Chapitre vingt-deux : Vie pour vie

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Rosaly

          Cela faisait dix minutes que j'attendais devant la porte sans pour autant vouloir la franchir. Me réveiller seule à l'hôpital n'était pas ce dont j'avais rêvé, mais je n'avais pas le choix apparemment. Je ne saurais dire ce que cela faisait de ne pas pouvoir bouger, de ne pas réussir à prononcer un seul mot, de n'avoir le contrôle sur rien. En regardant ma maison comme si je venais de la découvrir pour la première fois, je me rendis compte que je n'y avait pas mis les pieds depuis des mois, que je n'avais pas vu ma famille depuis des mois. Ma mère devait me détester de l'avoir abandonné tout ce temps, sans rien savoir.

          Je pris alors mon courage à deux mains et montai le perron de la maison, ouvrit la porte et tomba sur ma mère qui mangeait seule. Son regard se planta dans le mien et elle se leva pour me prendre dans ses bras. Après avoir découvert que ma mère n'était pas celle que je croyais, c'était comme si tout était devenu étranger chez moi. Je ne partageais pas le même sang que mon petit frère, je ne voyais plus ma maison comme avant, je découvrais tout sous un nouveau regard. Sous le regard d'une enfant du temps ainsi qu'une descendante d'une mère sorcière et d'un père clairvoyant. Je ne sais pas vraiment ce que je ressentais au moment où ma mère me prit dans ses bras, mais malgré les mensonges, les disparitions et le chaos qui arrivait à grand pas, je n'arrivais pas à en vouloir à tout le monde.

          Après avoir failli perdre la vie plus d'une fois, je m'étais rendue compte que c'était au moment où on était sur le point de perdre tout le monde qu'on les aimait. J'aimais ma mère, j'aimais mes parents biologiques et je voudrais les connaître davantage. J'aimais la bande, ma meilleure amie et surtout j'aimais Hayden. Je ne savais pas moi-même comment on en était arrivé là, mais de la haine à l'amour il n'y a qu'un pas et ce pas nous l'avions franchi depuis un moment.

          Ma mère s'éloigna de moi et chuchota une excuse à laquelle je ne répondis que par un sourire, ne sachant pas quoi répondre de plus, ne trouvant pas les bons mots. Je devais m'expliquer avec elle, mais surtout je devais lui dire que j'avais - sans vraiment faire attention - déclarer une guerre.

— Maman, je dois te dire que je suis au courant, au courant de tout maintenant. Je ne t'en veux pas, non je n'ai plus le temps d'en vouloir aux personnes que j'aime. Je suis désolée de t'avoir caché cette partie-là de ma vie, mais il faut que tu comprennes maintenant que tout cela est devenu beaucoup plus important que n'importe quoi d'autre. Je ne renonce pas à ma vie, je ne renonce pas à toi ni à Michael, mais je suis la seule personne qui peut arrêter tout ce foutoir. Après cela, je reprendrai ma vie là où elle s'est arrêtée, c'est-à-dire le jour de mes dix-huit ans. J'irai en école de médecine et je deviendrai celle que j'ai envie de devenir. Mais pour l'heure, je dois accomplir ce pourquoi je suis née. Sans vraiment le savoir j'ai déclaré la première guerre des enfants du temps et je dois maintenant l'arrêter. Je te promets de revenir te faire des bons petits plats quand tu seras rentré du travail, d'aider Michael avec ses devoirs et surtout, je te promets de revenir en vie.

          J'avais dit tout cela d'une traite, ne voulant rien oublier. Je ne m'étais pas rendue compte que nous pleurions toutes les deux, mais ma mère fondit en larme et me serra une nouvelle fois dans ses bras :

— Oh mon ange, je suis tellement désolée de voir qu'autant de poids se retrouvent sur tes épaules et que tu as pu penser que tu ne pouvais pas te confier à moi. J'ai tellement peur pour toi ma chérie et je ne veux pas te retrouver une deuxième fois à l'hôpital, pourquoi c'est sur toi que tout repose ? Pourquoi toi ? Un silence s'installa alors et je réfléchissais à cette question...Enfin, je dois te faire confiance, mais reviens moi, je t'en supplie, reviens-moi.

RosalyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant