cacher à nouveau ses larmes.

- Ce qui me fait le plus mal dans tout ça, c'est que si tu as réussi à me cacher que tu avais déjà un enfant pendant dix ans... Qu'est-ce que tu me caches d'autre ?

J'aurais dû m'attendre à cette réaction, à ses inquiétudes... Je me penche vers mon mari pour prendre sa main et entrelacer délicatement nos doigts.

- T'as les mains gelées, je soupire en baissant les yeux sur elles. On rentre.

Je me lève mais il me retient aussitôt en tirant un de mes poignets et je remarque le sang qui couvre mes doigts.

- Qu'est-ce que tu as fait ?

- J'ai ramassé les cadres. C'est rien, ça va.

Les coupures ne sont pas profondes, en fait je ne sentais rien jusqu'à maintenant. Harry se lève et on retourne dans la maison. Alors que j'allais lui prendre un plaid sur le canapé, il m'incite à le suivre jusque dans la cuisine, où il prend la petite boîte à pharmacie.

Je le laisse désinfecter mes plaies, appréciant qu'il veuille quand même prendre soin de moi, même s'il est énervé et que ce bobo est superficiel. J'observe ses doigts si délicats soigner les micro-coupures, tombant un peu plus amoureux de lui.

Mais lorsque je relève les yeux sur son visage, je sais que je ne dois pas prendre ce geste comme l'acceptation de mon mensonge.

- Il n'y a rien d'autre. Je ne t'ai jamais rien caché d'autre en dix ans. Tu sais tout de moi, je murmure en levant la main pour effleurer son menton et l'inciter à me regarder. Je t'ai caché la pire chose que j'ai jamais faite parce que j'avais peur de ta réaction, que ton regard sur moi change... et parce que c'était plus simple pour moi de faire comme si ce n'était jamais arrivé.

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