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Le solstice d’été était enfin arrivé.
Les clans barbares, répondant à l’invitation de Londar, arrivèrent aux abords de la toute nouvelle cité de Kââydish par une magnifique journée, signe des Dieux peut-être.
Dagornar, accompagné de Londar et du cercle des Anciens s’avancèrent hors de leur petite ville afin de signifier par cet accueil leur joie de cette visite.
Algorat le rude, ainsi que sept autres chefs de clans, se présentèrent sur la récente route de terre à la tête de leurs plus habiles commerçants, (eux sauraient repérer les bons et vrais articles dont le peuple des Cornes Roses montrait le besoin).
Londar fit quelques pas en avant et Algorat fit de même.
Ils se contemplèrent un instant, puis tous deux s’offrirent instinctivement à une étreinte sincère. Leurs mains se donnaient mutuellement des grandes tapes dans le dos, signe viril d’un attachement réel entre les deux hommes.
Après ce rituel de bienvenue plus que chaleureux, les deux hommes firent les présentations de leurs plus importants accompagnants.
Dagornar, en tant que chef suprême du peuple du désert, fut personnellement salué par les différents chefs de clans des Montagnards, qui n’avaient pas encore un chef commun et souverain.
Ils reprirent le chemin de la ville nouvelle et c’est ensemble qu’ils entrèrent dans Kââydish sous les compliments élogieux des barbares. Étant plus accoutumés aux huttes sommaires, les Montagnards ne pouvaient qu’être impressionnés, admiratifs devant l’architecture elfique qui avait été utilisé pour la construction de ces petits chalets de bois.
Toutes et tous avaient des yeux ébahis. Pour la plupart, ils n’avaient jamais eu l’occasion d’entrer dans une ville, ayant les montagnes comme autant de lieux de vies
Les artisans et tout le peuple reconstitué des anciens gens de Sarthak, avaient préparé un vrai marché sur la grande place de Kââydish. Tous les articles confectionnés par leurs soins étaient étalés pour que des yeux envieux puissent se laisser tenter.
Certains Elfes se promenaient parmi les allées de ce marché d’un genre nouveau, dans cette forêt, encore considérée comme hantée par des créatures maléfiques. Le peuple des Cornes Roses n’avaient plus côtoyé les Elfes depuis bien des siècles, alors Londar se fit lien entre ces deux ethnies si différentes et si proches à la fois.
Aucune tension ne planait. Les barbares, qui étaient pourtant victimes d’une réputation cruelle, étaient des gens rudes certes mais chaleureux, leur amitié était plus solide que le roc et leur loyauté aussi pure que le diamant.
Les bases d’une forte et profonde entente se solidifièrent chaque jour un peu plus entre ces trois races ancestrales. Leurs intérêts commerciaux communs ne présentaient plus le moindre doute, leurs relations avaient franchi des caps et nombres barbares se firent des amis parmi les gens de la forêt ou de Kââydish. Leurs apparences étaient à l’opposé, leurs vêtements et leurs armes n’avaient rien en commun, mais pourtant l’harmonie régnait entre ces rudes peuplades. L’unique taverne, qui connu des soirées de festivité mémorables où le vin et l’hydromel coulèrent à flots ne fit même pas le plus petit récit de querelles ou de bagarres.
Le jour du départ était arrivé, trop vite, pour Algorat et ses congénères. Il était plus prudent pour les Montagnards de retourner sur leurs terres, au cas où l’armée d’invasion All’Kaarienne ait remarqué le déplacement d’une partie de leurs troupes. Le convoi, chargé d’articles divers et variés, était paré à reprendre le chemin des montagnes. Les barbares avaient payé les artisans avec des gemmes étincelantes ou avec des pièces d’or et d’argent. Le commerce est le plus sûr allié de la paix, tandis que la guerre répand le chaos, et celui-ci se nourrit de misère et de souffrance.
Avant de regagner leurs terres respectives, les Montagnards s’accordèrent un moment pour faire leurs adieux aux habitants de Kââydish, se donnant rendez-vous prochainement pour d’autres échanges commerciaux. Certains avaient même passé commande d’articles spécifiques qui seraient livrés à leur future rencontre.
-- Voilà, ces trois jours de réjouissances arrivent à leur fin mon ami. Ce fut une vraie joie de te retrouver, de rencontrer ton peuple, confia Algorat le rude à Londar.
-- Cela a été un plaisir partagé Algorat, je suis si heureux de notre entente, je veux dire celle de notre peuple. C’est si bon d’avoir des amis, des alliés sur cette terre, que grâce soit rendu à Gayâ.
-- Nos Dieux ne répondent pas tous aux mêmes noms, mais ils nous guident de la meilleure des façons, j’en suis certain à présent. Sois heureux mon ami.
-- Sois heureux mon ami, répondit Londar.
-- Par les cornes de Zelbag ! J’allais oublier ! Alyate m’a confié un cadeau pour toi, pour te remercier de l’avoir soigné, lança Algorat tout en fouillant dans une des poches de son grand sac de voyage.
Il chercha un instant tout en maugréant d’impatience, n’arrivant pas à mettre la main sur ce fameux cadeau.
-- Ah, voici ! fit-il en tendant une petite bourse de cuir à son ami.
Londar la saisit et entreprit de l’ouvrir. Lorsqu’il découvrit ce que la bourse contenait, il lâcha une exclamation de surprise enjouée.
-- Algorat ! Elle est vraiment magnifique ! Remercie infiniment ta femme pour ce présent mon cher ami, souffla-t-il en admirant encore la pierre précieuse d’une taille et d’une pureté exceptionnelle, c’est vraiment ce que je crois ?
-- Oui, Londar, c’est un diamant. Nous trouvons rarement des gros comme celui-ci, mais de temps à autre nous avons de la chance.
-- Tu pourrais acheter un château avec cette pierre, es-tu vraiment certain de vouloir me l’offrir ?
-- Ce n’est pas moi qui te l’offre, mais Alyate et chez nous les femmes font toujours ce qu’elles ont décidé. Alors, si je peux te donner un conseil, acceptes si tu ne veux pas la fâcher, expliqua le rude guerrier, en gratifiant le guérisseur d’un large sourire espiègle.
-- Bien, bien, je l’accepte. Mais remercie-là comme il se doit, je te prie ?
-- Ce sera fait, surtout après plusieurs jours d’absence, plaisanta Algorat en riant cette fois-ci.
Londar prit son ami dans ses bras et lui donna l’accolade de l’au-revoir. Il en profita pour cacher son émotion, sa femme et ses enfants lui manquaient toujours terriblement.

Tantor l'âme de l'épée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant