14. Faisons vite (R)

11 2 0
                                    

Ce matin, à six heures, le silence m’a frappée : pas de trace du beau gosse. Cela faisait plusieurs matins qu’il venait, à l’improviste, partager un moment avec moi avant de disparaître. Son numéro ? Un mystère. Il m’avait prévenu qu’il n’en avait pas, ou peut-être m’avait-il donné un faux numéro. Qui sait ?

À chaque fois que je le voyais, mon cœur bondissait de joie, et j’avais l’impression que toute ma journée pouvait briller de tous ses éclats. Il rendait ma vie meilleure. Je le croisais toujours à l’arrêt, son petit sourire coquin et ses sourcils bien taillés. Mais je n’ai jamais osé lui proposer de sortir malgré le fait évident que nous étions dans un flirt.

- Clarice, tu peux m’aider s’il te plaît ? Me demande Malucia en décollant légèrement le lit.

Dehors, le soleil se tenait haut dans le ciel bleu. Et en ce jour, j’ai enfilé un crop top rose avec un petit short en jean. Malucia a un chemisier blanc, dont le pan se termine en un nœud serré, et un pantalon bleu marine.

Je la regarde, les mains sur les hanches, quand elle se penche pour ramasser un habit qu’elle a fait tomber par accident.

- Ça tombe bien, j’avais vraiment besoin de me détendre ! Me dit Malucia en se mettant à plier la pile de drap sur son lit.

Je regarde par le couloir et demande à la brune en m’arrêtant de plier avec elle, soucieuse.

- Ta mère va bien ? Je m’inquiète un peu pour elle…

Un petit silence s’installe tandis que je regarde à nouveau le couloir.
Malucia et sa mère vivent dans une maison basse bien barricadée. La chambre de Malucia, deux fois plus petite que la mienne, pourrait à peine contenir quelques vélos. Les murs peints en blanc évoquent un hôpital, mais le bruit des passants et le chant des oiseaux brisent cette ambiance sterile.

- Ça ira. Elle est coincée ici depuis des lustres. Elle ne remarquera même pas que je suis partie, répond-elle en haussant les épaules.

L’attitude de Malucia peut faire croire qu’elle est indifférente à cette situation, mais en réalité, elle est bien plus touchée qu’elle en a l’air.

- Ne t’en fais pas ! Tu t’inquiètes à chaque fois ! Ajoute-t-elle en me regardant dans les yeux.

- Oui, mais son état… murmuré-je, grattant ma nuque.

- Je connais ma mère. Tout est sous contrôle.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je décroche. C’est Nathalie.

Nathalie : Vous pouvez venir m’aider à la maison, les filles ?

On entend des cris d’enfants en fond.

Nathalie : S’il vous plaît !! Pleurniche-t-elle.

Malucia : Ouais, j’ai fini ma valise.

Nathalie : Merci les amies !

Elle raccroche et j’aide Malucia à tout mettre dans le coffre de ma voiture. C’est moi qui conduis aujourd’hui. Je ne veux pas oublier comment faire à force de tout laisser au chauffeur.

- Je dois aller voir ma mère une dernière fois, je reviens, me dit Malucia pendant que Je verrouille le coffre et monte déjà côté conducteur.

Clarice : entre deux ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant