Chapitre 14

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DAVINA

Dehors, règne un froid glacial en cette nuit de janvier. Il neige. De fins flocons descendent lentement des cieux et viennent chatouiller nos cils. Un manteau blanc recouvre le trottoir, tout comme les arbres aux branches dénudées. Suivant mon époux et la masse de passagers qui se pressent aux portes du train, je monte à bord et gagne mon siège. Soham range nos affaires, puis prend place à mes côtés en soupirant de lassitude. Peu de temps s'écoule avant que le TGV ne tremble et qu'il ne s'engage sur la route vers Paris.

Distraite, je me perds dans la contemplation du paysage à travers les grandes vitres du train. Cela me détend. Le paysage défile si vite que je n'ai pas le temps d'assimiler correctement ce que je vois. Aucun de nous deux n'a prononcé un mot depuis que nous sommes monté à bord. Je ne sais pas trop ce que je dois ressentir par rapport à cette annonce. Nathalie est morte...est-ce que je serais un monstre d'en être un tout petit peu soulagée ? Elle a tout de même fait des choses horribles et qui sait ce qu'elle aurait encore été prête à faire pour récupérer Soham.

Je me demande comment est-ce que c'est arrivé ? J'ai également reçu un appel en fin d'après-midi. La police veut que je me rende au poste pour me poser quelques questions. Je n'ai pas hâte, ça ne sera pas une partie de plaisir. Tournant la tête de côté, j'observe mon voisin qui semble également perdu dans ses pensées. Mes yeux commencent à s'humidifier. Est-ce qu'il l'aimait encore ? Secouant la tête doucement, je me réprimande mentalement. Je ne dois pas penser à des choses pareilles. Ma vie est devenue tellement compliquée. Je ne la reconnaît même plus pour être honnête.

Alors que je me triture les doigts d'un air absent, une main se glisse entre les miennes pour en prendre une. Sans tourner la tête, je la penche de côté pour la poser contre son épaule.

— Tu es stressée ?

— Pour quoi ?

— L'audition.

— Je ne sais pas trop et toi ?

— Non, soupire-t-il. Je n'ai rien à me reprocher.

— Tu penses que c'est un accident ?

— Pourquoi tu dis ça ? me demande-t-il surpris.

— Je me disais que c'était peut-être l'œuvre d'Éric et Alfred, dis-je en haussant les épaules. Il m'a bien menacé et t'a même expédié à l'hôpital.

— Je n'en sais rien. Tu penses ?

— Ça ne me surprendrait pas.

— Oui, mais comment est-ce qu'ils connaîtraient Nathalie ?

— Je n'ai pas la réponse à cette question.

— C'est peut-être juste un accident.

— Je trouve ça étrange. Nous verrons bien après notre passage au poste.

— Oui, tu as raison.

Un ange passe. Une courte pause, qui nous permet de réfléchir à certaines choses.

— J'aimerais bien que les catastrophes cessent de nous tomber dessus, soupiré-je.

— Ça serait bien, oui.

Il glousse doucement, puis m'embrasse tendrement le front. Sa voix est aussi fatiguée que la mienne en prononçant ses mots. Nous sommes au plus bas depuis la perte de notre bébé.

— Tu sais, j'aurais presque envie de m'enfuir avec toi à l'autre bout du monde.

Soham rit amusé.

— Si c'était aussi facile...sauf que la police nous attend à Paris.

— Pourquoi ? Nous sommes suspects maintenant ? ironisé-je.

— Aucune idée.

— Je suis fatiguée de tout ça, soufflé-je.

Un silence suit mes paroles. Le seul bruit audible et celui des quelques conversations des passagers.

— Tout ira bien tant que nous serons ensemble. Je serai toujours là pour te soutenir mon ange et je ferai tout pour vous protéger, me chuchote-t-il en jetant un regard lourd de sens vers mon abdomen.

Un faible sourire ravi fleurit sur mes lèvres. J'aime cette promesse.

— Et puis, je sais que je ne serai pas seul à le faire.

Levant la tête vers son visage étonnée, j'aperçois un sourire en coin amusé accroché à ses magnifiques lèvres si désirables.

— Tu l'aimes bien Yann, avoue ! me moqué-je.

— Disons que nous avons des intérêts en commun, plaisante-t-il. Je peux peut-être le supporter dans une certaine mesure.

Je ris, contente de l'entendre dire.

— Mon amour ?

— Qu'est-ce que tu veux ? m'interroge-t-il d'un air suspicieux.

— Je veux que ce soit Yann son parrain, lui apprends-je en me retenant de rire.

Soham ouvre la bouche plusieurs fois, mais la referme systématiquement sans prononcer un mot. Un sourire mi-jaune, mi-amusé déforme ses traits.

— Je pense qu'on en reparlera plus tard.

— Pourquoi ? le poussé-je.

— Parce que je fais des efforts pour le tolérer.

— Et ?

— Et de là à le prendre pour parrain de mon bébé, il y a un monde.

— Il est très gentil.

— Si tu le dis.

— Ça ne sera pas négociable.

— C'est aussi mon enfant.

Je ris, puis je lui adresse un sourire jaune.

— Sa marraine ce sera ta sœur, comme tu le voulais. Son parrain ce sera Yann, que tu le veuilles ou non. Ce bébé, c'est moi qui le porte pendant 9 mois, avec les contrariétés qui l'accompagnent et il sortira de mon vagin. Je pense en baver suffisamment pour m'octroyer le droit de choisir !

Soham soupire en s'avouant vaincu. Il ne dit plus rien à ce sujet et après un long moment, le train s'arrête à la Gare Montparnasse.

Un Délicieux contrat tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant