Chapitre 2

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 Adossée à la paroi de la falaise, Liesse lève désespérément son smartphone et le reporte à son oreille.

‒ Maman ? Allô ? Allô ! Nan, mais ce réseau de...

‒ Je t'entends, Lili.

‒ Ah ! Maman, je crois que je me suis paumée.

‒ J'l'aurais parié ! Bon, on ne panique pas. Qu'est-ce que tu vois ?

‒ T'es sérieuse ? Si je te dis des arbres, de la caillasse et un cours d'eau, tu crois que ça va t'aider ?

‒ De quel côté est le cours d'eau ?

‒ Hein ?

‒ De quel côté est le cours d'eau ?

‒ Qu'est-ce que j'en sais ! Oh, et puis je crève de chaud ! Bah, y'a l'eau dans le canyon où je-sais-pas-quoi.

‒ La gorge.

‒ Quoi, ma gorge ?

‒ Ce n'est pas un canyon, c'est une gorge.

‒ C'est bien le moment d'une leçon de sciences...

‒ Bref, je veux juste savoir s'il se situe à droite ou à gauche de toi.

‒ A gauche.

‒ Gauche, bingo ! Tu t'es trompée sur la deuxième passerelle. Tu ne dois pas être loin d'où se trouve ton père.

‒ Ah...

‒ Reviens sur tes pas et prends la seconde passerelle en bois, tu retrouveras le sentier vers la rivière, avec le petit panneau bleu.

‒ Que j'aime ces vacances... A toute !

Liesse marmonne en fourrant son téléphone dans la poche arrière de son short. Ses semelles glissent sur la pente sèche et elle s'aide des branches pour mieux se hisser. La symphonie des criquets la rassure un peu. Au loin, elle entend le mouvement de branchages que l'on écarte. Elle reste sur ses gardes. La cicatrice de la morsure qu'un berger allemand lui a infligée, enfant, sur son mollet la démange. Le mouvement lui fait définitivement penser à un chien. Elle tente de maîtriser sa crise d'angoisse et compte faire demi-tour quand un homme apparaît.

‒ Eh !

Sa voix forte et caverneuse l'étonne.

‒ Quoi ? répond-elle, étonnée.

Deux longues secondes passent, alors qu'ils se dévisagent sans trop comprendre ce que l'un ou l'autre s'apprête à dire.

‒ Est-ce que ça va ? finit-il par demander.

Elle réalise que sa respiration s'est accélérée, entre ce début de crise de panique et cette interjection qui lui a semblé si brutale. Comme-ci elle avait été prise en faute. Le soleil haut jette des ombres sur le regard de l'inconnu ; ça la perturbe. Elle cherche de la bonhomie chez cet homme qui semble plus vieux qu'elle. En tout cas, il est plus robuste que tous ses potes.

‒ Oui, j'ai... ça va. J'étais désorientée, mais c'est bon, maintenant.

Il la scrute, comme pour la sonder. Nerveusement, elle croise les bras.

‒ Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis sur une propriété privée, c'est ça ?

‒ Non, c'est bon. Tu sais où tu dois aller ?

‒ A la rivière.

‒ Deuxième...

‒ ... passerelle. Oui, je sais.

Alors qu'il passe près d'elle, elle remarque son sac à dos imposant.

‒ Bonne journée, lance-t-elle alors qu'il s'éloigne.

Peut-être que sa réponse est emportée par le vent. Ce dont elle est sûre, c'est qu'il ne se retourne pas. Mais Liesse, elle, ne peut s'empêcher de lui lancer un dernier regard, alors qu'il s'éloigne d'un pas tranquille.

Le cœur en LiesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant