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Quand la brune ouvrit les yeux, elle découvrit qu'elle était dans son lit, dans sa chambre... et c'était une vraie surprise. Elle se souvenait bien de ce qui s'était passé, oui... mais elle pensait que la rouquine en aurait profité pour l'enfermer en cellule. Ou dans une chambre d'hôpital avec un ou deux flics montant la garde devant la porte. Afin d'être sûr qu'elle ne s'échappe pas. Mais non... elle était simplement dans son lit... chez elle...
Elle se redressa alors, ou en tout cas elle essaya. Mais elle se ravisa rapidement en sentant la douleur dans son ventre à chaque mouvement qu'elle faisait... mais aussi celle dans ses mains lorsqu'elle s'était appuyée sur le matelas pour se redresser. Elle regarda ses mains... et les vit bandées... complètement bandées. Ce qui l'étonna. Puis elle se souvint qu'elle n'avait littéralement plus d'ongles... du tout... il les lui avait arrachés un à un. Elle avait les mains en sang à cause de ça quand le lieutenant l'avait trouvée... Alors nul doute qu'elle avait dut les lui soigner. Elle vérifia, prise d'un doute, et vit qu'elle lui avait aussi bander la taille pour sa blessure dans le ventre.
 
Putain... j'ai été inconsciente combien de temps pour qu'elle ai le temps de me soigner comme ça un peu partout ? Et puis... pourquoi elle s'est occupée de moi ? Elle aurait put... je sais pas... me laisser à mon sort. Ou m'enfermer quelque part...
 
La porte de sa chambre s'ouvrit alors, et elle vit Hopper rentrer. Suivit un peu après par la rouquine qui évitait de se tenir trop près de lui. Quand elle vit alors que la brune était réveillée, elle se rapprocha d'elle et s'assit sur le bord du lit. Beca la laissait faire, en même temps elle ne pouvait trop protester dans son état. Chloé prit doucement les mains de la plus jeune dans les siennes, et les regarda, comme si elle était en train de les étudier et qu'elle était capable de voir à travers les bandes. Ce qui toucha la voleuse plus qu'elle ne l'admettrai jamais.
 
- Tu... Tu te sens comment ? S'inquiéta la rousse.
- Pas très bien... J'ai mal partout. Mais surtout au ventre. Et aux mains...
- Je t'ai recousue...
- Quoi ? Comment ?
- Mon père est chirurgien. Il a toujours un kit, comme il l'appelle, sous la main. Je lui ai emprunter. Et j'ai recousue ta plaie au ventre... et les autres coupures un peu trop profonde. Sur la joue, ou ton poignet par exemple. Et... tes mains... j'ai désinfecté, mais j'avoue que je savais pas trop quoi faire d'autre après. J'ai mis de la gaz et j'ai bandé... c'est peut-être en faire trop, mais je voulais pas prendre de risque. Et puis maintenant, j'imagine que tu peux juste attendre que tes ongles repoussent. Et que... ça va être très douloureux. Mais j'ai fais ce que je pou...
- Merci. Coupa alors la brune. Vous... n'étiez pas obligée.
- J'allais pas te laisser comme ça.
- Vous auriez put...
- Certainement pas. Ça aurait été de la non assistance à personne en danger... Très clairement en danger hein.
- Ouais...
- Tu... Je peux faire quelque-chose pour toi ? Tu as faim peut-être ?
- Un peu... J'ai été inconsciente combien de temps ?
- Pratiquement 24h. Tu as envie de manger quelque-chose en particulier ?
- Une omelette.
- D'accord je vais te faire ça.
 
La rouquine se releva alors du lit et elle sortit de la chambre, faisant toujours attention au chien. Et la brune remarqua bien ce détail. Elle en avait toujours peur, même si elle tolérait désormais d'être près de lui... Et heureusement Hopper resta près de sa maîtresse, Chloé allait donc pouvoir être tranquille en cuisine sans le surveiller.
 
- Alors c'est elle que tu as étais cherchée ? Interrogea la brune à son chien.
 
Hopper la regarda en penchant la tête sur le côté. Elle sourit en tendant la main pour le caresser entre les oreilles. Mais elle grimaça en appuyant sa main sur la tête de son chien. C'est vrai que pour les coup... les extrémités de ses doigts étaient devenues très, très, trèèèès sensible... Le moindre effleurement lui provoquer des frissons des plus désagréables, et dès qu'elle appuyé à peine sur quelque-chose, ce n'était plus une simple sensation désagréable, mais une réelle douleur qui se manifestait.
En bas, en cuisine, Chloé s'activait à faire une bonne omelette pour Beca. Avec quelques herbes, un peu de fromage et de jambon... et même des tomates. Elle voulait qu'elle se régale, elle voulait prendre soin d'elle... Et elle se fichait pas mal de savoir qu'elle ne devrait certainement pas faire tout ça pour elle à la base. Et quand elle remonta dans la chambre pour lui donner son assiette, elle vit au regard de la brune, qu'elle s'en fichait aussi. Et là, elle avait apparemment surtout hâte de goûter à ce que la rousse lui avait cuisiné. Chloé sourit en voyant ça et s'approcha pour lui poser doucement le plateau sur les jambes.
 
- Et voilà... J'espère que tu aimera.
- Euh... vous... vous voulez bien... m'aider ? Mes mains...
- Oh pardon. Oui bien-sûr je peux.
 
Beca se sentait gênée de demander ça à Chloé. Mais elle n'avait pas trop le choix. La rouquine elle, n'était pas gênée. Elle comprenait. Beca ne pouvait plus utiliser ses mains pour le moment, alors il était normal de l'aider. Elle coupa donc l'omelette en morceau, et la fit manger, comme elle l'aurait fait avec un enfant en bas âge.
 
- C'est super bon lieutenant.
- Merci. J'ai fais avec ce que j'avais.
 
Beca sourit et elle termina de manger, avec l'aide de Chloé naturellement. Puis la rouquine débarrassa le tout avant de revenir dans la chambre avec un verre d'eau que lui avait demandé la petite brune.
 
- Pourquoi vous faites tout ça ? Demanda alors Beca. Et me dite pas que c'est juste parce que ça aurait été de la non assistance à personne en danger... je suis sûre qu'il y a autre chose. Je commence à vous connaître lieutenant. Ce qui n'est pas normal...
- Je... je voulais pas te laisser comme ça. Admit la rouquine à mi-voix. Je...
- Vous vous êtes attachée à moi lieutenant ?
- Quoi ? Non je... non ! Je... je sais pas ! Peut-être. Je... je crois... J'en suis même carrément sûre en fait... mais j'ai pas le droit ! C'est compliqué...
- Lieutenant...
- Non. Ne dis rien Mitchell... s'il-te-plaît. J'ai bien conscience que je devrai pas. Je sais que c'est compliqué. Et je sais pas non plus comment ça se fait. Mais c'est le cas... Pas besoin d'en rajouter avec tes moqueries habituelles.
- C'est pas ce que j'allais faire...
- Oh...
- Moi aussi je me suis attachée à vous lieutenant.
 
À cette aveux de la brune, la rouquine la regarda, cherchant à voir si elle était sérieuse. Apparemment c'était le cas. Alors elle ne put s'empêcher de sourire, et Beca lui rendit son sourire. Chloé se pencha alors en avant et vint délicatement poser ses lèvres sur celles de la voleuse. Si Beca en fut surprise, elle se laissa faire et y répondit rapidement. Embrassant le lieutenant en retour, répondant à ses lèvres avec gourmandise et tendresse en même temps. Chloé posa alors ses mains sur les joues de la brune et se rapprocha d'elle. Mais c'est là que Beca recula la tête en serrant des dents. La rousse se rappela alors de la coupure sur sa joue sur laquelle elle venait d'appuyer.
 
- Désolée... Murmura la rouquine.
- C'est rien.
 
Chloé se rapprocha plus lentement cette fois, et déposa simplement son front sur celui de la brune. Elle ferma les yeux un instant, et Beca en fit autant, comme si les deux voulaient profiter de cette proximité qui ne durerait sûrement pas.
 
- Qu'est-ce qu'on fait Mitchell ? Demanda d'un coup Chloé.
- Je sais pas lieutenant... Pour l'instant je suis trop faible pour réfléchir à ça... ou à quoi que ce soit d'ailleurs. Je... je crois que je suis entièrement à votre merci là. Donc... c'est à vous de choisir lieutenant. Que voulez-vous faire ?
 
Beaucoup de choses... mais malheureusement aucune ne consiste à t'arrêter...
 
Chloé et Beca étaient toujours front contre front. Elles sentaient toutes les deux le souffle de l'autre sur leurs lèvres. Et la rousse profita alors de cette position pour combler le vide entre elles et l'embrasser encore. La brune la laissa faire, naturellement. Et elle l'embrassa en retour. Elles ne pouvaient pas s'en empêcher. Elles étaient attirées l'une par l'autre et elles ne savaient pas pourquoi. Même si elles se doutaient bien que le goût de l'interdit devait forcément y être pour quelque-chose. Et puis... avec le temps, Chloé avait finit par « comprendre » la voleuse... Beca n'était rien de plus qu'une femme brisée, et marquée à vie par son passé. Malheureusement, elle avait suivit la mauvaise voie... mais au fond, elle n'était pas mauvaise. Et ça... la rousse le voyait, et le comprenait de plus en plus. Avant de se faire virer elle avait quand même un métier... ce qui voulait bien dire qu'au fond elle voulait une vie normale. Et une fois son but atteint, elle n'aurait plus aucune raisons de continuer... Au fond... elle était quelqu'un de bien... et c'est de la femme au fond d'elle que la rousse commençait à s'attacher de plus en plus. À en oublier parfois, souvent même, qui elle était en surface, et ce qu'elle avait fait. Qui devait malheureusement être punie... que ce soit ou non pour une bonne raison. Mais le lieutenant... en avait de moins en mois envie. Elle ne voulait plus l'arrêter. Elle voulait... l'embrasser... exactement comme elle le faisait maintenant. Et quand elle se remit face à elle, elle put voir rien qu'au regard de la brune, qu'elle faisait face au même dilemme qu'elle.
 
- Lieutenant... Vous savez... on est adultes. Et je... j'imagine que rien ne nous empêche de... nous amuser un peu. Et de profiter...
 
Le message ne pouvait pas être plus clair ! Alors la rouquine sourit, et l'embrassa encore. Cette fois, avec plus de passion et de désir. Mais même si elle ne put s'empêcher de gémir, la brune y mit un terme, et se remit face à elle.
 
- Hummm... pas maintenant lieutenant. Je... je suis pas en état de supporter qu'on me touche là. J'ai toujours aussi mal partout.
- C'est vrai... Excuses-moi. Je me suis un peu laissée emportée je crois.
- J'ai vu... Vous aviez l'air d'en avoir très envie depuis un moment. Je peux vous demander depuis quand ? S'étonna la petite brune.
- En fait je... je sais pas trop... Plus j'en apprends sur toi et sur ton passé et plus je... plus je regrette de devoir t'arrêter.
 
Wow... c'est à ce point là ? Je pensais pas qu'elle s'attacherait autant ! C'était pas prévu au programme ça ! Je voulais qu'elle m'apprécie, parce que ce serait plus difficile pour elle de m'arrêter d'accord... mais de là à ce qu'elle regrette carrément ! Je... je... merde. Mais pourquoi j'ai fais ça ? Pourquoi je me suis rapprochée d'elle !?! Je suis en train de me faire avoir moi aussi ! Je... je l'apprécie de plus en plus...
 
- Vous... vous devriez vous en aller lieutenant. Vos collègues vont se demander où vous êtes.
- Je m'en fiche...
 
Elle avait l'air des plus sincères, et c'est ce qui fit comprendre à Beca qu'elle était allait trop loin dans son jeu. Elle avait voulu que le lieutenant l'apprécie, elle avait réussit. Mais l'ennui... c'est qu'elle avait trop bien réussit. Et surtout... elle était tombée dans son propre piège. Se détournant de l'objectif qu'elle avait depuis des années et qui était devenu sa seule raison de vivre. Aujourd'hui... et pour la première fois... elle rêvait d'autre chose. Elle voulait autre chose...
 
Je voulais jouer avec ses sentiments. Ben c'est réussit... mais j'aurai aimé ne pas avoir à jouer avec les miens en plus... c'était pas prévu ça.
 
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« On ne devrait jamais jouer avec les sentiments ; on y brûle sa vie, le peu de sa vie que l'on emmagasine au fond de soi. »
 
≈ Jean-Claude Clari ≈

La voleuse de cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant