chapitre 35 : désillusion

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Gimli attendait patiemment dehors, assis sur la souche d'un arbre et occupé à nettoyer sa hache, lorsqu'il vit Legolas et Elanor sortir de la caverne.

- Ah, vous voilà ! s'exclama-t-il soulagé. Alors vais-je pouvoir entrer ? Ou est-ce que les elfes vont me laisser dormir dehors ?

Il se releva, et termina sa phrase par un rire gras, qui mourut aussitôt sur ses lèvres.

- Oh.

Il vit alors le visage de ses deux amis. Legolas avait les traits déformés par la colère, et celui d'Elanor était un torrent de larmes. L'elfe tirait la jeune fille vers la sortie, tenant étroitement sa main serrée dans la sienne.

Gimli comprit immédiatement que quelque chose s'était produit.

- Par Durin, que s'est-il passé ? murmura-t-il, déconcerté.

Legolas ne lui répondit pas, et fila vers Arod. Il lâcha alors la main d'Elanor, et celle-ci resta plantée immobile à l'endroit où il l'avait abandonné, amorphe. Gimli observa pendant quelques secondes l'elfe dénouer la corde des deux chevaux, avant de se rendre compte de ce qu'il faisait.

- Nous partons ? demanda-t-il, surprit.

- Oui.

Legolas prit les deux chevaux par la bride, et les amena vers eux.

- Désolé Gimli, il va falloir reporter notre visite des cavernes, reprit-il. Le roi a décidé que nous n'avions rien à faire sur ses terres.

Son expression se durcit lorsqu'il énonça son père, et cela fit comprendre à Gimli l'origine du problème.

- Ah.

Il tenta un coup d'œil en direction d'Elanor, et vit que celle-ci commençait à essuyer les larmes sur ses joues. Alors que Legolas ajustait les lanières de la selle d'Arod, Gimli s'approcha de son amie, et posa une main timide sur son bras.

Elanor parut soudain se rendre compte de sa présence, et étonnée, baissa les yeux pour le regarder. Le sourire qui se dessina sur ses lèvres voulait rassurer le nain, mais il était en vérité triste et morne... Gimli voulut dire quelque chose, mais il resta impuissant face à la situation. Malgré son jeune âge, Elanor n'avait jamais montré ses faiblesses durant leur périple, et c'était la première fois qu'il la voyait pleurer. Il en avait oublié parfois qu'elle n'était encore qu'une très jeune fille... Gimli aurait voulu trouver les mots pour la consoler, mais il n'était pas particulièrement doué avec la gente féminine, ni assez à l'aise.

Il tapota donc doucement le bras d'Elanor plusieurs fois, avant de le retirer et de regarder ailleurs pudiquement.

- Où allons-nous ? demanda-t-il à Legolas.

L'elfe se retourna et se figea.

- Où veux-tu aller ?

Gimli s'appuya sur sa hache, et un nom lui vint tout de suite en tête

- Nous pourrions aller à Erebor, dit-il avec hésitation. Ma famille nous accueillerait certainement.

Il avait presque peur que Legolas refuse catégoriquement, mais ce dernier acquiesça.

- Alors c'est décidé. Nous partons maintenant.

Legolas posa une main sur son épaule pour le remercier, et il s'approcha ensuite d'Elanor pour la conduire à son cheval. Il s'arrêta devant elle, et remarqua alors ses joues mouillés par les larmes. Bouleversé, l'elfe écarquilla les yeux et les essuya doucement avec son pouce.

- Elanor... ne pleures pas...

Elanor tourna la tête, essayant de dissimuler son visage rougi et bouffi. Elle devait offrir un bien triste spectacle.

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant