Chapitre 22

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Lee

– A demain, Josh ! M'écriais-je avant de partir me coucher.

– A demain, vieux ! Me répond-t-il.

A vrai dire, je ne me couche pas réellement. Depuis deux semaines, je ne peux pas m'empêcher de penser à elle, de vouloir vivre pour elle, mais elle ne veut pas. J'ai essayé de lui renvoyer des messages, mais tous ne sont jamais arrivés, j'en ai déduit qu'elle avait bloqué mon numéro, ce qui m'a mis en rage pendant quelques jours.

Du coup, à peu près chaque soir, je regarde ses nouvelles publications et ses actualités. Par exemple, j'y ai appris qu'elle a fait une séance de dédicaces à Rouen il y a cinq jours.

Depuis que j'ai fait un peu de promotion, je trouve qu'elle a plus de ventes, mais je ne veux surtout pas m'attribuer le mérite, car c'est elle, elle qui a écrit ce livre, elle qui a fait chavirer mon cœur, à contrecœur, en tout cas, c'est ce qu'elle laisse paraître. Mais bon, j'ai peur qu'elle ne veuille plus jamais de moi.

***

J'entends de la musique provenant du salon, ce qui me tire de mon sommeil. Je me lève et pars voir ce que cela est, mais quand j'arrive dans le salon, rien, plus un bruit. Je dois avoir halluciné. Pas grave, je retourne me coucher. Mais quand j'atteins enfin la porte de ma chambre, mon téléphone se met à sonner. Je l'attrape, curieux de savoir qui peut bien m'appeler à trois heures du matin. Je regarde le contact qui n'est pas renseigné, je décroche donc, encore plus surpris.

– Bonsoir, M. Lee Heutson, c'est bien vous ? Me demande une voix d'homme au téléphone.

– Euh, oui, c'est bien moi ? Qui êtes-vous ? Lui demandais-je

– Gendarmerie de Paris, votre femme...

– MA femme ? Le coupais-je

– Oui ? Mme Delecoure n'est pas votre femme ? Me questionne-t-il. Elle m'a présenté comme son mari ? Je reste perplexe.

– Oh, oui, excusez-moi, il est tôt, vous savez.

– Oui. Nous vous appelons parce que Mme Delecoure était dans son appartement lorsque ²celui-ci a brûlé et elle est partie avec les pompiers.

– Quoi ?! Comment ça ?! J'ai bien entendu ?! M'affolais-je de l'autre côté du fil.

– Oui monsieur, je suis désolé de vous l'annoncer ainsi, mais Mme Delecoure est ce qu'on pourrait qualifier de gravement blessée.

– Où est-elle ? M'écriais-je à l'autre bout du téléphone.

– Hôpital Bretonneau. Déclare-t-il.

Je ne perds pas un instant, enfilant les premiers vêtements qui me passe par la mains et je conduis largement au dessus de la limite réglementaire.

Arrivé, je demande sa chambre à l'accueil, mais cette dernière me répond qu'elle est en salle de réveil et qu'on ne peut donc pas aller la voir.

Je m'assois en salle d'attente. Je suis seul, je panique tellement. Le vide, sans son, me compresse. J'entends simplement le mécanisme de l'horloge, cette dernière annonce trois heures trente.

***

Deux heures plus tard, un café but dont le gobelet a été réduit en bouillie par mes mains, mes jambes tremblantes, mes pieds qui frappent le sol, un homme s'avance. Il est vêtu d'une blousse blanche, je comprends donc que c'est le médecin.

S'il vient, ce n'est pas bon signe, Lee.

– M. Heutson, je suis le médecin de votre femme, Emma. Je suis désolé. Déclare-t-il. Et à ses mots, je ne vois plus rien, mon regard devient noir, trouble.

Emma est le seul mot que j'arrive à prononcer. Il me fait pourtant tellement mal à la gorge.

– Votre femme n'a pas résisté à l'opération et elle avait inhalé trop de fumée, nous n'avons pu rien faire. Toutes mes condoléances. Ajoute-t-il et je tombe, dans l'impossibilité de me relever, mon corps pesant des tonnes.

Non,, ce n'est pas possible. Emma n'est pas décédée, cela est impossible. Les derniers instants où l'on s'est vu ne peuvent pas être ceux en question. Je ne peux pas.

– Voulez-vous aller la voir ? Me demande-t-il et j'acquiesce, les larmes dévalant mes joues d'avance.

Il m'emmène dans une salle vide au mur blanc. Enfin pas réellement vide puisque qu'au milieu de cette dernière se situe son lit et un fauteuil. Je m'assois sur ce dernier, et prends dans mes mains la sienne.

Aucun tube n'est présent comme ce que j'aurais pu imaginer et ce que semble être un sourire trône sur ses lèvres. Elle paraît heureuse, heureuse d'être partie, heureuse de ne plus être la ni pour moi ni pour sa fille.

– Emma, ce n'est pas possible, non. Je t'en prie, mon ange, réveille-toi. Tu ne peux pas, Emma. S'il te plaît. S'il te plaît. S'il te plaît. S'il te plaît. La suppliais-je, je ne sais combien de fois.

La tête sur les genoux, je ne peux pas, je ne veux pas me confronter à cette réalité, Emma est ...

– Lee ! M'hurle une voix, m'enlevant le noir que je voyais.
– Lee réveille toi putain ! Ajoute-t-elle. J'ouvre les yeux, perdu, alors que Joshua se tient au-dessus de moi.
– Hm, Joshua ? Lui demandais-je pour être sûr que je ne rêve pas. Je regarde autour de moi, mais je ne comprends rien. Les murs blancs de la salle du dernier instant se sont transformés par les miens, ceux de ma chambre.
– Je suis où putain. Baragouinais-je
– Tu es chez toi, Lee. Tu as fait un cauchemar, enfin, je crois. Vu les cris que tu poussais, tu m'as réveillé. Déclare-t-il. Je me regarde, tout transpirant.
– Comment va, Emma ? Lui demandais-je
– Je n'en sais foutre rien, Lee. Je te rappelle que ça fait trois semaines que vous vous parlez plus. Annonce-t-il. Je sors de mon lit et cherche un pantalon, sans dire un mot.
– Tu fais quoi ?! M'interroge-t-il
– Il faut que j'aille la voir. Déclarais-je
– Mais Lee, tu ne peux pas ! Il est une heure ! Elle doit sûrement dormir ! S'exclame-t-il
– J'en ai rien à foutre, qu'elle dorme ou pas, j'ai besoin d'aller lui parler TOUT DE SUITE. M'écriais-je, alors que je me suis déjà rhabillé. Josh essaye de s'interposer, mais en vain, je suis déjà parti.

***

Je frappe à sa porte mais elle ne répond pas dans les cinq minutes qui suivent. Je tambourrine donc et elle ouvre. Elle est vêtue d'un bas de jogging et d'un simple t-shirt blanc. Elle semble énervée, mais elle ne sait pas à quel point je suis heureux de la voir devant moi à cet instant.
Je fais un pas et elle commence à refermer la porte. Je la retiens, de justesse.

– Emma, écoute-moi, je t'en prie. La suppliais-je
– Il est une heure, Lee, je n'ai qu'une envie, c'est de dormir. Raille-t-elle
– Je sais, mais c'est important. Laisse-moi entrer. Lui demandais-je et elle s'exécute. Pour la première fois, je rentre dans son appartement, je le survole des yeux avant de me re-concentrer sur ma tâche principale.

– Accouche. S'énerve-t-elle.
– Emma. Je sais que j'ai merdé, j'en ai conscience, mais je ne pouvais faire autrement. Commençais-je. Elle allait dire quelque chose, mais je lui en empêche de ma main.
– Laisse-moi continuer, je t'en prie. Depuis que je suis ce qu'on pourrait qualifier de « célèbre », le monde entier ne se comporte plus de la même façon, sauf que toi, ça a été différent. Quand on s'est rencontré, je l'ai vu, j'ai vu dans ton regard que tu n'étais pas pareille que les autres. Quand tu m'as proposé ce café, j'ai accepté, car je croyais que cela ne donnerait rien. Sauf que ça n'a pas été le cas. Je t'ai vu, je t'ai entendu parler pendant des heures, je t'ai vu sourire, rire, être angoissé, et même parfois pleurer. Alors, oui, j'ai commencé cette relation avec toi en mentant et c'est de loin ma plus grosse erreur, mais je ne savais pas comment te l'avouer. Je me suis enfoncé et j'ai fait l'erreur de te laisser découvrir cela toute seule. Ce que je regrette à un point, tu n'en as même pas idée. Je suis tellement désolé de t'avoir menti, Emma. Mon ange, je t'aime et je crois... Non, en fait, c'est depuis ce soir-là, celui où tu m'as annoncé que tu écrivais. Je t'aime depuis ces six mois. Déclarais-je d'un coup, sans bégayer. Je me fais surprendre par un baiser.
Elle m'a embrassé.

– Lee, je t'aime aussi, j'ai réagi trop vite quand je l'ai appris, j'avais peur de la réaction des autres, mais en fait, tu as raison. On s'en fout. Lee, je t'aime. Annonça-t-elle, ce qui me fait frissonner. Je l'attrape par les hanches et la lèvre au-dessus de moi avant de l'embrasser.
– Je t'aime et je serais le meilleur ami de ta fille, tu verras. Lui murmurais-je au creux du cou avant de l'embrasser à ce même endroit.  

Quand les étoiles s'entrelacentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant