chapitre 11 : la dernière marche

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Ils quittèrent Minas Tirith en milieu d'après-midi.

Elanor chevauchait à côté de Legolas et Gimli, à la tête du cortège de l'armée des hommes et des elfes. Nahar n'étant plus de ce monde, on lui avait gracieusement prêtée un cheval pour la chevauchée. Merry avait suffisamment retrouvé de forces pour venir avec eux, et il montait derrière Eomer, qui avait accepté de le prendre avec lui. Pippin s'était également joint à la compagnie et était avec Gandalf.

Le voyage jusqu'à Osgiliath se fit en silence, et ils repartirent le lendemain matin avec les troupes d'Angbor en direction de la porte noire. Aragorn ne s'était pas retourné une seule fois depuis qu'ils avaient passés les portes de Minas Tirith. Il avait une lueur déterminée dans le regard qui incitait tous les hommes à suivre ses pas.

Estel.

Ce nom elfique qu'Elrond lui avait donné et qui signifiait « espoir » prenait à présent tout son sens, songea Elanor. Elle s'en rendit à la façon dont les hommes avaient de le suivre et de le regarder. Beaucoup étaient terrifiés à l'idée de marcher vers le Mordor, et Elanor sentait elle-même se jambes trembler tandis qu'ils s'en rapprochaient de jour en jour.

Pour se donner du courage, elle tournait parfois son regard vers ses amis, et il suffisait d'un regard de Legolas pour qu'elle se sente à nouveau sereine. Ils n'avaient pas besoin de se parler pour exprimer leur appréhension et leurs sentiments. D'un commun accord, ils restèrent l'un à côté de l'autre, chevauchant silencieusement.

- Vous semblez êtres devenus proches.

Elanor tourna vivement la tête vers Glorfindel, qui avait approché son cheval blanc Asfaloth du sien. Son chuchotement était assez bas pour que personne ne l'entende, mais Elanor était sûre que Legolas avait entendu. Glorfindel la regarda avec un sourcil haussé, visiblement très amusé.

- Pardonnes-moi, je ne veux pas paraître indiscret... mais est-ce qu'il y a quelque chose entre toi et le prince Legolas ?

Elanor rosit, et détourna le regard en pinçant les lèvres. Glorfindel comprit immédiatement le message, et n'eut pas besoin de demander de réponse. Un sourire flotta sur son visage, et il se tut. Lorsqu'elle sut que la rougeur sur ses joues avait disparues, Elanor se racla la gorge.

- Combien de temps nous faut-il pour atteindre la porte noire ? demanda-t-elle.

- Six jours si nous sommes chanceux, répondit Glorfindel comme si de rien n'était. Mais beaucoup des hommes sont à pied, donc je pense qu'il nous en faudra sept.

Ils mirent en effet une semaine pour atteindre le Mordor. Au bout du cinquième jour, ils passèrent le col de Cirith Gorg, et c'est alors qu'ils purent distinguer les immenses étendues d'eau marécageuses qui s'étendaient jusqu'à l'Emyn Muil. Cet endroit était si désolé et sinistre, qu'Elanor sentit son moral tomber brusquement. Beaucoup d'homme voulurent alors faire demi-tour, mais Aragorn réussit à les convaincre de continuer.

- Une grande bataille eut jadis lieu ici, déclara Legolas en voyant le regard d'Elanor, qui s'attardait à observer la brume inquiétante flottant au-dessus de l'eau.

- Une bataille ? demanda-t-elle, interrogative.

- Celle de la dernière alliance des hommes, des elfes et des nains, répondit Legolas. C'est ici qu'Isildur a arraché l'anneau à Sauron.

Elanor contempla à nouveau les marais. Rien n'aurait pu laisser penser que cette bataille ait pu prendre place à cet endroit. Le terrain ne paraissait pas propice à un quelconque combat.

- On le surnomme les marais des morts, déclara Gimli.

- Ces marais... ils ont toujours été là ? demanda Elanor.

- Autrefois c'était une terre sèche et aride, répondit Legolas. Mais trois milles ans ont passés depuis.

- On dit que les morts hantent les eaux, enchaina Gimli. Cette terre est maudite.

Elanor se rappela soudain avoir entendu des histoires similaires, lorsqu'elle vivait encore en Eriador, d'un pays marécageux impraticable qui était aussi dangereux que nauséabond. Certains baroudeurs avaient dit qu'ils n'y mettraient jamais les pieds, ayant entendus des histoires effrayantes de petites lumières blanches qui brillaient dans l'eau et les attiraient dans les profondeurs.

- Mais ces morts qui hantent les marais... alors ce sont des orques, des hommes, des nains et des...

- ... des elfes, oui, termina Legolas.

Elanor tourna la tête pour le regarder. Il semblait troublé.

- Mon grand-père est mort ici, dit-il soudain.

Gimli et Elanor le regardèrent avec surprise, ne s'attendant pas à cet aveu.

- Tu veux dire... qu'il est parmi eux ? Dans les marais ?

- Je ne sais pas, répondit Legolas. Mon père ne m'a jamais dit s'il avait ramené son corps. Mais il n'y a jamais eu de tombe là où j'habite.

Il paraissait soudain incertain sur le fil de ses pensées, comme s'il essayait de se rappeler de lointains souvenirs qu'il aurait pu oublier. Il tomba alors dans le silence, et ils n'osèrent le déranger de son mutisme.

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant