Pdv de Clarice
Je vois flou. J’ai mal dans tout mon corps.
En me redressant, je ne reconnais pas l’endroit où je suis. Il fait froid, noir et je sens de l’humidité partout. En levant les yeux, une lumière éblouissante me frappe de plein fouet. Une femme masquée se tient devant moi, et je la sens se moquer de ma détresse.
- Bienvenue chez les gangs, ma chérie, dit-elle avec un rire sinistre.
Je me recroqueville dans un coin, mes bras cherchant à protéger mon visage. La panique monte alors que des souvenirs reviennent en flash :
La soirée pyjama que j’ai organisé avec mes copines.
L’attaque des gangs chez moi.
Le retour de Ruben.
L’explosion.
La confrontation.
Puis plus rien.
Mon souffle devient irrégulier à mesure que la réalité s’impose : je suis enfermée, capturée par des gangsters. L’angoisse m’étreint alors que je réalise l’ampleur de la situation.
Tout s’est fini brusquement de la pire des manières. Je ne sais même pas si les filles ont pu s’échapper. Maintenant mes souvenirs sont brouillés, combien de temps ai-je fait ici ? Je regarde autour de moi et remarque que je suis seule dans cet espace clos, sans fenêtre ni lit, juste un bout de carton avec un oreiller.
Je ne vois pas comment je pourrais m’en sortir…
Pdv de Nathalie
J’ouvre doucement mes yeux et vois un visage ovale au dessus du mien.
Je ne sens rien dans tout mon corps. J’ai l’impression d’être enveloppée dans un cocon. Une bombonne d’oxygène me permet de respirer et je peine à remuer mes doigts.
Je suis dans une chambre d’hôpital. Je me demande comment j’en suis arrivée là. Mon esprit est embrouillé. Je veux rentrer chez moi.
Soudain la porte s’ouvre et le visage ovale que j’ai vu dans mon champ de vision, se met à parler au médecin qui vient tout juste d’entrer. Je les regarde mais je n’entends rien de ce qu’ils disent.
Et d'un coup, le médecin et l’infirmière me voient réveillée. Immédiatement ils se mettent à me consulter et à me demander comment je vais mais je ne me souviens plus de rien.
Deux heures passent, et les souvenirs affluent. La soirée pyjama, l’intrusion des gangs, l’explosion… L’angoisse me serre la poitrine.
J’aai fait une crise à deux reprises tellement j’avais l’impression d’y être encore. J’ai entendu que ma famille venait me voir. Ça doit sûrement être ma grande sœur et mes parents. Ils doivent être morts d’inquiétude pour moi et ils ne sont au courant de rien. De rien qui s’est réellement passé.
D’ailleurs je me demande comment vont les filles. La maison de Clarice est complètement détruite… Nos proches le savent-ils déjà ? Que les gangsters ont emmené Clarice et Malucia alors que moi j’étais cachée sous un tas de pierre, gravement blessée et spectatrice d’une scène où je ne pouvais pas intervenir ? Et Sky dans tout ça ? Daniel ? La mère de Malucia ? Que font-ils en ce moment ?
Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour mes amies.
Pdv Maxime
*À l’extérieur de l’hôpital, dans le parking*
- Oh la vache ! Oh la merde ! Putain !
À chaque juron je cogne le coffre avant de la voiture de Nelila, ma copine, incapable de contenir ma frustration. J’aurais voulu utiliser la mienne, mais Nathan est à l’intérieur, et moi, je suis coincé ici. Fais chier !
- Tu vas arrêter de frapper ma voiture ? S’exclame Nelila, s’approchant pour me calmer.
Elle vient me caresse les épaules mais je n’y arrive pas. Mon premier réflexe est de la dégager mais son visage trop inquiet me calme un peu.
- Je… Je sais que tu souffres en ce moment mais sois fort, d’accord ? Me dit-elle, je ne supporte pas de te voir comme ça.
- Mais Nelila je n’ai plus de chez moi ! M’écrié-je, je ne comprends plus rien !! Je ne sais plus quoi faire ! Et d’ici là Sky et Daniel vont débarquer ! On est morts et Clarice a disparu bordel de merde !!
Je n’avais plus toute ma tête. Je n’avais plus aucun contrôle.
Je me sens perdu, débordant d’émotions. L’angoisse m’étreint à l’idée de ce qui va suivre.
Des deux aînés c’est carrément Daniel le pire. Je peux accepter de me faire gueuler par Sky mais pas par Daniel.
Putain ! En plus j’y crois pas, tout ça nous arrive seulement le jour où Nelila accepte enfin qu’on passe à l’acte… C’était dur de la faire flancher à cause de son histoire de virginité bordel !
Je passe ma main dans mes cheveux, la sueur sur le front et le stress à son paroxysme. Qu’ai-je fait de si mal pour que tout ça m’arrive ?
- Je ne vais jamais m’en remettre, murmuré-je. Je n’ai plus de sœur, plus de vêtements, plus ma collection de ballon de foot et de basket, plus de chambre, plus de voiture, plus de nourriture, plus rien ! Heureusement que mon argent je l’ai versé dans mon compte le mois dernier mais ça ne remplacera rien de tout ça-
- Maxime, je suis désolée pour ta petite sœur et pour ta maison… dit-elle, dépitée. Mais peut-être que ta petite sœur n’est pas morte ?
- Ça on en est pas sûr Nelila ! Tu ne sais pas ce que tu dis !
La fille fronce les sourcils, serrant ses poings.
- Arrêtes de dire des bêtises ! Je ne veux plus t’entendre !
Elle se dirige sur le côté conducteur de sa voiture.
- Nelila ! Nelila ! Attends wesh ne pars pas !
Je la retiens par la main au moment où elle monte. Elle me fusille du regard et je me sens coupable d’un coup.
Cette fille je la voulais seulement pour un coup de soir puis je passe à autre chose. En plus elle a une voiture et des moyens, pas autant que nous il y a encore quelques heures mais elle en avait quand même dans les poches.
Et soyons réalistes elle ne peut pas me laisser seul ici.
Nous sommes arrivés ici juste avant Nathan et il est monté sans nous lancer le moindre regard. J’avais aussi le réflexe de le suivre mais je m’étais rappelé que j’avais une copine là et qu’à un moment je draguais quand même Nathalie… Et pire encore !
Nara, sa grande sœur, était là.
Pdv de Nathan
*Près de la chambre de Nathalie
A l’intérieur de l’hôpital*
Je me sens mal à l’aise, écrasé par la culpabilité. Les parents de Nathalie sont là, assis, perdus dans leur inquiétude.
La grande sœur de Nathalie est à côté de moi et elle a l’air inconsolable, comme si elle a perdu sa sœur alors qu’elle vient juste de se réveiller selon les dires du médecin.
Comment et quand tout a mal tourné ?
- Je- je suis tellement désolé monsieur et Madame Reiss pour votre fille… leur dis-je sans trop m’en empêcher, le regard fuyant.
- Ouais, c’était complètement con de ta part de sortir en laissant trois filles inoffensives seules ! Persifla Nara en me lançant un regard noir.
- J’ai aussi perdu ma petite sœur ce soir-là. Ils l’ont kidnappé, rétorqué-je, le regard noir dans sa direction.
On se regarde en chien de faïence.
Nara allait rétorquer mais sa mère lève sa voix :
- Non tu n’as pas à t’excuser Nathan, tu ne pouvais pas savoir… Oh mon Dieu j’espère qu’il n’est rien arrivé de grave à Clarice et Malucia ! Dit-elle, le tremblement dans sa voix. Nathalie a eu beaucoup de chance, elle est ici avec nous mais les autres…
- Si Ruben est réellement dans les gangs et l’est toujours, je ne crois pas qu’il les laissera les tuer, dit monsieur Reiss.
Je serre les poings, leur rétorquant sombrement :
- C’est sans doute lui qui est revenu à la maison… Mais je n’en ai aucune putain d’idées…
- Mais bien sûr qu’il est revenu, Nathan ! Il fallait bien un jour qu’il le fasse ! S’exclame Nara.
Elle me regarde dans les yeux sans broncher :
- Votre erreur était de sortir tous les deux en même temps ! Sky est en voyage ! Qu’est-ce qui vous a donc pris !?
- Ce n’est pas la première fois qu’on le fait…
- Oui mais voilà le résultat ! Nathalie est gravement blessée et les filles ont disparu ! Il n’arrive que des malheurs dans votre famille et vous voulez entraîner les autres !
J’écarquille des yeux, choqué, mon cœur ratant un battement. Mais avant que je réponde, madame Reiss se lève et la gronde sévèrement :
- Qu’est-ce qui te prend, Nara !? Lui dit-elle en lui donnant une claque au bras, tu te rends compte de ce que tu dis !? Après tout ce qui leur est arrivé !?
- Excuses-toi ! C’est très mal poli ce que tu as dit ! Lui crie monsieur Reiss.
Nara rougit mais ne dit rien. Pendant ce temps, le rythme de mon cœur se calme drastiquement grâce à leur intervention. J’expire légèrement pour me contenir.
Les parents de Nathalie ont énormément de respect envers nous du fait que nos parents et eux étaient très proches à l’époque et que jamais il n’y avait eu de problèmes entre eux. Du moins aucun conflits qui n’a provoqué de division. Ils étaient là pour leurs obsèques, les Reiss. Et ils ont aidé les aînés à relever petit à petit les entreprises. On leur en est entièrement reconnaissants.
Mais leur fille aînée, Nara, nous déteste. Enfin pas toute la famille, juste moi et Maxime. C’est une jeune femme de 26 ans et juriste de métier, aux cheveux blonds, longs et bouclés.
- Je sais que j’ai tort mais je n’arrive pas à l’accepter, finit-elle par dire, les larmes aux yeux avant de me regarder une nouvelle fois.
- Je sais que tu as du mal avec tout ce qui s’est passé… lui dis-je. Mais ta mère a raison, il nous est arrivé trop de choses qui nous a brisé. Je suis navré.
Nara expire, le regard baissé. Je vois quelques larmes tomber mais elle sert les poings, en proie à beaucoup de réflexions. Moi aussi je suis dans le même état. Nara était une de mes amies les plus proches, bien que plus âgée que moi, et c’est par elle que j’ai rencontré Stella.
Elles étaient meilleures amies et Nara connaissait déjà notre situation délicate. On a été dans le même lycée puis la même université avant qu’elle finisse ses études, et on a gardé contact. Avec Maxime, Stella, elle et moi, on formait un quatrio de choc. Mais comme vous le savez, Maxime a tout brisé. Même Nara en a été affectée, probablement plus que moi, car Stella était son amie d’enfance.
J’ai aimé une fille plus âgée que moi. Stella a 25 ans et elle est aujourd’hui en Argentine.
Nara lève les yeux vers moi, s’essuyant le visage :
- Non… répond-elle à mes excuses, je me rends compte… que rien est ta faute. J’ai… j’ai sans cesse jeté la faute sur toi alors que tu souffres déjà tellement… pardon.
L’hôpital est plongé dans un silence quasiment mortuaire, brisé de temps à autre par les voix des patients et des infirmiers qui passent. L’odeur de l’alcool et la propreté des lieux, les murs blancs et quelques serpillères renforçait notre angoisse.
Les parents Reiss se regardent, émus et compatissant avant de tenir les épaules de leur fille, qui se met à pleurer soudainement.
Les larmes me montent aussi. Un tas de souvenirs me reviennent. Il a fallu qu’on en arrive là pour qu’on perce l’abcès.
Toutes ces années de séparation, de mépris, de disputes, de culpabilité, de malentendus, de larmes, de cris… je me sens enfin léger, moins triste. J’ai dû subir tant de souffrance mais au moins, du côté de Nara, j’ai avancé sur quelque chose. Elle vient de comprendre que ma vie n’a rien à voir avec la sienne.
Que ma douleur de voir ma famille se déchirer sans pouvoir rien faire, est plus grande que la sienne d’avoir perdu sa meilleure amie.
- J’accepte ton pardon Nara et… merci. Merci d’enfin me comprendre.
Les parents Reiss me sourient chaleureusement pendant que Nara se calme peu à peu. C’est à ce moment que le médecin sort de la chambre de Nathalie. Nous nous tournons vers lui.
- Vous pouvez entrer. Nathalie s’est réveillée.
Pdv de Nathalie
Il fait nuit à présent. Le médecin et l’infirmière m’ont dit qu’il était 21h passée.
Ils m’ont ausculté sous toutes les coutures. Je n’ai plus mal à cause de l’anesthésie.
Quand je les vois entrer, je suis soulagée que mes petits frères et mes petites sœurs ne soient pas venus. Honnêtement je ne voulais pas qu’ils me voient dans cet état : les plâtres et les bandages sur tout le corps.
J’ai aussi appris qu’on était le 5 juillet 2023 aujourd’hui. Ça m’avait fortement étonnée parce que je pensais être tombée dans un coma de tout une semaine. En tout cas vu le choc que j’ai reçu sur le dos avec ma chute et les pierres qui m’ont surprise, je me serai diagnostiquée et ce serait normal que je fasse plus d’une semaine.
Ma famille entre suivi de Nathan, qui entre le dernier. Ma joie est indescriptible. Je me redresse un peu en les accueillant de mon plus beau sourire.
- Papa ! Maman ! Nara ! Nathan, Même toi ! M’écrié-je.
- Nathalie ! S’écrièrent Nara et mes parents en me sautant presque dessus.
L’infirmière essaye de les calmer dans leur joie de peur qu’ils me blesse davantage, puis nous laisse dans notre intimité. Mais à peine elle sort qu’ils me bombardent de questions.
Je cligne des yeux, presque étonnée mais tout de même amusée.
Pas le choix.
Je leur ai donc tout raconté dans les moindres détails.
- Mon Dieu ! Ruben ?? Il est de retour ? A crié ma mère, la main sur la bouche.
J’acquiesce.
- Oui ! Et ils agissaient en cachette ! Rien était prévu d’après les dires de leur chef et il a même été capturé !
- Incroyable ! S’exclame ma mère en écrasant son poids sur la chaise tandis que mon père, tout aussi sur le choc, caressait son dos.
Après tout ce que j’ai raconté, Nara est restée drôlement calme. Ce qui ne lui ressemble pas.
Je regarde Nathan, qui a les mains dans les poches. Je lève un sourcil interrogateur dans sa direction. Il hausse les sourcils.
- Je me doutais qu’il serait derrière tout ça, me répond-il. Les gangs ont pris Clarice et Malucia.
J’écarquille les yeux d’effroi. Mon cœur arrête de battre.
Mes amies !? Kidnappées !?
- Qu’est-ce que tu dis ??
- Nathan pense que Ruben est derrière l’irruption dans la maison, dit papa, c’est la seule explication selon lui.
- Je croyais qu’elles étaient hospitalisées comme moi ! Paniqué-je. Donc je n’avais pas rêvé ! Ils les ont bien pris !
- Tu croyais avoir rêvé leur kidnapping ? Me demande maman.
- J’étais tellement confuse à mon réveil, je ne me souvenais de rien. Mais j’espérais que les filles aillent bien !
Je me met à serrer ma robe de chambre, soudainement prise de stress. Non… mes meilleures amies ne peuvent pas être chez les gangs ! Elles ne peuvent pas y être !
- Nathalie calme-toi ! Dit Nara en me prenant dans ses bras.
C’est à présent que je le remarque. Nara a pleuré. Ce qui n’arrive jamais et elle semble à fleur de peau.
Et ce qui m’étonne le plus, c’est le fait que elle et Nathan se retrouvent ici, dans la même pièce alors qu’ils se détestent, se hurlent toutes les accusations du monde à cause de l’histoire de Maxime et Stella. Mais ce n’est pas ce qui se passe en moment.
Il se passe trop de choses pour que mon cerveau le supporte.
Oh les filles…
Je me souviens comme on a tellement eu peur. Et dire que c’était seulement hier…
Presque toutes la journée j’étais dans les paumes et c’est seulement le soir que j’ouvre les yeux. Les parents ont dit qu’ils étaient là depuis le matin et Nara n’était venue que les après-midi, à cause de son travail. Nathan et Maxime étaient là eux aussi depuis cet après-midi mais seul Nathan était monté. J’ai mal au cœur que ce n’ait pas été Maxime…
Il avait peut-être mieux à faire que de venir me voir ?
Je regarde Nara, toujours dans mes bras. Ils se sont peut-être enfin réconciliés ?
Elle sait que je suis follement amoureuse de Maxime, mais comme Clarice et Malucia, elle n’est pas d’accord avec ça.
Elle a une haine profonde pour lui. Ce que je peux comprendre mais je ne peux pas changer mes sentiments. Je l’aime à en mourir. Maxime est le seul qui peut me réconforter.
Finalement Nara se sépare de moi, regardant Nathan qui a croisé les bras sur sa poitrine, le visage serré. Malgré moi, mon regard glisse sur ses pectoraux roulés sous son tee-shirt blanc. Ses cheveux en bataille et ses traits sont juste irrésistibles. Mais Maxime le dépasse ; il dégage un aura de Bad boy que Nathan n’a pas.
- J’espère que Clarice et Malucia sont en vie, lui dit Nara. Faites tout pour contacter la police et faire des recherches.
- Très bientôt Sky et Daniel vont descendre en ville. On va tout faire pour, répond-il, la voix rocailleuse.
- S’il te plaît, qu’il ne leur arrive rien ! M’écrié-je soudainement, le cœur battant à tout rompre.
- Tout va bien se passer. Je te le promet, conclut Nathan en hochant la tête suivi de Nara et de mes parents.
Je me sens rassurée.
Salut tout le monde ! Et bon retour à moi-même 🥰
Vous avez eu droit à des points de vue inédits cette fois ! Qu'en avez-vous pensé ?
Qu'espérez-vous pour la suite ?
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Clarice : entre deux ombres
General FictionPendant que Clarice se bat pour sa scolarité plus que médiocre, Ruben, l'un de ses grands frères, fait des affaires illégales pour couvrir ses dettes de plusieurs années. Mais malheureusement pour lui, les ennuies commencent bien trop tôt le jour mê...