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Le groupe d'aventuriers dormait d'un profond sommeil réparateur.
Seul Tristar montait la garde, tout en sachant pertinemment que le risque d'être attaqué était quasiment nul.
Le sang mêlé avait pris le premier tour de guet pour pouvoir dormir le reste de la nuit, afin d'être frais et bien disposé, tôt le lendemain matin pour retrouver le chemin de la cité sylvestre.
L'archer repensait aux périodes où il avait séjourné chez les Elfes avec ses parents, doux souvenirs encore bien ancrés dans sa mémoire.

Il se remémorait avec un sourire heureux les longues journées de chasse à l'arc dans ces bois immenses où le gibier était aussi nombreux que divers.
Le peuple ancestral des Elfes se voyait doté de talents d'archers hors pairs, autant par la dextérité de leurs mains que par la qualité de leurs arcs.
Ils utilisaient pour la plupart de puissants arcs longs, (faits sur mesure dans du bois d'if aussi résistant que nerveux) mais pouvaient aussi se servir d'arcs courts pour le combat rapproché.
Du fait de leur vie, tellement plus longue que celle des humains, cela leur laissait énormément de temps pour acquérir une expérience du tir phénoménale, presque surnaturelle.

Des bruits de pas l'alertèrent, mais ce n'était que Solilar qui venait prendre son tour de garde. Le vieil homme s'installa à côté de lui et sourit tout en posant sa main sur le bras de Tristar.
-- Allez dormir mon ami, je prends la garde.
-- Croyez-vous qu'il va se réveiller ? demanda le semi-Elfe en montrant Nandrag du regard.
-- Bien sûr, j'en suis certain. Ne vous tracassez pas pour lui, il est solide notre noble guerrier.
L'archer salua le magicien et se dirigea vers l'endroit où les autres reposaient dans les bras de Morphée. Après les quelques pas qu'il fit pour rejoindre sa natte et sa couverture, il se baissa et s'allongea sur le dos.
Inquiet, il se releva et s'approcha de Nandrag.
Le jeune guerrier dormait profondément, sa respiration était calme et régulière. Tristar remonta un peu plus la couverture sur son ami en chuchotant :
-- Je ne sais pas ce qui va de travers pour toi mon ami, mais nous sommes à tes côtés pour t'aider. Repose toi et demain reviens nous fidèle à celui que nous nommons Dragon Noir.

Ensuite, il resta un court moment à regarder le ciel étoilé et enfin retourna profiter de sa couche.

Le jour s'était levé depuis un moment mais Kriddo, détenteur du dernier tour de garde, avait laissé ses amis dormir afin de se reposer un peu plus.
Il admirait le paysage, restreint pour un homme habitué aux grands espaces à perte de vue. Ici, au centre de cette clairière, le regard se heurtait rapidement aux arbres majestueux, aucune saignée permettant une vision plus lointaine des choses, juste des arbres démesurés et imposants.

Tout à coup, un cri venu du groupe de dormeur attira son attention. Nandrag, le visage défiguré par une grimace de douleur se redressa sur son postérieur en ouvrant son pauvre œil rougi. Il était essoufflé et hagard. Il massa un peu son œil meurtri sans s'occuper de rien d'autre.
Ce cri avait réveillé ses compagnons et tous se redressèrent, prêts à toutes intrusions hostiles de leur campement.
Mais, tout était calme, le soleil brillait dans le ciel et les grillons se remirent vite à chanter à tue tête.
Ils se détendirent et se levèrent sans avoir pris conscience du retour de leur ami parmi les vivants.

Tristar laissa échapper ce qui sonnait comme un juron bien pesé, mais en elfique, ce qui lui permit de garder de sa prestance princière.
Il venait de voir Nandrag, assis sur sa couche dans l'herbe verte, le regard perdu dans le vague.
-- Nandrag ? Tu es réveillé ? s'exclama le semi-Elfe, est-ce que tu m'entends ?
-- Euh, oui...je t'entends pourquoi ? dit-il en tournant son regard douloureux vers son ami.
-- Tu étais inconscient, tu te souviens ?
-- Non,...Nous étions dans le pentacle prêts à partir et puis,...Plus rien, le trou noir, c'est étrange, non ?
-- Oui, on ne peut plus étrange mon jeune ami, intervint Solilar, Et, la créature semblait te connaître...cela te rappelle-t-il quelque chose ?
-- Non, et...de quelle créature parlez-vous ?
Nandrag était plus que perplexe, inquiet peut-être.
-- Du nécromancien de Kâlishmââ ! lâcha Solilar.
Devant la moue d'incompréhension du jeune homme, les quatre aventuriers furent saisis par un sentiment incontournable, cet homme ne savait absolument pas de quoi on lui parlait.
Ils le laissèrent un peu respirer afin de reprendre ses esprits, embrumés pour l'instant.
Londar ausculta son compagnon et après un moment, il déclara :
-- Ton œil a saigné, mais je ne vois pas de lésions graves. Solilar nous avait dit de fermer les yeux, tu auras sans doute oublié cet avertissement, pris de surprise par la créature qui s'adressait à toi.
-- Je ne m'en souviens pas Londar. Je commence à être habitué à perdre la mémoire, même si cela me terrifie.
-- Sois patient, tout finira bien par revenir, lança Tristar pour dédramatiser la situation.
Nandrag acquiesça, pas tout à fait convaincu.
-- Où est Treggar ? demanda-t-il.
Le silence pesant qui suivit lui donna une partie de la réponse.

Tantor l'âme de l'épée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant