chapitre 31 : La Forêt Noire

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Plus ils s'enfonçaient dans les bois, et plus les arbres devinrent sombres et sinistres. Ils étaient à présent si grands que le soleil ne parvenait pas à percer à travers leur feuillage, et la lumière diffusée sous les arbres permettait tout juste à Elanor et à Legolas de guider leurs chevaux sur le chemin. 

L'acuité visuelle de l'elfe était heureusement un avantage certain.

Au bout d'un moment, Elanor vit avec inquiétude des toiles d'araignées apparaître au-dessus de leurs têtes. Certaines s'étendaient sur plusieurs diamètres de long, et elle essaya de ne pas penser à la taille que devaient avoir les créatures qui les avaient tissées. 

Les histoires de Bilbo à ce sujet lui donnaient d'ailleurs la chair de poule.

Il semblait que les toiles étaient abandonnées... mais peut-être était-ce une ruse de ces araignées géantes.

- Combien de temps nous faudra-t-il pour atteindre l'autre côté ? demanda Elanor à Legolas.

- Une semaine. Peut-être plus, répondit celui-ci.

Une fine pellicule de poussière flottait dans l'air, et au fil que les heures passaient, elle se sentit de plus en plus nauséeuse, tout comme Gimli.

- Mon père m'a raconté de drôles de choses sur l'air de cette forêt. Thorin et son groupe ont passés des semaines à tourner en rond ici, s'exclama-t-il.

L'air était lourd, et Elanor avait également l'impression de ne plus avoir de repères. Son esprit divaguait déjà depuis quelques minutes, et elle s'était demandée plusieurs fois si elle n'avait pas déjà vu le même arbre.

- Oui, je me souviens très bien lorsque nous les avons trouvés, répondit Legolas. Ils étaient si bruyants qu'ils ont réveillé la moitié de la forêt. Et ils ont également perturbés notre diner.

Gimli marmonna dans sa barbe. Alors que ses deux amis se chamaillaient gentiment, Elanor fixa son regard sur les toiles, anxieuse.

- Il n'y a rien.

Elanor tourna la tête, surprise, et vit que Legolas s'était retourné vers elle.

- Les araignées ne se trouvent plus ici. Tu ne crains rien, continua-t-il.

L'elfe s'était aperçu de son malaise, et il lui adressa un sourire rassurant. Elanor acquiesça, et lui sourit, un peu plus détendue.

- J'ai l'impression de ne pas me sentir en sécurité, se confia-t-elle. Est-ce que ça a toujours été comme ça dans la forêt ?

- Non, pas toujours, répondit Legolas. Cela a commencé lorsque Sauron a envahi le Sud de la forêt, et qu'il a érigé Dol Guldur. Autrefois cet endroit respirait de vie, et il y avait de nombreux animaux qui vivaient ici. Les arbres nous parlaient, et nous pouvions monter sur leurs branches pour regarder les étoiles la nuit.

Gimli émit un bruit dédaigneux, mais il se garda d'exprimer à quel point il trouvait toutes ces idées saugrenues. Legolas se retourna, et ils poursuivirent le voyage en silence.

OOO

Pendant plusieurs jours, ils parcoururent le sentier, se fiant uniquement à Legolas pour les guider. Mais alors qu'ils dépassaient les monts de l'Emyn-nu-ruin, l'aspect de la forêt changea peu à peu, et prit soudain une apparence brutalement différente.

- Que s'est-il passé ici ? s'exclama Legolas, horrifié.

Devant eux se trouvait une plaine désolée, ravagée par le feu.

La forêt avait disparue, remplacée par une grande plaine sur laquelle il ne restait que des souches noircies, et un sol tapissé d'une couche épaisse de cendres.

Le soleil pouvait à présent pénétrer dans la forêt, et ils se rendirent compte que l'incendie avait ravagé la Forêt Noire sur de nombreux kilomètres devant eux.

- Je ne reconnais plus rien, reprit Legolas, désemparé. Les arbres... tout a disparu.

L'elfe fixait avec effarement ce qui se trouvait devant lui, et ses deux amis ressentirent en même temps un élan de compassion envers lui.

- Un méfait des orques, certainement, commenta Gimli.

Il était toutefois ravi intérieurement de retrouver un peu de lumière.

- Les arbres repousseront, dit Elanor. Il faudra du temps, mais la forêt reprendra ses droits.

- Certains arbres avaient plus de trois milles ans ! s'exclama Legolas, profondément heurté. Non, c'est irréparable...

L'elfe murmura quelques prières en elfique. Gimli roula des yeux derrière lui, et Elanor dut se retenir pour ne pas lui lancer un regard noir.

- Continuons, s'exclama Gimli. Cet endroit me donne la chair de poule.

Legolas et Elanor approuvèrent, et ils s'avancèrent sur le chemin conduisant vers le Nord. Quelques heures plus tard, ils parvinrent finalement à regagner le couvert des arbres, et c'est un peu soulagé qu'ils laissèrent la terre désolée derrière eux.

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant