Rosaly

Chapitre Cinq : Hayden

          Tourmentée par ce cauchemar à répétition je n'avais presque pas dormi de la nuit, je passais le portail du lycée en baillant. Je ne comprenais pas pourquoi ce cauchemar s'acharné à faire de mes nuits un champ de bataille. Je ne voulais pas effrayer mes proches avec ces quelconques problèmes, en vain. A peine j'étais sortie de mon lit ce matin que ma mère m'avait sauté dessus avec des dizaines de questions. Ce moment s'était reproduit à peine sorti de ma voiture avec Elie. J'avais l'impression de revivre la même journée, tous les jours et ce depuis qu'il est arrivé dans ma vie. Dans une énième tentative j'avais essayé de faire parler ma mère pour essayer d'avoir un indice sur les gênes que j'avais reçu, mais elle ne savait toujours rien et fuyait ces conversations. Je ne lâcherai pas cette affaire, pas tant qu'elle ne devienne pas une affaire classée. Parfois j'aimerais retourner dans le passé, essayer de changer mes choix de vies, mais on ne choisit pas sa famille ni les personnes qui s'invitent sans pour autant être invitées, alors je resterai dans cette vie qui est mienne à présent.

          Je marchais dans les couloirs du lycée pour rejoindre mon cours principal aux côtés de ma meilleure amie qui me parlait de son projet de littérature, mais j'étais ailleurs, toujours coincée avec ces pensées et ce cauchemar, je faisais semblant de l'écouter même si ça ne me plaisait pas. Je pensai soudainement que je ne lui avais toujours pas dit que Hayden était venu chez moi et qu'il s'était présenté à ma mère, il ne faudrait pas que je tarde à lui raconter.

          J'arrivai dans mon cours principal et elle rejoignit le sien, en m'installant je sentis une présence familière derrière moi. Observant l'environnement je regardais qui s'était assis dans mon dos : Hayden.

          Il me regarda avec un sourire aux coins des lèvres, il joignit son index et son majeur à son front pour me lancer ce qui me paraissait être un : bonjour, narquois. Je me retournai face au professeur qui me faisait face en essayant de ne pas penser à tout cela au moins pendant le cours, mais ce fut plus difficile que prévu quand celui que vous vouliez fuir se trouvait à un petit mètre de vous.

          Le cours passé, je pris ma veste posée sur ma chaise et vis un carnet en dessous de celle de derrière. Je m'agenouillais pour le prendre concluant qu'il s'agissait de celui d'Hayden, mais il était déjà parti. Sa couverture était en cuir, un cuir doux sous le toucher et entouré d'une petite corde qui l'empêchait de s'ouvrir. Je compris qu'il était définitivement plus après avoir fait le tour des couloirs, je le mis dans mon sac et repris la route de chez moi.

          Je n'avais pas trouvé le temps de parler à Elie sur la soirée de vendredi, j'avais cette impression de ne plus savoir quoi lui raconter, mais surtout elle ne semblait ni intéressée ni inquiète.

          En rentrant, je ne trouvais personne à la maison, je m'étais installée sur le comptoir de la cuisine pour faire mes devoirs avec une tasse de thé. En voulant prendre mon livre de sciences, je sortis le carnet que j'avais trouvé plus tôt dans la journée. Je me sentais coupable de l'ouvrir alors je le reposais et me concentrais sur mes devoirs, mais ma curiosité était plus forte que ma raison et je l'ouvris précautionneusement par peur de voir un je ne sais quoi surgir de ce carnet, mais je fus surprise de la voir presque rempli, je ne savais pas qu'il écrivait autant.

29 juillet 2013

         Ce fut ma première mission en tant qu'enfant du temps, j'ai atterri à Paris le 29 juillet 1830, pendant les Trois Glorieuses : trois jours de révolte pour cause que le Roi voulait supprimer le droit de presse. C'était le dernier de ce combat, comme on me l'avait expliqué, le but n'était pas de changer le cours de l'histoire, cela aurait provoqué de lourdes conséquences pour le futur. J'étais à la recherche de la créature qui n'avait rien à faire dans ce monde et surtout à cette époque. J'ai marché pendant un long moment dans Paris avant de la trouver, elle était sur le point d'attaquer un civil, c'était un manticore, un corps de lion et une queue de scorpion. Je pris une longue seconde avant de l'attaquer pendant que mon compagnon prit le civil pour faire diversion. J'ai pris mon épée, arme qui m'était destinée et j'ai commencé un combat sans relâche avec ce monstre, celui qui m'accompagnait me rejoignit et ensemble nous battions cette chose. Après s'être évaporée, je suis resté un moment sans bouger, hébété de ce que je venais de faire, nous avons repris la route pour retourner à l'endroit qui nous a permis de rentrer. Les combats ont continué dans les rues, opposant les Parisiens au gouvernement du Roi Charles X.