La voleuse de cœur

19

Quand Chloé ouvrit les yeux, elle put immédiatement constater qu'elle était dans une cave. Et pas seule... Beca était là aussi, toujours inconsciente elle en revanche. Et comme elle était plus loin dans la pièce, elle voulut s'approcher, mais se rendit vite compte qu'elle ne pouvait pas l'atteindre car elle était retenue par une chaîne.
 
Oh merde... sérieusement ?
 
La rouquine se retourna alors pour examiner ses chaînes, comme si elle pouvait trouver un moyen de s'en débarrasser rien qu'en les regardant. Mais elles étaient bien trop épaisses et trop solides pour tenter de les arracher du mur. Et puis qui avait des chaînes dans les murs chez soi ? La rousse soupira en comprenant qu'elle n'avait pas d'issues et elle se tourna vers Beca en décernant du mouvement de sa part. Et en effet, elle la vit se réveiller. La brune ouvrit les yeux et constata la même chose que Chloé... elle était enchaînée dans une cave. Et elle la trouva rapidement.
 
- Tu vas bien ? S'inquiéta la rouquine.
- Oui... enfin je crois. À part que je suis nue dans une cave et enchaînée à un mur. Ironisa la brune.
- Ouais...
- Et toi ?
- Exactement comme toi.
- OK... C'est bizarre non ?
- C'est bizarre...
- J'étais justement en train de me dire la même chose. C'est pas son mode opératoire ça.
- Non... mais en même temps il a jamais eut deux personnes à la fois. Rappela la rousse.
- Ouais...
 
Beca baissa la tête. Elle ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir. Si Chloé était là, c'était à cause d'elle. Parce qu'elle l'avait mêlée à cette histoire. Mais la rouquine elle... pensait à totalement autre chose en ce moment.
 
- Beca...
- Oui ?
- Tu... tu le pensais vraiment ? Ce que tu as dis sur moi avant qu'il débarque ?
- Attends t'es sérieuse ? Là, maintenant ? C'est tout ce qui te vient ? Chloé on est enchaînées, nues, dans une cave ! Et tu pense qu'à ça là tout de suite ?
- Euh... Oui... Répondit timidement la rouquine.
- Putain... Lieutenant, sans vouloir vous vexer, on a plus important à faire là tout de suite. Plutôt que de savoir si oui ou non je pensais ce que je vous ai dit. On devrait se concentrer sur comment sortir d'ici.
- Tu me vouvoie de nouveau, et m'appelle par mon grade ? Juste parce que je voulais savoir si tu pensais ce que tu m'as dis ?
- Ouais...
- Beca...
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise Chloé ?!? S'emporta la brune. Que je suis désolée que tu sois là avec moi !? Et bien je te le dis voilà. Oui, je suis désolée ! Je voulais pas que tu sois mêlée à ça c'était pas le but ! Tout comme j'avais pas prévu que tu compterai pour moi ! Ça te va là ?!? Oui je voulais te manipuler pour que tu m'apprécie ! Et c'était facile au début ! J'avais compris comment t'avoir, jouer sur la corde de la sensibilité et sur tes sentiments ! Car c'est ça ton point faible ! Mais le problème tu vois... C'est que c'est aussi le mien ! Et je suis tombée dans mon propre piège... Je suis... Je suis tombée amoureuse de toi ! Voilà t'es contente ?!? Tu l'as ta réponse comme ça ! Je suis amoureuse de toi ! Et savoir que tu es là avec moi... juste parce que tu as voulu m'aider... Je m'en veux ! Je m'en veux parce que tu devrai pas être là ! Tu devrai être dehors ! Libre ! En train de chercher le meilleur moyen de m'arrêter ! Pas ici... pas avec moi... je suis désolée... je suis tellement désolée...
 
Beca était en larmes... assise et appuyée dos au mur. Et Chloé aussi pleurait... à la fois de tristesse, de colère et... un peu de joie. Tristesse et colère parce qu'elle se trouvait dans une situation qui était pas vraiment des plus plaisantes. Et joie... malgré tout... parce que Beca venait de lui dire qu'elle était amoureuse d'elle. Et il était hors de question de la laisser comme ça après une telle déclaration. Alors elle s'approcha d'elle autant que sa chaîne le lui permettait. Donc elle alla à peu près au centre de la pièce. La brune avait relevé la tête parce qu'elle avait entendu le bruit de la chaîne, et elle l'interrogea du regard.
 
- Approches... Pria la rousse.
 
Beca fronça les sourcils et s'approcha tout de même de la rouquine. Elle parvint à peu près au centre de la pièce elle aussi. Et Chloé tendit la main pour essayer de la toucher, mais elle n'y parvenait pas. Alors Beca tendit la main à son tour et elle lui prit la sienne. La rousse la prit et la serra comme elle pouvait en lui souriant.
 
- Je suis amoureuse de toi aussi Beca...
 
Beca laissa couler quelques larmes encore en entendant ça. Elle ne pensait pas avoir une réponse... encore moins cette réponse. Mais c'était le cas. Et la rousse lui souriait pour lui prouver qu'elle était des plus sincères. Alors la brune lui serra la main, enlaçant leurs doigts.
 
- Je suis amoureuse de la femme que j'ai appris à connaître. Continua Chloé. Tu sais... j'avais une liaison avec une collègue avant toi... on se voyait que pour...
- Je suis pas sûre de vouloir savoir ça en fait... Non... je suis pas jalouse.
- Laisse moi finir. Je... oui c'est vrai je la voyais que pour du sexe. Enfin... c'était aussi une amie mais, voilà quoi. Et je sais qu'elle attends plus, qu'elle veut du sérieux. Mais je lui ai jamais donné ce qu'elle voulait, parce que je... je voulais pas... je voulais pas m'engager dans une histoire. J'avais peur que ça me freine dans mon travail. Et je préférai réussir professionnellement que sentimentalement. Et puis... je t'ai rencontrée... et tu m'as agacée et énervée comme jamais personne ne l'a fait avant toi. J'avais envie de t'arrêter et de te voir croupir derrière les barreaux plus que tous les autres criminels que j'ai arrêté.
- C'est sympa comme déclaration...
- Beca...
- OK... OK. Je me tais.
- C'est vrai que je t'ai pas aimée tout de suite. Mais j'ai appris à te connaître... j'ai finit par apprendre que tu ne faisais pas tout ça par plaisir... mais pour une raison. Et je... j'ai commencé à ressentir quelque-chose à ce moment là. Parce que tu t'y prenais peut-être de la mauvaise façon, mais ton but était louable finalement. Tu voulais juste rendre justice à ta mère... Et tu étais déterminée à le faire, peu importe le prix que ça te coûterai, et je me suis mise à t'admirer pour ça... Parce que tu étais prête à tout, vraiment tout, pour atteindre ton objectif. Ça m'énervait toujours mais... moins. Et puis quand tu as été retrouvée, et blessée... et que j'ai pris soin de toi... j'ai découvert encore mieux qui tu étais. Tu n'es pas juste une femme blessée, déterminée à se rendre justice... Tu as une histoire, et elle fait de toi qui tu es... une femme forte avant tout, une femme ambitieuse... et une femme généreuse... Et qui a du coeur. Bien plus que tu ne veux le montrer au premiers abords. Et justement... je suis même sûre que le fait que tu ai perdue quelqu'un que tu aimais énormément, fait qu'aujourd'hui... une fois que tu laisse tomber ta carapace... tu aime encore plus les gens... ou en tout cas, ceux qui comptent pour toi. Comme ton frère, ton chien ou... j'espère... moi. Et c'est de cette femme là... que je suis tombée amoureuse. Et finalement, je m'en fiche de mon travail... d'autant plus que maintenant je suis coincée. Parce que pour réussir professionnellement comme j'en avais tant envie... il faudrait que je t'arrête. Et ça... c'est hors de question. J'y arriverai pas... Je peux pas... je peux plus t'arrêter Beca. Je suis amoureuse...
 
Beca était naturellement plus que touchée par ce que venait de lui dire la rouquine. Elle mourrait d'envie de l'embrasser... Alors c'est ce qu'elle fit. Elle se libéra, presque sans difficultés, de ses chaînes, et alla embrasser Chloé. Cette dernière était surprise, parce qu'elle venait de voir la brune se libérer juste devant elle, comme si ces chaînes n'étaient rien. Alors elle la remit face à elle et la vit sourire.
 
- Attends... tu pouvais te libérer depuis tout à l'heure ? Elle est sérieuse là ?
- Bien-sûr. Je suis une voleuse... je me faufile partout. Et je me suis beaucoup, genre... vraiment beaucoup, entraînée à me sortir de ce genre de situations, au cas où un jour la police m'arrêterai.
- Et tu pouvais pas le faire avant ?
- Mais ça aurait gâché toute ta déclaration...
- Mais y'a plus important. Sortir d'ici c'est plus urgent. Je l'aurai faite une fois en sécurité. Et tu...
 
Beca la coupa d'un baiser. Cette fois Chloé ne la repoussa pas et sourit même contre ses lèvres. Elle l'attira un peu plus contre elle, et la serra dans ses bras. L'embrassant toujours plus amoureusement. Et elle sentit d'un coup... que ses propres chaînes se détachaient. Elle se remit alors face à la brune, et vérifia... Beca venait de la libérer elle aussi.
 
- OK... Comment t'as fais ça ?
- Avec une épingle. Répondit la brune en lui montrant l'épingle en question.
- Et elle sort d'où ?
- De mes cheveux. Je suis toujours préparée, je te l'ai dis. Elle m'écoute quand je parle ?
- Et tu... tu pourrai crocheter autre chose ? Par exemple...
- Le verrou de la cave ?
- Ouais...
- Sûrement.
- Alors qu'est-ce que attends ?
 
Beca sourit et lui vola un furtif baiser avant de se relever et de se diriger prudemment vers la porte de la cave. Chloé la suivit, impressionnée et curieuse à la fois. Elle voulait voir comment elle allait s'y prendre. Mais une fois qu'elles arrivèrent près de la porte, elles se figèrent en entendant des pas de l'autre côté.
 
- Il revient... Merde...
- On aurait peut-être eut le temps si tu m'avais pas laissée parler et que tu nous aurais libérée avant. Accusa la rouquine.
- Oh ça va... Je pouvais pas savoir. Rappela la brune. Et c'était une belle déclaration. J'avais pas envie de te couper.
- Oui ben maintenant on est coincées. Bravo.
- Donc c'est ma faute ?
- Parfaitement.
- Je rêves... Elle est vraiment en train de m'engueuler ?
- Si tu avais agis plus tôt, on en serait pas là.
- Chlo...
- Non mais c'est vrai. Faut savoir où sont les priorités dans la vie.
- Chloé...
- Quoi ?!? Elle va parler à la fin ?
 
Mais au lieu de lui répondre, Beca la poussa contre le mur derrière la porte, pile au moment où elle s'ouvrait. Chloé comprit alors que la brune l'avait entendu venir, et elle non parce qu'elle avait préféré se plaindre. Elle remercia donc la plus jeune tout en s'excusant, par un simple regard afin de ne pas attirer l'attention de l'homme qui venait de passer la porte. Il leur tournait le dos, et elles savaient que c'était leur chance. Sauf que dès qu'elles eurent passé le pas de la porte...
 
- Oh c'est pas vrai ! Revenez ici !
 
La cave n'était pas très grande. Il avait vu les chaînes, s'était retourné, et les avait vu elles, en train de s'enfuir. Et alors qu'il leur courut après, elle s'empressèrent de se diriger vers la première sortie qu'elles trouvèrent. Chloé passa la première et...
 
- Oh non, toi tu va nulle part !
 
Beca fut attrapée...
 
- Beca !
 
Chloé allait s'approcher, pour l'aider mais...
 
- Vas-t-en ! Cria la brune.
- Pas question ! Pas sans toi !
- Chloé cours bon sang ! Tu...
 
Elle ne termina pas sa phrase. L'homme venait de poser le canon d'un revolver sur sa tempe. Et Chloé n'osait plus bouger en voyant la brune en danger.
 
- Si tu pars... elle se prend une balle. Alors à toi de choisir. La cave... ou la liberté, avec la mort de ta copine sur la conscience.
 
Et la rouquine put voir que même là... Beca la suppliait du regard. Pas pour qu'elle reste... mais pour qu'elle parte et se mette en sécurité.
 
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« L'amour se mesure à ce qu'on accepte de lui sacrifier... »
 
≈ Ava Gardner ≈
 
 
« Et c'est cela l'amour... tout donner, tout sacrifier... sans espoir de retour. »
 
≈ Albert Camus ≈