Clarice : entre deux ombres

10. Quelle situation je vous le jure ! (R)

Depuis cette nuit-là, une sensation oppressante m’accompagne : j’ai l’impression d’être constamment observée. Que ce soit à l’université, chez moi, ou dans la rue, cette sensation ne me quitte pas.

Aujourd’hui, c’est le dimanche 04 juin, et je suis accablée par les révisions dans le salon. Je jette un œil suspicieux à Maxime qui enfile sa veste. Il me fixe en fronçant les sourcils.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Me demande-t-il.

Je réponds, presque indifférente.

- Non, rien.

Il roule des yeux, ferme sa braguette, enfile ses chaussures et se dirige vers la porte.

J’étais juste préoccupée à cause de ce que Nathalie nous a révélé sur lui dernièrement. Je ne pouvais toujours pas croire qu’il pouvait être si attentionnée.

Je demande malgré moi.

- Où vas-tu ? Lui demandé-je.
Sa tête traverse l’embrasure de la porte.

- Loin de toi, me répond-il.

- Et tu comptes t’en aller comme ça ? Jusqu’au soir c’est ça ? Tu as oublié ce qu’a dit Sky ? Dit Nathan en débarquant dans le salon.

Je les regarde à tour de rôle, n’en revenant toujours pas qu’il parle enfin à Maxime après 2 ans sans lui adresser la parole.

Après ces mots, Maxime enlève ses chaussures et reste planter devant la porte, le visage fermé. Il s’est habillé en pantalon jeans troué aux genoux et aux cuisses, en tee-shirt noir surmonté de sa veste en cuir et il avait enfilé ses baskets air force noir avant de les retirer.

Carrément le style de Nathalie ça.

- Qu’est-ce que tu veux ? Demande Max tout bas, comme si il craignait un nouveau conflit.

Je ressens de la compassion pour lui. Il a tant demandé pardon à Nathan, mais celui-ci n’a pas été tendre. Après tout, Nathan a jeté les affaires de Maxime hors de leur chambre, forçant ce dernier à déménager dans une chambre d’ami où les souris y dansaient encore. Deux ans de silence, deux ans de combats.

Les tensions sont palpables, accentuées par l’attaque d’un gang dans un supermarché à vingt minutes de chez nous. Peut-être ont-ils enfin réglé leurs comptes ? Je l’ignore et, pour l’instant, je préfère ne pas m’en mêler.

Nathan serre les poings, se mettant debout au milieu du salon.

- Tu as vraiment l’intention de partir comme ça sans prévenir ? Ça va durer encore combien de temps ce comportement ?

- Nath, se plaint Maxime.

- La ferme putain !

Ça me fend le cœur. Aussi loin que je me souvienne, Nathan et Maxime étaient très complices. On ne voyait pas l’un sans l’autre et ils faisaient les fous tous les deux à un point où même à la fac, leurs délégués facultaires respectifs voulaient les renvoyer.

Maxime est passionné de la mécanique. Il adore les voitures et c’est un grand fan de fast and Furious. Il n’aime pas blaguer avec ça ! Il est prêt à tuer si tu critique son film préféré.

Quant à Nathan, un petit génie des maths et de l’informatique, il a souvent été le pilier des deux. Mais ces jours-ci, les choses ont changé. Ils finissent leurs études bientôt, mais le fossé entre eux reste béant.

- Tu- tu n’es qu’un…

Nathan, incapable de trouver ses mots, finit par soupirer et monter à l’étage.