Chapitre 28

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SOHAM

L'adrénaline pulse dans mes veines depuis que nous avons quitté la maison en laissant ma femme derrière nous. C'est sans doute la dernière fois que nous la verrons. Nous savons pertinemment que c'est une mission suicide, comme l'a si bien souligné Davina. Yann et moi n'avons aucune arme, si ce n'est des bombes anti-agression achetées sur le net et un taser. Un silence lourd de sens se fait entendre dans l'habitacle de la voiture tandis que je suis au volant.

— Je suis désolé qu'on t'ait mêlé à tout ça...

— Tu parles, s'exclame Yann avec un rire franc. J'avais le choix et j'ai fait ce qu'il me semblait juste. Vina' et moi sommes comme les deux doigts de la main depuis qu'on se connaît. Ce n'est pas maintenant que j'allais la lâcher.

Je souris, je pense que si j'y reste je serais sans doute heureux qu'il prenne soin de Davina et de sa filleule pour moi.

— Tu es sûr que tu ne l'aimes pas ? ris-je.

— Non, rit-il. Je suis amoureux, mais c'est un mec pas une nana.

Un silence fait suite à ses paroles et je lui lance un regard en biais.

— Tu lui as dit ?

— À qui ?

— Ton mec.

— Je lui ai laissé un mot. Je n'avais pas envie de lui dire adieu ou une autre connerie comme ça. Je ne voulais pas le mêler à ça, il aurait peut-être essayé de nous arrêter ou serait venu avec nous.

— Je vois.

Il y a pas mal de trafic sur le périphérique malgré l'heure tardive en ce début du mois de mars. L'air est frais au-dehors, de la buée tente de s'accrocher silencieusement au pare-brise. J'ai mis le désembuage en marche et profite de la chaleur qui m'entoure. Je ne suis pas idiot, je sais que nos chances de réussite sont minces. Il y aura sûrement des gars armés jusqu'aux dents là-bas, on se fera peut-être abattre à peine le pied posé.

— Tu sais ? Tu n'es pas obligé de me suivre. C'est notre merdier à Davina et moi. Moi, j'ai le devoir de protéger ma famille, mais toi tu peux encore t'en sortir. On ne va pas se mentir. Tu sais que c'est une mission suicide, on va sûrement y rester si on y va.

— Je sais...mais j'en suis.

Je souris, il est tellement têtu. Sa réponse me rassure au fond même si je ne dis rien.

— Je crois que toi et moi, on se serait vraiment bien entendu si on avait eu plus de temps pour se connaître.

— Je crois aussi, répond-il avec un sourire en coin. T'es pas un aussi gros bâtard que tu en as l'air, en vrai.

— Merci, ris-je. Mais j'en suis un.

— Oui c'est bien ce que j'ai dit, sourit-il encore. Pas un aussi gros.

Je ris et cela me détend quelque peu. Yann me suit également dans mon hilarité. Une faible complicité est née entre nous, je ne sais pas quand ni comment mais elle est là.

— Si on ne s'en sort pas tous les deux indemnes, il faudra que celui de nous qui s'en sorte prenne soin de Vina.

— Et de ma fille.

— Et de ma filleule, acquiesce-t-il.

Les bâtiments parisiens défilent autour de nous, alors que je roule sans me presser. Il y a encore du monde dans les rues. Paris n'a pas l'air de dormir la nuit, tout comme le jour. J'adore cette ville, elle peut paraître grise aux premiers abords mais elle foisonne de vie. Son architecture d'un autre temps est unique en son genre et époustouflant de beauté. J'ai adoré flâner dans ses rues, me perdre dans Montmartre, tout en haut de la basilique. Je me suis senti libre ici et ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps.

Un Délicieux contrat tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant