Chapitre 4

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DAVINA

Soham est sorti de la voiture. Il referme la porte et observe les alentours un sourire aux lèvres.

— On vous demande de faire une seule chose et vous n'êtes même pas foutu de la faire correctement, assène la mère de ce dernier d'une voix mesurée mais agacée.

— Excusez-moi ?

— Je vous ai demandé de faire une chose pour moi, commence-t-elle. Et je retrouve mon fils dans un état déplorable. Regardez-le ! Il a des cernes de dix kilomètres sous les yeux, ses pommettes sont creusées. Il a clairement perdu du poids, ce n'est même pas la peine qu'il ôte sa doudoune pour que je constate les dégâts. Qu'est-ce que vous lui avez fait bon sang ??

— Écoutez, tranché-je. Loin de moi l'idée de vous manquer de respect, mais ce qu'il se passe dans mon couple ne regarde que votre fils et moi.

— Je commençais à penser que vous n'étiez pas l'horrible arriviste que me décrivez ma fille, mais je devais sûrement me tromper ! Le bien-être des gens, ce n'est certainement pas votre problème.

— Vous savez quoi ? Pensez ce que vous voulez de moi, je n'ai rien d'autre à vous dire.

Agacée, je sors de la voiture pour rejoindre mon époux qui me regarde avec un drôle d'air. Je sais qu'il a entendu ce que je viens de dire à sa mère. Il a ouvert le coffre au moment où je prononçais ces mots.

— Tout va bien ?

— Oui, ce n'est rien.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Soham laisse tomber, ok ?! Tu ne peux pas mener toutes mes batailles.

Dérouté par mon comportement et mon ton revêche, il me suit sans un mot vers la demeure de sa génitrice. Il m'ouvre la porte après avoir récupéré les clés sous un pot de fleur et me laisse entrer la première. J'entre dans le vestibule et observe les lieux avec intérêt. Tout le sol est recouvert de parquet vieillit, les meubles de cette maison campagnarde sont tous en bois. Certains ont un aspect vieilli à mi-chemin entre la maison de grand-mère et le vieux moderne. Sur ce coup, je ne suis pas très objective. L'ex madame Jonas vient de me prendre le chou et je suis prête à lui trouver tous les défauts possibles.

À l'entrée, un large tapis frappé d'un « Bienvenue » s'étale sous mes pieds. Otant mes chaussures pour garder la maison en état, je garde mes chaussettes. J'avance à travers la pièce pour laisser entrer les autres, jusqu'à me retrouver près de la première pièce à ma gauche. Une énorme horloge murale trône dans ce qui semble être la cuisine. Au milieu de la pièce, une grande et massive table en bois fait office de table à manger. Dans un coin du mur, un buffet rempli de vaisselles constitue le seul autre mobilier de la pièce.

Sur ce dernier, repose des bocaux design en verre, dans lesquels se trouvent des cookies au chocolat, des meringues et des caramels mou. Si je m'écoutais, j'aurai couru m'empiffrer de confiseries, mais je suis toujours fâchée et je ne veux pas paraître mal polie. Du moins, plus que je ne le parais déjà après avoir rembarré sa mère. Je me retourne finalement et regarde Soham disparaître par le couloir, un peu plus loin. Marianne me rejoint en même temps que son fils.

— J'ai déjà déposé les valises dans la chambre. Bon, maintenant quelqu'un veut bien me dire pourquoi vous tirez toutes les deux une tronche de six pieds de long ? demande-t-il avec une ironie manifeste.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Maman ? Tu vas me dire la même chose ? reprend-il en arquant un sourcil exaspéré.

— Oublie ça Soham ! Passons à table, ordonne sa mère.

Sans lui laisser le temps de répondre, sa mère entre dans la cuisine. J'en fais de même. La table est déjà mise. Me lavant les mains avant de m'asseoir, je ne prononce pas un seul mot. Soham finit par faire de même et prend place à côté de moi.

— Super ambiance, grommelle-t-il.

Soham se sert, puis me passe le plat à gratin pour que je fasse de même. C'est toujours dans un silence de mort que je passe ce dernier à Marianne avant de commencer à manger. Je dois bien reconnaître que c'est excellent. J'adore le confit de canard, tout comme la purée. Sa mère cuisine vraiment très bien. Prenant sur moi, je fais l'effort de la complimenter.

— C'est vraiment très bon, soulevé-je.

— Merci.

— Ça fait longtemps que je n'avais pas mangé un de tes plats, renchérit Soham.

— Eh bien, c'est une bonne chose que tu sois là chéri, tu vas pouvoir te remplumer pendant ton séjour, lance Marianne avec un brin d'ironie que son fils ne saisit pas.

— J'en ai de la chance, rit ce dernier.

Je sais parfaitement que c'est une pique qu'elle me lance, mais je préfère rester calme malgré ma mâchoire qui se serre d'agacement. Détaillant à nouveau la cuisine, je dénote encore une fois un style vieillot propre à ce type de maison de campagne. En temps normal, je trouverais cela sans aucun doute charmant, mais pas cette fois. Une maison de vieille pour une vieille peau de vache ! Ça lui va bien finalement. Je réprime un sourire d'amusement à cette pensée. Je suis mauvaise, mais elle l'a bien cherché.

— J'ai parlé à ta sœur, elle arrive avec son mari mercredi prochain.

— C'est le combien ? demande Soham.

— Le 23, ils repartent le 26.

— Je vois. C'est cool.

— Demain nous pourrons aller au village pour faire les achats de Noël si ça vous va.

— Oui, ce serait bien. J'aimerais assez visiter un peu, dis-je à mon tour.

— Je trouve aussi. Comme ça on apprendra tous à mieux se connaître, insiste mon agaçant époux.

Après le repas, j'aide Marianne à débarrasser et faire la vaisselle, même si ce n'est pas de gaité de cœur. Je le fais par pure politesse. Après tout, elle nous reçoit gentiment chez elle et mes parents m'ont bien élevée. Lorsque tout est rangé dans la cuisine, Marianne décrète qu'il est l'heure pour elle de se coucher. Demain, elle a un programme de prévu. Pour autant, elle nous dit de faire comme chez nous. Exténués nous aussi, nous gagnons la chambre qui nous ait réservée et nous douchons chacun notre tour, dans la salle d'eau attenante, avant de nous coucher.

Une fois les lumières éteintes, Soham m'attire vers lui jusqu'à ce que je sois dans ses bras et baise délicatement mon front en me souhaitant bonne nuit. Je me serre un peu plus contre lui en profitant de sa chaleur. Ce n'était pas une bonne journée. Tout mon corps me le fait sentir. Je soupire longuement. Comprenant que j'en ai besoin, Soham me câline jusqu'à ce qu'on s'endorme d'épuisement. 

Un Délicieux contrat tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant