Chapitre 15

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 Liesse n'a pas fermé l'œil de la nuit. L'excitation a pris le pas sur l'agacement des derniers jours, mais ça ne la met pas dans les meilleures conditions pour autant : elle se sent nauséeuse depuis qu'elle est sortie du lit. Faut dire que ça fait bien longtemps qu'elle n'a pas été obligée de se lever à six heures du matin. La veille, Miriam a rappelé Agatha dans la soirée pour lui expliquer qu'elle attendait Liesse à 7h30, avant l'ouverture de l'office au public.

‒ Je trouve ça super que tu lui apportes ton aide, Lili. Mais tu m'excuseras, je dormirai encore quand tu te lèveras, lui avait dit sa mère avant qu'ils aillent se coucher.

Liesse improvise un déjeuner à la va-vite. Son estomac est encore trop noué. Elle passe la plupart de son temps de préparation sous la douche. Le pansement sur sa tempe ne lui sert plus à rien, l'égratignure s'efface déjà.

Au moment du départ, l'adrénaline la sort de sa torpeur. Elle est impatiente de découvrir ce que Miriam lui réserve. Kévin s'est levé, a pris un café, et c'est encore tout groggy qu'il l'a dépose à l'office.

‒ Merci, papa.

‒ Bonne journée, ma Lili.

La porte de l'office de tourisme est à demi-ouverte. Une Clio rouge, coffre ouvert et sans conducteur, est garée juste devant.

‒ Y'a quelqu'un ? demande-t-elle en passant le pas de la porte.

‒ Je suis dans la remise !

Miriam l'accueille avec un sourire, mais la jeune femme sent qu'elle n'est pas tout à fait à son aise.
‒ Bien dormi ?

‒ Vite fait. Je me torture les neurones pour savoir ce que vous avez à me dire.

‒ Je ne sais pas si tu es prête à l'entendre.

Liesse soutient son regard.

‒ Mais quelque chose me dit que, désormais, le danger est plus important si on te maintient dans l'ignorance.

‒ Le danger ? Rien que ça.

‒ Désolée, c'est maladroitement exprimé...

‒ Je vais devenir folle avec tous vos mystères ! Crachez le morceau !

Miriam enfile un sac à dos et en tend un vide à Liesse.

‒ Tu peux y mettre le pot de peinture jaune, s'il te plaît ?

Elle lui montre la réserve. Liesse s'exécute et dépose le seau métallique dans son sac avant de le passer sur l'épaule.

‒ On décolle !

Miriam prend un rouleau de grosse corde et des affichettes sur piquets.

Le trajet ne dure que quinze minutes. Ni l'une ni l'autre n'ose rompre le silence. Liesse s'est plongée dans la contemplation d'un ciel bleu azur.

‒ Laisse un peu ta fenêtre ouverte, ce sera la fournaise sinon !

Elles descendent du véhicule et empruntent le sentier qui remonte entre deux collines rocheuses.

‒ On fait quoi ?

Miriam ne répond pas tout de suite, elle se dirige vers un arbre frêle pour y planter un piquet dans une encoche déjà présente.

‒ Je suppose que Sasha t'a parlé du randonneur qui est mort ?

‒ Oui ...

Liesse se demande ce que sera la suite.

‒ Son corps a été retrouvé à un kilomètre d'ici.

Malgré le soleil, elle frisonne. Elle reconnaît le vallon. Avec son père et sa mère, ils n'étaient vraiment pas loin.

Le cœur en LiesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant