Le lendemain à l'aube, Pol et Anna rangèrent toutes leurs affaires, replièrent leur tente et partirent de bonne heure en laissant le canoë sous des buissons.
Ils étaient bien rétablis grâce à la nuit fraîche qu'ils avaient passée aux pieds d'une des falaises du Shafer Canyon. Le fond de celui-ci montait en pente douce et les mena jusqu'à une portion plus large où ils purent retrouver un chemin qui devait apparemment aller vers les mines de l'Intrepid Potash qu'ils avaient vues lors de la descente du fleuve. Mais leur direction allait à son opposé et ils purent suivre le chemin sur plusieurs kilomètres sans difficulté.
Ils croisèrent plusieurs 4x4 qui ne s'arrêtèrent pas, surement habitués à voir des touristes visiter ce Canyon où la vue était renommée. Le soleil était encore bas et il leur était facile de progresser rapidement, mais quelque chose commençait tout de même à se faire ressentir : Ils n'avaient pas assez d'eau. La descente en canoë les avait obligés à en consommer beaucoup, si bien qu'il ne leur restait qu'une demi-bouteille à se partager.
Ils parcoururent encore un bon kilomètre avant de se retrouver au bout du Canyon, et il leur fallut monter le chemin tracé en zigzag pour atteindre le haut. Alors qu'ils pensaient avoir atteint le plateau, ils se rendirent compte que le chemin longeait une dernière hauteur de falaise, et cela pendant plusieurs kilomètres et dans la direction opposée à la leur. Quand le mur de pierre qui les empêchait de tourner finit par s'atténuer, ils purent couper à travers l'étendue de buissons secs qui occupaient le plateau de terre rouge et arriver après une demi-heure à un bâtiment touristique devant lequel se trouvait un parking qui commençait doucement à se remplir avec la journée qui avançait.
Ils se jetèrent sur les bouteilles d'eau qui y étaient vendues à prix d'or, et décidèrent finalement d'y rester pour manger quelques sandwichs afin d'économiser ce qu'il leur restait dans leurs sacs. Ils en profitèrent pour s'acheter des casquettes et des lunettes de soleil, ce dont ils allaient avoir clairement besoin au vu des journées caniculaires que la région attendait. Sur les conseils du vendeur à qui ils avaient raconté leur périple, ils prirent également une corde d'escalade et des baudriers, au cas où il faille jouer aux acrobates pour franchir des falaises. Il leur conseilla un passage plus facile que celui qu'ils avaient décidé de prendre et un couple de touristes leur proposa de les emmener au plus près de cet endroit qui n'était pas loin de la route descendant vers les Orange Cliffs.
La voiture les laissa donc à moins d'un kilomètre de l'Aztec Butte, un vestige indien, et ils coupèrent à travers champs pour arriver en haut des falaises. Ils réussirent à descendre plusieurs niveaux sans trop de difficulté mais durent s'aider de la corde pour descendre certaines portions assez hautes.
Après quelques frayeurs ils étaient enfin arrivés au fond du canyon, celui même qui devait les mener jusqu'à la carcasse de l'avion, située alors à environ sept kilomètres plus au nord-ouest. Ils remontèrent donc lentement cet espace, mais la chaleur du soleil limitait leur vitesse et ils devaient s'arrêter souvent pour se réhydrater. Ils parcoururent ainsi quelques kilomètres avant de décider de faire une halte à l'ombre. L'air frais qui y régnait réveilla leurs muscles engourdis par la canicule. Ils s'y reposèrent une demi-heure, allongés contre un rocher en regardant le ciel où quelques rapaces volaient en rond.
Ils repartirent pour essayer de finir les quatre kilomètres qu'il leur restait à parcourir, mais après une centaine de mètres, Pol vit Anna s'écrouler devant lui en poussant un cri. Il se précipita vers elle et voulut l'aider à se relever mais une douleur au bas de la jambe la clouait au sol.
- Merde ! Je me suis tordue la cheville.
- T'as mal comment ?
- Comment ça j'ai mal comment ?! Aïïïe, j'ai super mal !
Pol la porta jusqu'à l'ombre et ils examinèrent sa cheville :
- Elle n'est pas enflée, c'est déjà ça, dit Pol.
- Je crois qu'il faudrait qu'on s'arrête, je ne pourrai plus marcher aujourd'hui.
Ils préparèrent donc leur campement, la tente qu'ils plantèrent entre deux blocs de pierre et trouvèrent quelques morceaux de bois sec pour essayer de préparer un feu. Ils parvinrent à l'allumer et purent profiter tranquillement du jour qui déclinait. La soirée se rafraîchissait et le feu était rassurant quand on savait que la région était infestée de serpents, scorpions et tarentules venimeuses.
Ils s'emmitouflèrent dans leur tente pour s'endormir, bercés, si l'on peut dire, par le hurlement lointain des coyotes.
VOUS LISEZ
Un Regard Sur Michigan
Misterio / SuspensoPol, un jeune fêtard débarquant à Paris avec quelques rêves dans les bagages, reçoit de son père disparu un mystérieux héritage. Attiré par les délices faciles de la vie, il choisira pourtant de partir découvrir ce qui se cache derrière les lignes d...