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Durant les jours qui suivirent, Chloé ne rentrait presque jamais chez elle. Quand elle n'était pas au poste, elle était chez la brune pour s'occuper d'elle, veiller à ce qu'elle se rétablisse, et l'aider au quotidien dans ce qu'elle ne pouvait plus faire. À force, elle s'était presque habituée à Hopper. Presque... elle ne supportait toujours pas qu'il s'approche trop près d'elle, même s'il n'avait plus aucune mauvaises attentions envers elle. Disons simplement... qu'elle tolérait sa présence dans la pièce du moment qu'il maintenait une certaine distance entre eux. Et Hopper semblait l'avoir comprit puisqu'il ne s'approchait jamais trop près d'elle. De toute façon, il préférait rester auprès de sa maîtresse et veiller sur elle. Ce qui rassurait Beca presque autant de savoir que la rouquine s'occupait d'elle. Chloé venait d'ailleurs de rentrer, en se servant des clés, comme si c'était chez elle et qu'elle venait ici tous les jours. Rapidement elle vit Hopper se presser dans l'entrée... et quand il vit que c'était juste elle, il retourna dans le salon auprès de Beca. Oui car la brune avait nettement moins mal et elle pouvait se déplacer dans sa maison. Ce qui rassurait la rouquine quand elle entra dans la pièce.
 
- Tu te sens mieux à ce que je vois. Elle était encore au lit quand je suis partie ce matin.
- Ouais... j'en avais surtout marre de rester allongée. Avoua la brune.
- Je peux vérifier ton ventre ?
- Si tu veux. À peine rentrer, elle s'inquiète déjà.
 
Chloé vint alors s'asseoir près de Beca, et en la voyant approcher, Hopper s'éloigna bien-sûr. La rousse le remercia du regard, comme si elle s'attendait à ce qu'il la comprenne. Le lieutenant souleva alors le haut de Beca, elle n'était plus bandée, mais avait un gros pansement au niveau de la plaie. La rousse le retira doucement, et vérifia la cicatrisation... à chaque fois ça lui rappelait qu'il y a un peu plus d'une semaine, elle avait crut perdre la petite brune qui était en face d'elle. Elle s'était faite poignardée quand même ! Et il y avait toujours la trace sur son poignet qui montrait qu'il avait commencé à « découpé » ... Et à chaque fois, même si la cicatrisation se faisait bien, elle sentait les larmes lui monter aux yeux.
 
- Hey... ça va aller... Je vais bien. Je suis vivante. Grâce à vous lieutenant.
- J'ai rien fais... J'ai même pas put l'arrêter...
- Non mais je suis en vie. Et là tout de suite, ça compte plus que le reste. Je... je pensais vraiment y rester vous savez... Je... je me disais même que j'allais revoir ma mère.
- Ah oui ? Elle était résignée à ce point alors ?
- Ouais...
 
Chloé ne savait pas trop quoi dire pour la faire aller mieux. Mais comme elle ne pouvait quand même pas laisser la brune avec sa plaie à l'air, elle alla chercher de quoi refaire un pansement, sans oublier de se désinfecter les mains avant. Elle la soigna donc de nouveau, elle lui faisait un pansement tous les jours. Elle ne savait pas si c'était vraiment nécessaire... mais elle préférait ne pas prendre le moindre risque. Et Beca la laissait faire, car au fond, ça la touchait de savoir qu'elle s'occupait d'elle de la sorte. Et quand elle eut finit son nouveau pansement, la brune la remercia en l'embrassant soudainement. La rousse ne s'y attendait pas, mais elle répondit au baiser plutôt rapidement, prenant la petite brune par les hanches pour la rapprocher d'elle. Beca se fit alors un plaisir de monter sur ses jambes pour l'embrasser plus profondément. Mais elle fut obligée de s'arrêter quand la rouquine se mit soudainement à rire.
 
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle curieuse.
- Rien je... je pensais juste à mes collègues qui passent leurs journées à chercher où tu vis. Répondit la rousse en souriant à l'ironie de la situation.
- Vous ne leur avez pas dit ?
- Non, pourquoi ?
- Et bien vous... vous êtes flic... je suis une voleuse... la loi veut que vous, ou vos collègues m'arrêtiez. Donc je... je pensais que vous leur auriez dit.
- J'ai hésité... plus d'une fois en fait j'ai faillis le leur dire.
- Pourquoi vous l'avez pas fait ?
- Je sais pas... Je veux pas qu'elle soit arrêtée... Elle mérite pas ça. Elle voulait juste que justice soit faite pour sa mère.
 
Chloé lui sourit alors pour la rassurer, mais Beca comprit tout ce que ce sourire cachait réellement. Et ça lui fit peur... Depuis plus d'une semaine, elle vivait pratiquement avec la rouquine. Elle oubliait ce qu'elle avait voulut si hardiment durant ces dix dernières années. Elle voyait le lieutenant s'attacher à elle de plus en plus... et elle aussi elle s'attachait. Ça lui plaisait de la retrouver tous les jours. Ça lui plaisait vraiment ! Elle n'était plus seule, elle avait enfin quelqu'un avec qui partager tout ce qu'elle voulait ! Sans avoir peur d'être jugée ! Même si ce qu'elle faisait était mal... et même très mal. Et... elle ne pouvait pas ! Elle ne pouvait pas se laisser distraire de la sorte ! Pas après tout ce qu'elle avait sacrifié pour avoir enfin ce qu'elle voulait ! Et elle... elle ne pouvait pas faire ça au lieutenant ! Elle savait que la rousse aurait des ennuis, forcément, si elles continuaient sur cette voie. Car dans les vraie vie, les lieutenants et les criminelles ne peuvent vraiment pas être ensemble... Et elle ne voulait pas que la rousse ait des problèmes à cause d'elle. Elle ne voulait pas nuire à sa carrière en sachant à quel point elle tenait à son travail. Encore une fois, même si ça ne devrait pas être le cas, le bien de Chloé passait avant tout le reste à ses yeux. Et c'est ce qui finit de la décider. Elle recula alors que la rouquine allait l'embrasser, et cette dernière l'interrogea du regard. Beca se releva alors et la regarda, vraiment désolée...
 
- Vous devriez vous en aller lieutenant. Déclara-t-elle simplement.
- Quoi ? Mitchell... qu'est-ce que tu me fais là ?
- Je vous suis vraiment reconnaissante pour tout ce que vous avez fait ces derniers jours, et pour m'avoir sauvé la vie. Mais maintenant je vais mieux, je peux prendre le relais et me soigner seule. Alors je vais vous demander de partir de chez moi.
 
Beca essayait de garder un air impassible. Elle essayait vraiment, de rester neutre. De ne pas montrer ses émotions à Chloé. Mais au fond d'elle... elle pouvait sentir son coeur lui crier d'arrêter ça, et de dire à la rousse de rester et de ne jamais partir. Mais elle n'en ferait rien... elle en avait envie, à en mourir... mais elle ne pouvait pas lui faire ça. Alors elle la regardait simplement, neutre, attendant qu'elle fasse enfin ce qu'elle lui avait dit. Mais la rousse ne bougeait pas, elle ne comprenait pas ce qui lui prenait d'un coup. Alors Beca se servit de son joker... même si rien que pour ça, elle s'en voulait.
 
- Hopper ! Cria-t-elle. Attaque !
 
Le chien ne comprit pas tout de suite. Pourquoi Beca lui demandait d'attaquer la rouquine ? Mais elle était sa maîtresse, celle qui prenait soin de lui, celle qui l'avait recueillit alors qu'il était à la rue... il lui devait fidélité, elle lui avait sauvée la vie. Et en voyant qu'elle était sérieuse, il obéit et s'approcha rapidement de Chloé en grognant, en aboyant et en montrant les crocs, prêt à attaquer. La rouquine se releva brusquement du canapé en voyant ça et se tourna, confuse, vers la brune. Il y a deux minutes encore elles étaient en train de s'embrasser !
 
- Mitchell... qu'est-ce que...
- Allez-vous en lieutenant ! Ou je vous jure que je le retiendrai pas !
 
Comme s'il avait comprit, Hopper se mit à aboyer plus fort en approchant toujours plus. Les griffes étaient sorties, et il était plus qu'évident qu'il était prêt à mordre s'il le fallait. Alors Chloé regarda une dernière fois la brune, à la recherche d'une explication, mais elle n'en eut aucune et elle fut forcée de quitter la maison sans comprendre ce qui lui prenait soudainement. Et une fois qu'elle fut seule dans son salon, la brune calma Hopper et se laissa retombée sur son canapé... en larmes. Elle venait de trahir ce qu'elle n'aurait jamais voulut trahir... son coeur.
 
Je suis désolée lieutenant... Je suis tellement désolée... je peux pas. Je peux pas renoncer, pas maintenant, pas après tout ça... Et je peux encore moins vous apporter des ennuis. Vous avez une belle carrière dont vous êtes fière. Je peux pas vous prendre ça.
 
Elle pleurait tellement, qu'elle n'entendit même pas la porte d'entrée s'ouvrir de nouveau. Et du coup, quand la rouquine revint dans le salon, elle la trouva comme ça... en larmes sur son canapé. Et en fait... Chloé était en larmes aussi.
 
- Tu crois que c'est si facile Mitchell ? Tu crois que tu peux t'amuser avec moi et avec ce que je ressens sans assumer derrière ? S'emporta la rousse.
- Lieutenant... Je... Je vous ai dit de partir ! Tenta la brune nettement moins crédible maintenant que Chloé l'avait vu pleurer.
- Et moi je refuse ! Tu peux appeler ton chien si tu veux je m'en fiche ! Il n'a qu'à attaquer ! Je ne partirai pas ! Tu as besoin de moi ! Et je ne parle pas simplement des soins par rapport à tes blessures là ! Tu as besoin de moi si tu veux avoir une chance de rendre justice à ta mère et d'arrêter le monstre qui lui a fait ça ! Tu as essayé de l'avoir seule et on sait toutes les deux comment ça a finit et ce qui a faillit arriver ! Tu aurai finit comme ta mère si j'étais pas arrivée et je pense pas qu'elle aurait voulu ça ! Tu as besoin de moi que tu le veuille ou non Mitchell ! Alors je vais rester, et je vais t'aider ! Par la force s'il le faut ! Mais il est hors de question que tu débarrasse de moi aussi facilement ! Je suis pas un jouet ! Et je veux t'aider ! Je... je te laisse pas tomber !
- Mais... Votre carrière. Je suis...
- Je m'en fiche de ça pour l'instant ! Il est plus urgent de l'arrêter lui que toi ! On verra après pour le reste ! Alors oui j'appréhende ce qu'il faudra faire quand cette histoire sera terminée ! Oui ça me fait peur ! J'ai pas envie de devoir t'arrêter Mitchell. C'est vrai... Mais pour le moment je préfère ne pas y penser et me concentrer sur ce qui est vraiment important. Arrêter ce type avant qu'il ne fasse d'autres victimes ! Et...
 
Elle ne put terminer sa phrase car Beca avait soudainement courut pour se blottir contre elle. La rousse hésita un instant, mais elle finit par passer ses bras autour d'elle et la serrer dans ses bras. La petite brune n'aurait jamais pensé qu'un jour elle trouverai quelqu'un comme ça. Quelqu'un prêt à la suivre quoi qu'il arrive... mais c'était le cas aujourd'hui. Elle n'était vraiment plus seule...
 
- Merci lieutenant...
 
Ce n'était qu'un murmure, un simple merci... Mais Chloé l'avait entendu. Et elle aurait put jurer que ces deux mots étaient plus lourd de sens qu'il n'y paraissait... et que Beca ne lui avait jamais rien dit de plus sincère que ça.
 
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« La reconnaissance donne un sens à ton passé, apporte la paix pour aujourd'hui et crée une vision pour demain... »
 
≈ Melody Beattie ≈

La voleuse de cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant