Chapitre Douze : Lâcher prise

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          Après des années à surmonter mon plus grand traumatisme, j'avais réussi à faire face à la réalité et à me réhabituer à la vie sociale. Malgré tous ces combats, me retrouver en face de mon père restait un des moments le plus difficile. Le voir, sourire aux lèvres me révulsait je n'arriverai jamais à dépasser cette situation. Après sa séparation avec ma mère, mon père a réussi à reconstruire sa vie aussi vite qu'il avait détruit la nôtre : en un claquement de doigt. Il avait rencontré une femme, emménagé avec cette dernière et cela en seulement trois mois.

          Je remis de l'ordre dans mes pensées voyant que mes amis étaient toujours en face de moi en attendant une réaction de ma part. J'attendis devant la porte d'entrée pour regarder mon père partir avec sa voiture avant de me tourner vers les garçons pour leur ouvrir la porte. Avant que Hayden ne passe cette dernière, je plongeais mes yeux dans les siens et j'enroulais automatiquement mes bras autour de son cou, me hissant sur la pointe des pieds dû à sa grande taille. Je le sentis se crisper sous mon geste, mais je ne m'enlevais pas pour autant, c'était le seul qui ne m'avait pas pris dans ses bras depuis le début alors je voulais voir ce que ses bras, à lui, m'envoyait comme sensations. Comme je m'y attendais, il ne me rendit pas mon étreinte, je décidai alors de reculer en dessinant un petit sourire timide sur mes lèvres avant de fermer la porte derrière eux. Je sentis le regard insistant de ma meilleure amie s'attarder sur moi :

— C'était quoi ça ? me demanda-t-elle

— Rien, je voulais juste le remercier, mentais-je

          Elle plissa ses yeux pour voir si je disais la vérité, mais elle ne posa plus de question sur ce sujet. En regagnant le salon, je vis le livre que Hayden lisait plus tôt dans la journée sur la table, je m'approchais de l'objet pour y lire le titre : Les Hauts de Hurlevents, d'Emily Brontë. Je caressais la couverture et remarquais que c'était celui que m'avait prêté Elie, j'allais me retourner pour le lui faire remarquer, mais une voix grave interrompit mon mouvement :

— Il est plus moi-même que je ne le suis, cita Hayden en me regardant dans les yeux, de quoi que soient faites nos âmes...

— La sienne est la mienne sont les mêmes, continuai-je, toujours plongée dans son regard.

          Il me prit le livre des mains, abasourdie de voir qu'il connaissait autant ce livre que j'avais adoré lire avec Elie. Il resta devant moi sans bouger quelques instants en m'étudiant avant de faire demi-tour et de repartir. Je ressentais toute son animosité émaner de son âme, je compris qu'il était redevenu le Hayden que j'avais vu en début de journée : froid et distant. Je regardais ma meilleure amie et simulais un faux sourire sincère qui fonctionna puisqu'elle étirait ses lèvres à son tour. Pour ne pas m'éterniser sur ma propre personne, je changeais de sujet :

— Qu'est-ce que vous cachiez Gab et toi ? elle perdit son sourire, ce qui ne faisait que confirmer qu'ils me cachaient bel et bien quelque chose.

— Ce qu'on te cache ? Rien...rien du tout, pourquoi voudrais-tu qu'on te cache quelque chose ? Je suis ta meilleure amie, jamais je ne pourrais garder un secret pour moi, surtout quand il s'agit de toi.

— Elie, tu parles trop quand tu essaies de détourner la situation, crache le morceau, au moins sur ta relation avec Gabriel.

          Elle leva les yeux vers moi et se laissa tomber dans le canapé, résolue à répondre à mes questions et je la rejoignis. Un silence s'installa un instant avant qu'elle ne commence à prendre la parole :

— Je ne pensais pas qu'on habitait à côté jusqu'à ce je vois sortir de chez lui un jour. Sur le moment j'étais surprise, je ne savais pas trop comment réagir, mais les jours sont passés et on a commencé à passer plus de temps ensemble. Soit c'était chez l'un, soit chez l'autre, ce qui explique aussi que j'arrive plutôt bien à apprécier Hayden. J'aime vraiment bien Gabriel, il est toujours très présent, attentif et attentionné. Je vois aussi qu'il arrive à te rendre heureuse et te rendre le sourire que tu avais longtemps perdu, alors comment ne pas l'aimer ?

RosalyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant