Épilogue

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Le jeune homme soupira. La vie, à Crownhaven, n'était pas facile. Il remit sa capuche pour dissimuler son visage et finit le verre qu'il était en train de boire. Il regarda la taverne dans laquelle il se trouvait et ne vit que des Bleus. Il sourit. Il était le premier Gris à avoir réussi à pénétrer la capitale. Il déposa quelques pièces sur le comptoir et s'éloigna en silence. La lumière du Soleil contrastait avec la pénombre de l'intérieur.

Depuis le temps qu'il était là, le luxe de Crownhaven ne le surprenait même plus, il avait même fini par le trouver ridicule. Il pensa à sa sœur qui, au contraire, devait encore vivre dans la misère et son cœur fut empreint de nostalgie. Il se rendit à la guilde des voleurs, où il travaillait. Jamais il n'aurait imaginé voler un jour des Bleus, mais c'était le seul travail qu'il pouvait faire en tant que clandestin. Il déposa sur un comptoir son butin de la semaine, essentiellement des bijoux, en échange duquel il reçut quelques pièces.

Il partit ensuite. Gagner de l'argent n'était pas son but principal, sa vraie mission était de parvenir à s'infiltrer dans le château des Blueheart. Il ne pourrait rentrer qu'une fois la famille royale renversée. Seulement alors sa sœur aurait la possibilité de vivre une belle vie et la volonté de Vanessa serait accomplie. Elle devait être grande, à présent et elle devait sûrement le croire mort. Il rêvait de la revoir et de la tenir à nouveau dans ses bras.

Il vit un journal s'envoler et, après l'avoir attrapé, il lut la une : « Lucius Ravenshade, chef de sa famille, est revenu de sa visite au Gouffre blessé. Nous ignorons encore ce qui l'a poussé à se rendre dans ce village ». Il se demanda qu'est-ce qu'un noble était allé faire au Gouffre. Il repensa à l'endroit où il avait passé son enfance. Il avait essayé de ne plus y songer, ces dernières années, c'était bien trop douloureux. Il regarda au loin les hauts remparts qui entouraient la capitale. Il avait cessé de compter le nombre de fois où il avait désiré les franchir à nouveau, pour rentrer chez les siens, chez sa sœur. Non seulement il avait conscience que ses chances de succès étaient infimes et qu'un miracle ne se reproduirait probablement pas une seconde fois, mais en plus il ne voulait pas abandonner sa quête. Beaucoup avaient perdus la vie et, s'il était le seul survivant, c'était sûrement pour une bonne raison. De toute manière, il était persuadé que cette année serait la bonne. Il était suffisamment fort et préparé, à présent. Sa sœur devrait patienter encore un peu. Mais, après tout, cela faisait déjà neuf ans qu'elle attendait.

À suivre...

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