Chapitre 24

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Ben était paralysé. Son cerveau marchait à cent à l'heure. Il ne savait s'il valait mieux mentir ou dire la vérité. Mais il était persuadé qu'on ne le cherchait pas pour lui faire de cadeaux. Cependant, pouvait-il fuir ? Le garde se tenait à un mètre de lui, il ne devait presque que tendre le bras pour l'attraper. Le temps qu'il se retourne pour s'échapper, il l'aurait déjà capturé. Les secondes passèrent alors qu'il restait mué, et alors son sauveur arriva.

Emma était heureuse d'avoir suivi Ben. Son père l'avait chargé de le prévenir d'un éventuel danger, mais, bien qu'elle arrivât trop tard, elle pouvait encore le sauver. Elle s'approcha.

-Excusez-moi, monsieur le garde, mais ce jeune homme est mon frère. Je ne sais pas qui vous recherchez, mais ce ne doit pas être lui.

Ben fut assez malin pour ne pas afficher sa surprise. Le plus dur était fait. Il ne restait plus qu'à convaincre le garde, et la milice avait la réputation de ne pas avoir de brillants esprits. Ce garde, comme beaucoup d'autres, devait être stupide. Or, elle savait s'y faire, lorsqu'il s'agissait de persuader des faibles d'esprit. Elle sourit et releva le défi qu'elle s'était imposé seule : réussir à sauver la mise à Ben.

-Madame, je vais devoir l'emmener chez mon supérieur. Sa ressemblance avec le suspect est trop frappante.

-Vraiment ? Attendez, laissez-moi vous prouvez qu'il est innocent. Pourquoi recherchez-vous cette personne ?

-Ce sont des informations confidentielles, madame.

Emma prit un air innocent, mais elle sortit un petit couteau aiguisé par la même occasion, et commença à jouer avec. Le garde eut du mal à cacher son trouble. Emma sourit intérieurement, le jeu ne faisait que commencer.

-Regardez mes yeux et utilisez votre pouvoir, si vous voulez. Je suis honnête, croyez-moi, mon frère n'est pas coupable.

-Vous pourriez très bien chercher à le défendre.

Emma poussa une petite plainte indignée, puis elle soutint le regard du garde et alluma une lueur meurtrière dans ses yeux. Le garde était encore plus déstabilisé.

-Garde, utilisez votre pouvoir et voyez par vous-même que mon frère est innocent.

Le garde ne répondit pas et Emma en éprouva une grande satisfaction. Le pouvoir des Bleus avait la réputation d'être particulièrement dur à maîtriser. Beaucoup n'y arrivait pas, mais cachait leur incapacité, source de honte. Emma regarda le garde et mêla à son regard un air de défi.

-À moins que vous en soyez incapable.

Le tour était joué. Pour sa réputation, le garde ne prendrait aucun risque. C'était ainsi, avec les Bleus : leur image sociale passait avant tout. Cela les rendait vulnérables à la manipulation. Emma voyait bien que le garde ne savait pas quoi faire. Il finit par allumer ses yeux pendant trois secondes. Emma savait qu'il n'avait rien ressenti, mais il fit comme si c'était le cas et balbutia :

-Je vois, vous aviez raison, pardonnez-moi.

Le garde s'éclipsa en silence, avec un regard qui en disait long sur la honte qu'il éprouvait.

Ben regarda la fille du maire comme si elle était une divinité. Emma se délecta de son regard, mais finit par redevenir sérieuse. Elle n'était pas là pour s'amuser. Bien qu'elle adorât mener les hommes comme elle l'entendait, il y avait des moments où il fallait être honnête.

-Ben, ne perdons pas de temps. Je suis là pour te délivrer un message. On ne sait pas encore pourquoi, mais la milice recherche Hope. Elle te recherche aussi, mon père a vu l'un de tes dessins. Beaucoup de copies ont été faites.

La Rose NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant