Chapitre Vingt : Chère Rose

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Avril

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Chère Rose,

          Je t'ai raconté un jour de pluie, assis sur ton perron parce que nous avions refusé de rentrer chez toi, pour regarder la pluie se déverser sur la route, tout simplement parce que l'un de nos points communs était que nous aimions cette dernière, je t'ai avoué que je détestais écrire. C'était le moment où nous apprenions vraiment à se connaître, à parler de ce que nous aimions faire ou ne pas faire, nos passe-temps, nos hobbies...

          Nous marchions côte à côte dans la rue seulement éclairée par la lumière de la lune qui menait jusqu'à chez moi. Le silence qui s'était installé ne nous dérangeait pas, au contraire...il nous rapprochait. Je pris un moment pour le regarder, seulement quelques minutes, et je fus surprise de le trouver...beau. Il était étrangement serein, ce qui me prouvait que cet instant lui était tout autant bénéfique que moi. Ses lèvres fines étaient - si nous nous attardions bien dessus - légèrement retroussées en un petit sourire montrant toute sa sérénité. Un sourire souvent caché par ce masque, un masque qu'il avait construit pendant toutes ces années, un masque qu'il commençait à retirer petit à petit en ma présence, ce qui me touchait. Ce n'était pas le même homme que j'avais en face de moi ce soir, un homme qui ne se défendait pas avec des insultes, en rejetant sa haine sur les personnes qui l'entouraient et qui en plus de cela ne portaait pas d'arme sur lui. C'était un homme normal et j'adorais voir cette facette-là de sa personnalité :

Tu veux un peu de popcorn pour continuer à regarder ce qui te divertis ?

C'est si gentiment demandé, ça sera avec du sucre pour moi

Hum, j'espère que le divertissement te plait

Peut-être bien, souriais-je

          Pourtant, me voilà à tes côtés sur ce putain de fauteuil d'hôpital inconfortable à attendre que tu ouvres les yeux. Je t'écris cette lettre alors que je t'avais juré que jamais je ne pourrais écrire à qui que ce soit, même pas à la femme de ma vie, m'avais-tu demandé. Mais alors Rose, si tu n'es pas la femme de ma vie, si tu n'es pas celle qui est censée faire battre mon cœur ou même le faire cesser de battre, si tu n'es pas celle que je dois aimer, chérir plus que tout, qui es-tu ? Pourquoi suis-je donc en train de t'écrire cette lettre ? Je suis un putain de paradoxe, je connais absolument tout de toi, ton odeur préférée, ta couleur préférée, cette manie que tu as d'écouter de la musique à chaque sentiment que tu éprouves, que tu sois en colère, triste ou joyeuse. La façon que tu as de bouger la jambe et de te mordre l'intérieur de la joue quand tu angoisses ou de lever un sourcil pour montrer ta fatigue envers mes actes ou mes mots. Je connais tout, mais pourquoi je ne connais pas la raison qui me pousse à t'écrire. ? « Ne te force pas à savoir, tu le sauras un jour ou l'autre », me dirais-tu.

RosalyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant