1 : (not) happy

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LIVIA

Aujourd'hui.

— Oh mon dieu, t'es pas encore levée ?!

Je pousse un grognement étouffé dans mon oreiller, n'ayant pas la force de faire une phrase correcte. Aligner un verbe, un sujet et un complément, ça demande trop d'énergie.

— Je croyais que tu avais cours d'IA ce matin ! s'exclame Cyrielle en ouvrant grand mes rideaux d'un seul coup, sans préambule.

Je pousse un nouveau grognement, enfouissant plus profondément mon visage dans mon coussin pour ne pas me brûler la rétine. Sérieusement, cette fille aura ma mort.

— Si, si, j'ai cours d'IA à dix heures.

— Super, sauf qu'il est midi Livia !

Je me redresse sur un coude et jette un œil à mon réveil. Effectivement, celui-ci affiche midi douze.

— Meeeeeerde, lâché-je en me laissant retomber sur mes oreillers, lasse.

— Quoi, tu ne te lèves pas ? s'indigne Cyrielle, debout au pied de mon lit.

— J'ai déjà loupé la moitié du cours, tant pis. Je rattraperais sur l'un de mes gentils petits camarades.

J'entends Cyrielle ricaner, ce qui me pousse à rouler sur le dos pour l'apercevoir. Elle a les bras croisés sur sa poitrine et a arqué un sourcil d'un air moqueur.

— Ah pardon, je ne savais pas que tu étais amie avec eux.

Je me redresse dans mon lit, aplatissant mes cheveux d'une main et me frottant les yeux de l'autre.

— Effectivement, on n'est pas amis. Cependant, je pense que j'ai assez d'atouts pour en convaincre quelques-uns de me filer leurs notes.

Cyrielle rougit légèrement et bêtement, cela me fait un coup au cœur. Nous faisions encore ce genre de blagues il y a plusieurs mois et j'essaie depuis quelques temps de les réinstaurer en espérant que ça aidera à ce que tout redevienne comme avant. Je sais au fond de moi que c'est très sûrement impossible, mais je décide consciemment de rester dans le déni. C'est plus facile à accepter.

— J'imagine, répond Cyrielle en détournant le regard. Bon, tu fais comme tu veux ; j'y vais, moi. À ce soir.

— À ce soir.

Elle fait le tour du lit pour venir me dire au revoir en m'embrassant sur la joue, comme d'habitude, mais je tourne légèrement trop la tête et nos lèvres se frôlent. Elle se recule aussitôt avec précipitation, presque comme si je l'avais brûlée.

— Désolée, dis-je doucement.

— Non, c'est ma faute.

J'essaie de capter son regard pour qu'elle puisse voir que je n'ai réellement pas fait exprès mais elle me fuit, faisant volte-face et quittant la chambre en vitesse.

Ensuite, je pousse un immense soupir en me laissant retomber sur mes oreillers.

Une fois que j'entends la porte de l'appartement claquer, signe que Cyrielle est bel et bien partie, je traîne dans mon lit quasiment une heure de plus. Le temps que je trouve le courage de quitter ma couette moelleuse et d'enfiler un top noir, un jean de la même couleur et ma veste en cuir, il est déjà près de quatorze heures. Ma propre flemme m'étonne ; je bats des records.

Mon envie d'aller à la fac est proche de zéro mais je sais que je ne peux pas me permettre de louper le cours de mécanique de seize heures alors je me motive un minimum. Je me fais un immense sandwich avec tous les restes que je trouve dans le frigo, passe mon casque audio autour de mon cou et quitte enfin l'appartement. Il est trois heures moins le quart.

(Not) Meant to beOù les histoires vivent. Découvrez maintenant