chapitre 15 : désespoir

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L'aile de l'immense oiseau le frôla, et Legolas fut obligé de se plaquer brusquement sur le sol pour l'éviter. Un cri strident retentit à quelques mètres de lui, et il sentit son sang se glacer d'effroi en le reconnaissant.

Legolas leva la tête, et vit avec horreur le Nazgul emporter Elanor. Les spectres de l'anneau poussèrent des sifflements stridents, et abandonnèrent les deux elfes pour le suivre.

Sans perdre une seconde, Legolas bondit sur ses pieds, et décocha vigoureusement une flèche en direction du Nazgul.

La flèche fila droit sur le spectre, et le traversa.

Impuissant, Legolas baissa les bras et les regarda s'envoler au loin, les yeux écarquillés de stupeur et de peur.

- Legolas !

Glorfindel courut dans sa direction. Echevelé, il avait la même expression d'effarement sur le visage. Legolas se mit soudain en éveil.

- Nous devons les suivre ! s'exclama-t-il.

N'attendant pas la réponse de Glorfindel, il s'élança dans la mêlée et courut vers les Nazguls. Il ne sut si l'elfe l'avait suivi.

Legolas tua froidement les orques qui se trouvaient en travers de son chemin, déterminé à se frayer un chemin qui pourrait le rapprocher d'Elanor. Les serviteurs de l'anneau avaient repris de l'altitude, et survolaient à présent les lignes ennemies qui appartenaient au Mordor. Ils étaient loin devant, ayant parcouru une centaine de mètres en quelques secondes, et semblaient hors de portée.

Mais Legolas ne voulait pas abandonner. Avec une assurance décuplée, et une précision mortelle, il se fraya un passage parmi les combattants, regardant de temps à autre où les Nazguls se trouvaient.

Lorsqu'il eut tué un orque, il fut gagné par la panique lorsqu'il releva la tête, et se rendit compte qu'ils avaient disparus. Pétrifié, il s'immobilisa au milieu du champ de bataille.

- Legolas !

La voix de Gimli le tira de sa paralysie, et il se tourna vers le nain qui était à quelques mètres de lui.

- Qu'est-ce que vous faites ? Allons, ne restez pas planté là ! Vous allez vous faire couper la tête !

Legolas para juste à temps l'épée d'un Uruk-Hai particulièrement grand. A l'aide de son arc, il le désarma, et lui enfonça une flèche dans le cœur.

- Ils l'ont prise Gimli! s'écria-t-il.

Le nain acheva de tuer un orque avec sa hache, et lui lança un regard confus.

- Quoi ?

- Les Nazguls ! Ils ont pris Elanor ! répéta Legolas.

Son cri ressemblait presque à un hurlement. Gimli ouvrit la bouche, mais avant qu'il ne put dire quelque chose un orque se jeta sur lui et l'en empêcha. Il esquiva le coup d'épée qui lui frôla la tête, et planta sa hache dans le ventre du monstre avec colère.

- Vous plaisantez ?! s'exclama t-il.

Aragorn qui se trouvait non loin, s'était retourné en entendant ce qu'avait dit Legolas. Son visage affichait une expression de surprise mêlée d'inquiétude.

- Où sont-ils ? demanda-t-il.

- Je ne sais pas, répondit Legolas. J'ai perdu leur trace ! Ils ont dû se poser derrière leur ligne !

Il pointa du doigt l'endroit où les Nazguls se trouvaient quelques secondes plus tôt, et Aragorn regarda dans cette direction. Son expression changea, et il parut résigné.

- C'est trop loin de notre position. Nous ne pouvons l'aider-

Legolas regarda Aragorn avec des yeux agrandis de terreur et de colère, et le coupa.

- On ne peut l'abandonner ! rétorqua-t-il.

Aragorn ne répondit pas. Songeur, il paraissait partagé par des émotions contradictoires.

- Nous sommes encerclé ! Nous perdons la bataille Legolas ! s'exclama-t-il, en essayant de raisonner son ami.

- Il y a toujours un moyen d'y arriver ! répliqua Legolas. Nous pouvons au moins essayer !

- Nous ne pourrons pas avancer aussi loin dans leurs lignes ! s'écria Aragorn. Elanor devra se débrouiller seule !

Il avait raison, et pourtant Legolas ne pouvait l'accepter.

Elanor avait peut-être passée un pacte avec Mandos dans le but de détruire les Nazguls, cependant, elle n'était qu'une jeune fille face à des ennemis plus nombreux, et plus puissants qu'elle. A cet instant, elle était peut-être en train d'être torturée, ou pire d'être tuée...

Legolas ne pouvait supporter cette idée de ne rien faire !

Il avait cru qu'il se tiendrait à ses côtés pour la protéger lorsque viendrait l'heure. Mais le sort semblait avoir été tout autre.

- Je suis d'accord avec l'elfe ! s'exclama Gimli soudainement. Aragorn, nous pouvons essayer de créer une brèche dans leur défense. Si nous serrons les rangs, nous devrions pouvoir nous frayer un chemin plus en avant.

Le cœur de Legolas se gonfla de reconnaissance envers le nain. Aragorn parut hésiter pendant quelques secondes, circonspect par rapport à la stratégie proposée par le nain.

- Elle a besoin de nous, ajouta Legolas.

Aragorn le regarda et finit par acquiescer.

- Très bien. Nous allons essayer. Après tout, ça ne coûte rien, et je crains que nous n'ayons plus grand-chose à perdre.

Il se stoppa un moment pour contrer l'attaque d'un orque, et le tua d'un coup d'épée dans la gorge.

- Que tout le monde s'avance vers la Porte Noire ! s'ecria t-il d'une voix forte en direction des soldats. Restez groupés ! Elladan, Elrohir, afrado nin !

Les fils d'Elrond qui se trouvaient à quelques mètres firent volte-face, déconcertés par l'ordre d'Aragorn. Mais ils obéirent immédiatement à son injonction, et ordonnèrent aux autres soldats de les suivre.

Aragorn se jeta tête baissée dans la bataille, suivit de très près par Legolas et Gimli. Les combats se firent encore plus violents et désordonnées, et le cercle de leur armée se referma rapidement, si bien que Legolas aperçu de nombreux visages familiers réapparaître.

La cape blanche de Gandalf jaillit dans un coin de son œil, et il vit la chevelure blonde de Glorfindel virevolter à sa gauche. Merry et Pippin se trouvaient à sa droite, non loin d'Eomer qui était en train d'affronter un énorme Uruk-Hai à la peau luisante.

Legolas songea à Elanor, et essaya de ne pas penser à ce qui était en train de lui arriver. Les minutes passèrent à une vitesse folle, et il ne compta pas le nombre d'orques qu'il tua. Leur offensive semblait fonctionner, car les orques reculaient peu à peu.

Leur nombre se réduisait lentement, au fur et à mesure qu'ils avançaient. Mais Legolas avait encore l'espoir fou que tout n'était pas encore perdu.


OOO


traduction :

Aragorn : Elladan, Elrohir, afrado nin ! ( Elladan, Elrohir, suivez-moi !)

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant