- Nandrag ! Comment expliques-tu ce que tu as accompli aujourd’hui ? demanda Tristar alors qu’ils se restauraient autour d’un bon feu de camp.
-- C’est Tantor qui a accompli cette prouesse, pas moi, répondit le jeune guerrier, avec un regard amusé vers Kriddo.
-- Peux-tu être un peu plus explicite ? ajouta le semi-Elfe.
-- Parfois, elle me parle, je veux dire qu’elle me transmet des informations quand je l’empoigne, expliqua Nandrag avec un sourire timide sur son visage.
-- Par ma hache, comment une épée peut-elle parler ? s’exclama Kriddo, en jetant un regard circonspect à son ami archer.
-- Tu veux dire que cette épée dispose d’une intelligence ?
-- Tristar, tu connais sans doute mieux que moi les possibilités d’une arme magique, n’est- il pas ? Je vous raconte simplement les faits et je ne sais pas encore les expliquer. Ne serait- ce que les comprendre me satisferait déjà.
-- Solilar avait vu juste, une fois de plus, lança Kriddo.
-- Développe mon ami, encouragea Nandrag.
-- Il a dit et répété que tu n’étais pas un simple guerrier, à présent, moi je crois que tu n’es pas un homme ordinaire. Nous fondons de grands espoirs sur toi et je suis certain que tu vas encore plus nous éblouir que ce que nous escomptons…
Mais soudain, Nandrag fit signe à son compagnon de se taire et scruta les ténèbres derrière eux. Deux yeux jaunes luisaient dans la pénombre à quelques dizaines de coudées de leur feu de camp, puis l'animal sauvage se détourna et les iris luisants disparurent.
Les trois hommes restèrent silencieux et mangèrent de bon cœur, la journée avait été rude, leurs corps demandaient des ressources et du repos.
La troupe et les rescapés chevauchaient à petite allure dans la Forêt Noire, ils arriveraient bientôt au village forestier. Nandrag jugeait plus judicieux de ramener les civils survivants à Belior, de là, ils pourraient se refaire une santé avant de reprendre le cours de leurs vies.
Un des archers encocha une flèche, il s’apprêtait à la lâcher quand Nandrag ordonna :
-- Soldat, ne tirez pas !
L’homme libre obéit avant de ranger sa flèche dans son carquois. Le jeune amnésique mit pied à terre et tendit les rênes de son cheval à Kriddo, tous le regardèrent avec curiosité
Ils dirigèrent alors leurs regards dans la direction que prenait Nandrag et aperçurent un grand loup blanc sur un rocher. Ce dernier se dressait fièrement sur ses pattes, ne montrant aucune crainte face à la puissance de cette compagnie de soldats d’élite.
Nandrag se rapprocha lentement de l’emplacement occupé par l’animal sauvage et entreprit de grimper ce rocher haut de plusieurs coudées. Le loup géant ne bougeait toujours pas, se contentant de fixer le guerrier de ses grands yeux à la flamboyance d’or. Lorsque l’homme fut à distance d’épée, le grand canidé s’assit sur son postérieur pour attendre sans bouger.
La troupe ne comprenait pas ce qu’elle observait. Habituellement, les loups ne se laissaient pas approcher des hommes, alors en voir un s’asseoir et patienter docilement ne correspondait en rien à quelque chose de logique, de normal.
Nandrag continuait de marcher sans faire de gestes brusques et bientôt, il fut au contact de cet animal imposant de par sa taille et son comportement. En effet, cet animal devait faire deux fois la taille d’un loup ordinaire.
Le jeune homme tendit sa main ouverte, paume vers le sol et patienta un instant. L’énorme loup blanc se leva pour avancer vers lui. Il renifla cette main tendue en signe de paix quand tout à coup, une belle langue rose se mit à lécher amicalement la main offerte.
La troupe ne put s’empêcher de jurer copieusement, cet homme leur réservait des surprises auxquelles ils n’étaient décidément pas préparés.
Tristar et Kriddo, eux aussi n’en revenaient pas, surtout Tristar qui croyait connaître les loups à force d’avoir côtoyer ces rudes prédateurs dans ces parties de chasses en forets. Jamais il n’avait vu ou entendu pareil récit, même de la part de ses frères Elfes, si proches de la nature et de ses habitants.
-- Tu es un bon loup, déclara Nandrag, je vais te nommer Draxan, tu seras mon compagnon si tu le souhaites.
A ces mots le loup se frotta la tête dans les jambes de Nandrag en jappant comme seul un loup sauvage sait le faire. Les soldats et les deux amis du guerrier en furent encore plus incrédules, mais leurs yeux ne les trahissaient pas.
Nandrag revint vers ses hommes d’armes avec le loup sur ses talons, reprit ses rênes des mains de Kriddo et monta sur son cheval. Draxan se tenait tout de même à bonne distance des chevaux qui se montraient assez nerveux devant un tel compagnon de voyage.
-- Que le Grand Cornu me pince, comment réussis-tu de tels prodiges ? demanda Kriddo, épaté.
-- Je n’en ai pas la moindre idée mon cher Kriddo, pas la moindre, lâcha-t-il dans un sourire.
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Tantor l'âme de l'épée
FantasíaUn guerrier laissé pour mort,sans nom et sans mémoire. Un peuple de nomades vivant dans un désert immense. Un roi cruel et sans pitié, avide de conquêtes. Des nains, des Elfes et des barbares. Et une épée, une épée de légendes servant le bien univer...