Chapitre 13

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Emma

Paris, quinze heures

Comme à mon habitude, je suis devant ce dossier blanc sans source d'inspiration quelconque. Je me refait toutes les comédies romantiques possibles à la recherche d'une once d'idées, en vain. Le mécanisme de l'horloge est le seul bruit dans mon appartement vide. Jane est au centre aéré, ce qui me laisse totalement seule.

Enfin, c'est ce que je croyais.

Trois coups se font entendre à la porte. Je pars ouvrir quand je me cogne le doigt de pied contre la table basse. Quelques jurons plus tard et un petit orteil rouge, je lui ouvre.

Il est en face de moi là ?

– Salut, Emma. Lâche-t-il

C'est impossible. Il ne peut pas être en face de moi en ce moment même, pas après tant de temps.

– Sa... Salut.

– Comment va-tu ? Me demande-t-il

– Bien Jules, bien. Pourquoi es-tu ici ? Lui raillais-je

– Est-ce qu'on pourrait parler ensemble ? Me demande-t-il. Il a tellement changé en cinq ans. Sa barbe se fait plus présente et ses cheveux sont plus court qu'avant. J'ai cette impression que ses traits se sont durcis et que son esprit s'est apaisé. Je ne pourrais dire pourquoi d'ailleurs.

– Il est trop tard, maintenant. Tu as cinq ans de retard, je te signale. Lui lançais-je

– Je suis désolé, Emma. Je n'avais que vingt-cinq ans, tu comprends ? Déclare-t-il en s'avançant de plus en plus de moi. Je me recule petit à petit, ce qui le laisse rentrer dans mon appartement.

– Je ne me voyais pas père de famille. Je regrette cette décision si forte. Je t'aime toujours ma chérie. Reprend-il en plaçant ses mains sur ma mâchoire. Je place à mon tour mes mains contre les siennes pour le repousser, mais il se met à parler contre mes lèvres.

– Ensemble, on pourrait fonder une famille unie, une famille aimante. Dit-il. Je ris à gorge déployée alors qu'il est des plus sérieux.

– Tu te fous de ma gueule ? Lui balançais-je.

– Pourquoi dis-tu cela ma chérie ? Me questionne-t-il comme si tout cela était normal.

– Putain ! Mais tu te pointes cinq ans après ! CINQ ANS après la naissance de Jane ! Tu es là devant moi comme si rien ne s'était passé. Comme si tu ne nous avais jamais abandonnées du jour au lendemain ! Comme si tu vivais toujours avec nous ! Lui hurlais-je en repoussant ses mains de mon visage.

– Je suis désolé ma chérie. Je m'excuse encore et encore. Je t'en prie, laisse-moi revenir dans ta vie... Me supplie-t-il alors que sa bouche est dangereusement proche de la mienne. Je le repousse de tout mon poids. Il trébuche avant de finalement tomber. Je n'ai pas le temps de bouger, qu'il m'attrape par le poignée si fortement que j'en garderais sûrement les marques quelques temps.

– Tu vas m'écouter maintenant ! Tu vas me montrer MA fille ! J'exige de la récupérer ! Elle n'a pas le droit d'être privée de son père ! S'écrit-il

– Un connard de père qui s'est barré un mois après sa naissance ! Lui hurlais-je. La colère n'est pas mon amie.

Quand je m'énerve, je suis toujours dans l'excès, tout autant pour la joie, la tristesse ou l'amour. Je n'ai jamais compris pourquoi j'ai cette impression de tout ressentir cent fois plus que les autres. Mes mains sur son torse, je le pousse avant qu'il ne se relève et qu'il me gifle d'une force incomprise qu'il ne m'avait jamais montré avant.

– Je vais la récupérer, ma fille. De toute façon, vu ton niveau d'irresponsabilité, il ne sera pas difficile pour le juge de me donner sa faveur. Tu t'es prise pour qui Emma ? Auteure sérieusement ? Ce n'est pas un métier, mais un rêve d'ado, tu ne pourras jamais en vivre.

Aïe, ça fait mal.

– CONNARD ! Lui hurlais-je alors qu'il s'apprête à partir. Il se retourne pour me faire face, me regardant dans les yeux.

– Au moins le connard comme tu dis, il a une famille aimante par rapport à la tienne, petite garce. Me lâche-t-il avant de claquer la porte derrière lui.

Dès qu'il est parti, je m'effondre. Mes larmes dévalent mes joues alors que je rejoins mon canapé.

J'ai peur. Peur qu'il mette ses menaces à exécution, peur qu'il vienne me refrapper comme cette fois. Peur qu'il me prenne ma Jane. Ses piques m'ont fait mal au cœur.

Auteure sérieusement ? Ce n'est pas un métier, mais un rêve d'ado.

Il a peut-être finalement raison. Peut-être que mon métier n'est qu'un rêve, qu'une illusion. Mon premier roman n'était peut-être que de la chance et je suppose que pour le deuxième, la chance n'est donc pas de mon côté. 

Quand les étoiles s'entrelacentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant