Chapitre huit : 25 février 1972

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Mercredi 31 octobre 2016

Cher Journal,

          Cela fait maintenant des semaines que je tente de contrôler mon nouveau don qui est de voir les auras des personnes se trouvant à mes côtés. Je ne me reconnais plus, je n'ai pas l'impression d'être la même fille que lorsque j'ai passé la porte pour ma dernière année le mois dernier.

          Pendant tout ce temps, j'ai appris à connaître Gabriel, bien plus qu'Hayden qui a complétement abandonner ses responsabilités. Gabriel est le parfait opposé de l'homme aux cheveux d'or : patient, attentif, compréhensif...C'est grâce à lui que j'arrive à garder la tête haute après le développement de mes nouvelles capacités, il est très vite devenu le grand frère que je n'ai jamais eu. Elie était présente aussi, elle ne cesse de me dire que je suis une super héroïne, mais c'est loin d'être le cas. Je ne veux pas m'immiscer dans la vie de toutes ces personnes contre leur gré, c'est comme si je me mêlais à leur corps, leur histoire, je ressentirai tout, même les émotions les plus horribles.

          Alors non Elie, je ne suis pas une super héroïne, si c'était le cas je sauverai tout le monde, mais ce n'est pas le cas : comment pourrais-je le faire alors que je n'arrive pas à me sauver moi-même ? Le monde auquel je vais appartenir me demandera de tuer, d'être irréprochable et de mettre ma vie en suspens. Mais ça n'arrivera pas, je ne m'arrêterai pas de vivre pour un don que je ne devais pas hériter, si je suis la seule fille à avoir ces gènes c'est sûrement pour une raison : il est temps de la découvrir et de changer le monde.

XXX

—Arrête ! Stop, je ne veux plus !

— Il faut que tu te dépasses Rosa ! il criait encore plus que moi.

— Je vais te tuer, si tu ne te la boucles pas, je vais t'arracher la langue et te l'enfoncer dans la gorge !

 — Trésor, ce n'est pas toi qui parles, mais la colère et si tu ne te calmes pas maintenant elle va prendre le dessus et tu vas sombrer. Ne m'oblige pas à faire comme la fois dernière, son ton était grave et je savais ce que cela voulait dire.

          Ma colère grandissait au fur et à mesure qu'il me parlait, je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps, la colère était en train de prendre le dessus, je n'arrivais pas à distinguer autre chose que la colère. Mon esprit et mon corps étaient en conflit permanent, tout ce que je voulais c'était que Gabriel arrête de me parler comme si j'étais une enfant, je voulais l'atteindre, physiquement. Comme je m'y attendais, je sentis mon dos rencontrer le sol, non pas avec brutalité, mais une vive douleur s'empara tout de même de mon corps. Je me débattais, du mieux que je le pouvais, mes bras se faisaient plaquer au-dessus de ma tête, mes poignets étaient emprisonnés par de grandes mains :

— Rosaly, j'ai dit STOP !

          Je m'arrêtai instantanément, reprenant petit à petit conscience, je compris que je ne faisais pas le poids face à lui. Comme à son habitude il me chuchota les mots qu'il fallait :

—Trésor, tu n'es pas toute seule, je suis là c'est fini, on arrête pour aujourd'hui tu as été très forte et courageuse, tu t'améliores de jour en jour.

          Doucement, il enleva ses mains de mes poignets, toujours sur ses gardes, mais je lui fis signe que j'allais bien et que j'étais de nouveau...moi-même. Comme après chaque séance d'entraînement, je me sentais coupable et je ne puis m'empêcher de vouloir m'excuser :

— Gabriel ? il tourna la tête de mon côté, signe qu'il m'écoutait, je suis désolée, je ne voulais pas te dire tout ça, tu sais que je ne le pensais pas et quand bien même, je serai incapable de le faire avec ma force de mouche.

RosalyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant