Rosaly

Chapitre Sept : Aura

          Il passa sa main sur son visage, il était perdu et moi aussi, je ne savais pas où toute cette histoire allait nous mener, mais je ne ressentais rien de bon. Il a fini par partir en claquant la porte de ma chambre derrière lui, me laissant seule avec mes questions sans réponse. Je me levai après quelques secondes de silence, mon corps se dirigeait tout seul vers ma salle de bain, se positionna devant mon miroir et je me regardais, du moins je regardais mes yeux, ce changement était soudain et inattendu, comment pouvais-je être l'une des plus fortes ? Je faisais des allers-retours de ma chambre à ma salle de bain sans cesse, pensant que ce que je voyais aller changer. En m'asseyant sur mon lit, je ne comprenais pas pourquoi je n'avais toujours pas de sensation concernant mon don, pourquoi ne se manifestait-il pas ? Mais qu'allait-il se passer par la suite ? Comment vais-je pouvoir tout contrôler ? Hayden était parti, peut-être allait-il me laisser une nouvelle fois seule face à l'inconnue qu'était son monde. En voulant me rendre une énième fois dans ma salle de bain, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir, ma mère était rentrée, c'était le moment d'avoir une réponse à l'une de mes nombreuses questions qui tournaient dans ma tête, allait-elle remarquer ? Je descendais les escaliers, pris les sacs de coursent que ma mère portait dans l'une de ses mains, je lui demandais comment s'était passée sa journée et j'attendais que ses yeux rencontrent les miens pour voir sa réaction. Elle devait savoir que quelque chose clochait, j'agissais d'une façon inhabituelle avec elle et elle fit ce que j'attendais depuis le début, je fixais ses yeux, mais elle ne remarqua rien d'étrange sur moi. D'un côté j'étais soulagée, cela voulait dire que ce changement ne se voyait pas si on n'y faisait pas attention et sans m'en rendre compte, je compris, ma mère ne faisait pas attention à moi, comme chaque soir où elle rentrait tard du travail. Je ne lui en tenais pas rigueur, jamais je ne pourrai lui en vouloir de travailler dur pour nous permettre d'avoir un toit sur la tête, de la nourriture, de quoi vivre. Mon père était parti sans vraiment se retourner, il s'était reconstruit une vie après l'enfer qu'il nous avait fait vivre auparavant, sans nous compter à l'intérieur, bien évidemment. J'entendais parler de mon père que quand j'avais besoin de lui et que quand il avait besoin de moi, au-delà de ça, je n'avais pas vraiment de nouvelle de lui. Pour dire vrai, je ne faisais pas beaucoup d'efforts pour me rapprocher de lui et plus jamais je ne le voudrais. La rancune habitait mon esprit et mon corps depuis que toute cette histoire a commencé, depuis la première dispute, depuis les premier cris, les premiers pleurs, depuis ce jour, je savais que plus rien n'allait être comme avant. Je repensais aux paroles de Hayden "parce que Papa a quitté la petite maison pleine de licornes et d'arcs-en-ciel". Il se trompait, ma maison n'avait jamais été aussi pleine de licorne et d'arcs-en-ciel depuis qu'il était parti, je n'ai jamais été autant heureuse que lorsque j'ai vu, pour la première fois ma mère sourire pour de vrai, quelques mois après leur séparation. Pour ma part ma dépression ne m'avait pas aidé, je n'en parlais que rarement, mais j'étais le principal sujet des disputes de mes parents...

Flashback : 26 octobre 2014

—Elle vient d'avoir 16 ans Alex ! Tu ne peux pas lui priver de voir ses copains ! C'est de son âge !

—Tu ne me dis pas comment je dois éduquer ma fille Isabella ! Elle n'ira pas à cette soirée, point final ! Habillée comme une prostituée en plus de cela !

          Je pleurais à chaudes larmes, l'air jusque dans mes poumons était difficile. L'eau salée dans mes yeux brouillaient ma vue, je sentais que je perdais l'équilibre alors que les cris incessants de mes parents bourdonnaient dans mes oreilles :

—Je te rappelle, Alexandre Nicolas Atkins ! Que c'est aussi ma fille et je t'interdis de l'insulter de cette manière.

          Mon corps m'abandonna, je sentais la fraîcheur du sol parcourir mon dos et les pas de ma mère se précipiter vers moi, mon corps se secoua de spasmes quand je la vis se pencher vers moi puis se relever pour aller chercher le remède à ce cauchemar.