Rosaly

Chapitre Dix : Salem

Salem - décembre 1691

           Je devais retrouver Sarah dans la forêt après avoir servi mon maître et ma maîtresse ; S'ils apprenaient que j'étais sortie de la maison sans leur demander leur permission, j'allais recevoir une énorme punition et redoubler d'effort pour réparer ma faute. Ce que je faisais avec les deux Sarah était naturel pour nous, mais tous les habitants de cette monstrueuse ville nous prenaient pour des sorcières, des sorcières ? Je ne savais pas ce que cela voulait dire jusqu'à ce que Sarah Osborne m'apprenne que les sorcières étaient les enfants du diable. Comment cela pouvait être possible alors que nous réparions le mal, les maladies, grâce à ce que pouvait nous offrir la nature ? C'était grâce à nous que les personnes guérissaient.

          En passant, devant le miroir de l'entrée de la maison, je me vis, mon teint était grisâtre, mes cheveux noirs au départ soyeux étaient maintenant crépus et sans vie. Je prévenais mes maîtres que j'allais me coucher après toutes mes tâches domestiques terminées. En entendant plus aucun bruit dans la maison j'en concluais que monsieur et madame Nicols étaient en train de dormir. J'en profitai pour m'évader dehors par la porte de la cuisine qui menait dans le jardin aux côtés de la forêt. Je rejoignis Sarah Osborne et Sarah Good dans notre petite cabane habituelle qui était assez éloignée de la maison des Nicols. Dans cette cabane nous aimions bien prier, concocter des antidotes contre toutes sortes de maladies, mais nous réussissions également à faire le nécessaire pour revoir nos êtres chers partis trop tôt. Comment pouvait-on dire que cela était de la sorcellerie ? Nous leur permettions tout, nous leur donnions tout et ils nous remerciaient en disant que nous étions des enfants du diable :

— Sarah, depuis quand ne vas-tu plus prier à l'église ? demanda Sarah Good à notre amie

— Cela fait déjà quelque temps maintenant que je n'y vais plus à cause de ma maladie, aidez-moi à me soigner, mes sœurs, pour que je puisse retrouver toute mon énergie et vous aider dans vos préparations.

          Sarah Osborne était notre amie avec Sarah Good, mais elle n'était pas comme nous, elle était ravissante et ne manquait de rien, pourtant elle était avec nous. Moi, June Wilkins, j'étais une esclave, une mal aimée et Sarah Good était comme moi, deux pauvres jeunes femmes, détestées par la société. Mais ce soir, nous allions continuer de guérir notre amie qui ne pouvait plus aller prier à cause de cette maladie dont on ignorait toujours les causes. Nous nous installions en cercle, pour commencer notre rituel, Sarah Osborne en face de moi et Sarah Good. J'ai pris ma bougie blanche pour graver le nom de mon amie sur cette dernière. Mon autre amie à mes côtés me tendit le parchemin sur lequel j'inscrivais le prénom de Sarah ainsi que :

          "Je demande aux forces de la planète, du Soleil et aux Éléments de faire en sorte que Sarah Osborne reçoive une énergie qui lui permette de retrouver la santé. Qu'il en soit ainsi".

          Je regardais Sarah Good qui brûlait l'encens de benjoin et quand elle eut terminé je passais le parchemin dans la fumée et ensemble nous répétions l'incantation que j'avais écrite sur le parchemin, je pris la main de mon amie, nous fermions les yeux et nous répétions en cœur :

— Je demande aux forces de la planète, du Soleil et aux Eléments de faire en sorte que Sarah Osborne reçoive une énergie qui lui permette de retrouver la santé. Qu'il en soit ainsi...

          Nous attendions un petit moment avant d'ouvrir les yeux, puis quand nous les avions ouverts de nouveau, notre amie flottait dans les airs, à quelques centimètres du sol seulement. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Est-ce que cela fonctionnait ? Je regardais mon amie :

— Recommençons ma sœur, nous sommes sur le bon chemin, Sarah, nous allons te soigner ! un regard vers Sarah Good et nous voilà repartie, nous demandons aux forces de la planète, du Soleil et aux Eléments de faire en sorte que Sarah Osborne reçoive une énergie qui lui permette de retrouver la santé. Qu'il en soit ainsi !