Chapitre 4

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                                                                        Lee

Paris, dix heures, une semaine plus tard

Le soleil matinal apporte une douce chaleur compromise par la brise fraîche de l'automne. Un tas de monde que je semble ne pas connaître sont présent pour elle et cela me fait véritablement plaisir.

Je suis vêtu de mes plus beaux vêtements noirs pour cette occasion. Noir, pourquoi cette couleur ? Je n'en ai aucune idée, encore un mystère. J'ai enfilé un pantalon de costume noir avec la veste qui fait de pair. C'est mon ensemble « événement » qu'elle m'avait acheté pour l'enterrement de Léo.

Nous sommes tous debout devant son portrait déposé sur un chevalet et entouré d'une magnifique gerbe de fleurs. Le trou précreusé pour l'accueil de son cercueil est juste à côté. Paul prononce quelques phrases avant de repartir en pleurs de l'estrade vers les bras de sa sœur.

- Nous allons passer à l'écoute de la musique choisie par la famille de la défunte. Déclare le maître de cette cérémonie.

Il appuie sur le bouton et lance cette musique triste que ma mère adorait : la version française de « In the stars » de Beson Boone et Phillipine Lavrey.

Mais ce que qu'il y a de pire, c'est ta main que j'aimerais tenir mais je sais pourtant qu'elle ne reviendra pas [...] Now you in the stars and six feet's never felt so far. Pendant que nos souvenirs se change ne larmes sur ma peau..

Les larmes coulent sur mes joues mal-grès le fait que je souhaite les retenir.

La fin arrive, la musique se coupe et le maître reprend la parole.

- Je vais maintenant vous proposer de faire vos derniers adieux à Maria Heutson à travers un jeté de fleurs.

Chacun leur tour, ils jettent une lys, la fleur préférée de ma mère sur son cercueil. Mon tour vient, je jette un dernier coup d'œil à son portrait. Ses traits tirés, ses yeux flamboyants et ses cheveux brillants.

Son portrait est accompagné de lys de toutes les couleurs et d'autres sortes de fleurs que je ne pourrais pas nommer. Je ne suis pas botaniste après tout.

Je jette une lys avec les quelques autres dans le trou, une larme coulant sur ma joue.

Au revoir maman.

                                                                        ***

Je me racle la gorge avant de prendre la parole.

- Hum hum. Je voudrais faire un discours.. Maman, tu étais la personne la plus joviale que je connaissais, mais tu n'es plus là. Depuis petite, tu rêvais d'une belle vie, mais l'Univers en a décidé autrement. Toi, femme heureuse et pensive que tu étais, tu rêvais d'une grande famille. Malheureusement, ce n'est pas réellement ce qui s'est passé. Si Léo était là, il aurait largement mieux fait que moi. Et si toi, tu étais là aussi, tu me dirais de ne pas me rabaisser et d'arrêter de me comparer aux autres. Sache que c'est très compliqué pour moi de te voir partir, tu avais temps encore à vivre laissant derrière toi ton fils de bientôt trente ans instable et ta fille de quatre ans si innocente. Encore hier, elle m'a demandé quand tu comptais revenir de ton voyage. Je n'ai pas pu me retenir de pleurer la serrant dans mes bras, lui chuchotant entre mes pleurs bientôt ma puce, ne t'en fais pas.

Tes yeux verts me manquent, tout autant que ton rire, que ton sourire ou de ta joie de vivre. Tu rêvais d'être photographe et tu as réalisé ce rêve. Notre salon était devenu ta galerie, ce qui ne me déplaisait pas.

Tu as su surmonter mon géniteur et te reconstruire après lui.

Je me souviens d'un de ces jours, tu sais, ce jour qui reste gravé à jamais. Je n'étais pas grand, j'avais treize ans, Léo, quinze. Tous les deux, nous voulions faire du vélo en forêt, donc tu avais décidé de ressortir ton vieux vélo du placard. Arrivé à la forêt d'à côté, littéralement dix minutes après notre arrivée, tu es passée par-dessus le vélo, t'étalant au sol . Tu avais coincé une branche dans ta roue avant. Sur le coup, nous avions tous eu peur, mais tu allais bien, alors nous nous sommes mis à rire comme jamais. Pour t'excuser de nous avoir fait rentrer, tu nous avais chacun acheté un sachet de sucreries. Puis nous avions passé le reste de l'après-midi à rire en faisant des jeux de société et à regarder de vieilles émissions drôles à la télévision.

Quelques heures, plus tard, Léo mourrait sous ses coups pour te protéger.

Aujourd'hui, quinze ans plus tard jour pour jour, c'est à ton tour de mourir à cause d'un foutu cancer du sein détecté beaucoup trop tard.

De cette journée, il ne reste que moi, celui qui devrait le plus mourir entre vous deux. Maman, je t'aime et je t'aimerais jusqu'à l'haut de là, comme tu me l'as dit à ce dernier moment.

                                                           Maman, tu es

                                                       et restera la femme

                                                         de ma vie pour

                                                             l'éternité

Des applaudissements se font retentir dans la salle, je descends de l'estrade en essuyant les larmes coulant sur mon visage.

Je repars m'asseoir à ma table à côté de Paul.

                                                                 ***

La plupart du repas organisé pour ma mère se passe réellement bien jusqu'au moment où je sens Maya me tirer le pantalon en jean que j'ai revêtu – c'est beaucoup plus confortable -.

- Leeeee...

- Oui Maya. Lui dis-je.

- Je peux te poser une questiooon? Me demande-t-elle toujours en accentuant la dernière syllabe.

- Oui ma puce, tout ce que tu veux.

- Mm..mes..mes copains disent que maman est morte.

Oh.

- Ça veut dire quoi ?

Je reprends ma respiration avant de lui répondre.

- Écoutes Maya, maman n'est pas partie en voyage. Maman est morte, cela veut dire qu'elle est plus là. Elle est partie au même endroit que Papy Roger et que Léo. Elle t'a déjà parlé de Léo ?

- Oui... Mai..mais..mais ça veut dire que je ne la reverrai plus jamais ?

Je retiens la larme qui souhaite dévaler ma joue.

- Oui. Tu ne reverras plus jamais maman.

Elle fond en larmes, ses pleurs remplissent la salle. Je la prends sur mes genoux pour la cajoler mais à la place, je me mets à pleurer avec elle.

Elle est si petite, elle n'a pas à vivre cela, elle va être traumatisée à vie.

- Pourquoii.. sanglote-t-elle de sa petite voix.

- Mamann.. Hurle-t-elle.

Je ne peux la réconforter, je suis dans le même état qu'elle, démuni. Elle pleure encore et encore pendant au moins vingt minutes avant de s'endormir dans mes bras. Je la berce pendant quelque temps avant de la déposer dans la voiture de son père. Je lui dépose un doux baiser sur le front et lui chuchote un bonne nuit.

- Tu ne peux pas conduire dans cet état Lee. Déclare Paul.

- Je t'assure que si.

- Je ne pense pas que tu veuilles que la prochaine personne à enterrer soit toi, alors soit je te raccompagne chez toi, soit tu appelles un ami pour qu'il vienne te chercher.

Ce que je fais. Me voilà donc rentré chez moi, allongé sur ce canapé et endormie pour une nuit de sommeil. 

Quand les étoiles s'entrelacentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant