Tantor l'âme de l'épée

15

Le campement avait été monté à l'endroit même où Treggar était tombé, submergé par les zombies.
Il avait fallu déblayer les gravats et les restes calcinés des créatures mortes vivantes.
Heureusement, le soleil puissant avait brûlé les chairs putrides, ainsi leur labeur n'en fut que plus aisé. Ils leur donnèrent des sépultures décentes un peu à l'écart et tous purent se rendre compte de la véracité des dires de Solilar au sujet de ces zombies revenus de l'enfer.
Adon, emportant avec lui le corps de Lilan, accompagné de Londar partiraient avec le premier groupe de transportation, ils pourraient ainsi servir de lien entre le Peuple des Sables et les Elfes. Ils se rendraient donc le lendemain matin à l'intérieur de la crypte oubliée pour franchir l'espace-temps, le cœur serré.

Ceux qui étaient les plus faibles seraient du premier groupe. Ils pourraient, grâce à ce voyage rapide, se retrouver dans un lieu sûr et chatoyant où ils oublieraient la dureté de leurs vies et le manque de nourriture.
Tristar, Kriddo et Nandrag resteraient avec le magicien et les Elfes pour assurer la sécurité de ceux qui devraient attendre leur tour.
De plus, il fallait bien surveiller les anciens soldats du roi, car la confiance doit se gagner et non pas se donner trop vite, surtout en période de guerre.
Ces derniers partiraient donc avec l'ultime groupe, si rien de fâcheux ne se produisait d'ici là...
-- Sergent Garrak, comment vous êtes-vous retrouvé dans l'armée du royaume ? demanda Nandrag.
-- Et bien, c'est assez simple. Ma famille et moi même avons été capturés par les troupes du roi cantonné dans le nord d'All'Kaar. L'officier supérieur nous a expliqué que si nous voulions gardé la vie sauve, les plus forts d'entre nous devraient juré allégeance au roi et s'enrôler dans son armée. Ensuite, grâce à mes compétences de combattant et de meneurs d'hommes, j'ai pu accéder au grade de sergent.
-- Et votre famille, où se trouve-t-elle maintenant ?
-- Ils vivent à Tritiak, ils servent le royaume en travaillant comme agriculteurs.
-- Je vois. Si vous respectez votre parole, je m'engage à vous aider à les retrouver, assura le guerrier à l'œil d'émeraude.
Cela faisait deux jours que Solilar, aidé par les Elfes, activaient le pentacle. Deux groupes avaient déjà traversé les portes du néant, selon toute probabilité, pour se retrouver en sécurité à l'ombre des arbres millénaires, dans la Forêt des Ombres.
Après avoir activé l'artefact, le magicien passait le reste de ses journées à dormir pour se reposer, car l'effort que cela représentait pour lui était exténuant.
Bien entendu, la magie des Elfes soulageait un peu ses réserves d'énergie vitale, mais lui seul conservait le poids énorme de l'ouverture du portail magique.
Certains sorts, sont si puissants qu'ils peuvent vider son lanceur de toute vitalité pour le laisser sans vie.

Le dernier groupe était sur le point de franchir la distance entre le désert de Sarthak et la forêt d'Elcelior. Ils n'étaient plus qu'un nombre restreint composé des ex-soldats, des Elfes, de Tristar et Kriddo et de Nandrag et du magicien.
Ils étaient sur le point de réussir leur entreprise, l'exode du Peuple des Sables vers la fraîcheur des forêts du nord.

Cette action chevaleresque leur vaudrait le respect des Dieux pour le restant de leur vie et si ce n'était pas le cas, le simple fait de lire de la gratitude dans les yeux des enfants des sables leur suffirait.
Cette mission était presque remplie et bientôt viendrait l'heure de la vengeance, Gerdrik, roi rotors et pervers ne perdait rien pour attendre, il allait bien assez tôt répondre de ses crimes.
Si la justice Divine était incapable de juger les criminels, Nandrag et Tantor se chargeraient d'être leurs rédempteurs.
Le sang bleu du roi coulerait à flot pour laver les affronts qu'il s'était permis et enfin le royaume d'All'Kaar retrouverait sa droiture et sa compassion.

Ils étaient enfin de retour en ce lieu de paix et de sérénité.
Les Elfes des bois leur firent un accueil à la mesure de l'acte de bravoure et de bonté qu'ils avaient accompli.
Le peuple de Sarthak était maintenant à l'abri de la rage mortelle du roi d'All'Kaar.
Cette action, qui paraissait illusoire au tout début, devenait pure réalité. Ils avaient sauvé un peuple entier, ou plutôt ce qu'il en subsistait.
En effet, le maigre nombre de survivants représentait l'avenir de cette race mythique, c'est sur cette infime partie de cette peuplade que le futur des Shââm Mââ Sâchââ se reconstruirait.
Après les accolades chaleureuses, les remerciements des faibles envers les forts du clan, l'heure de fêter cette grande victoire sur le mauvais sort arriva.