Disposizione

IV

Palerme, Sicile

Je reprends ma tenue pour le mariage et décide de la mettre. Je n'aime pas l'idée de devoir jouer les amoureux avec elle. Malheureusement je suis obligé d'y avoir recours car ma mère sera présente à la cérémonie. Elle veut absolument mon mariage pour une raison tout à fait valable et c'est pour cela que je ne fais qu'obéir à sa requête.

Je descends les escaliers et dévisage ma future femme qui est toujours habillée de cette couverture horrible. Comme je vois qu'elle ne sait pas quoi faire et reste plantée là, immobile, je prends une grande inspiration pour ne pas m'énerver avant de lui adresser la parole.

- Tu crois que tu vas y aller vêtue de la sorte ?
- Pourquoi ? Ça ne te plaît pas ?

Je ne suis pas d'humeur à plaisanter alors je commence à m'énerver et serre le poing. Je vérifie que nous ne soyons que nous deux. Je m'avance vite vers elle jusqu'à ce qu'elle soit collée au mur. Je positionne un de mes bras plié au-dessus de sa tête et serre la mâchoire.

- On m'avait dit que les françaises étaient des filles faciles avec un caractère d'agneau.
- De toute évidence on t'a menti. M'affirme-t-elle en plissant les yeux et en inclinant légèrement la tête.
- Je te préviens : je ne suis pas quelqu'un de patient et j'obtiens tout le temps ce que je désire alors ne fais pas ta précieuse et joue le jeu.
- C'est une menace ? J'ai peur. Me provoque-t-elle avec un sarcasme qui a le don d'aggraver ma colère.
- Ne fais pas trop la maline, il me semble que ça t'arrange bien que je t'aide financièrement, je me trompe ?
- Si ça ne tenait qu'à moi je serais déjà retournée en France. Je suis déjà épuisée de voir ta tête depuis hier.

Elle se dégage en me poussant et se colle à moi en plaçant une main dans mon dos et l'autre caressant mon torse en affichant un sourire hypocrite. Je ne comprends pas sur le moment mais quand je constate que son père vient de se lever, alors tout fait sens. Sa mère débarque de je-ne-sais-où t'es sourit mais très rapidement elle prend sa tête entre ses mains, comme si elle était choquée.

- Ma chérie à quoi tu joues ? Ça porte malheur de vous voir en tenue avant le mariage !
- On s'en fiche Maman. À la base c'était un mariage arrangé. Rétorque Ellia.
- À la base ? Lui demande sa mère.
- Je crois qu'on peut affirmer que votre fille a su me séduire et que j'ai fait de même. Je me dépêche de lui répondre.

Si elle continue à sourire et à me caresser ainsi je ne vais plus pouvoir feindre mon attirance envers elle. Heureusement pour moi ils repartent en voyant la femme chargée des préparatifs arriver avec une valise et la robe emballée.

- Qu'est-ce que Monsieur fait ici, habillé en plus ?!
- Ne vous inquiétez pas, je m'en vais. Dis-je en me dégageant d'Ellia.

J'attends que le chauffeur sorte ma limousine du garage et vienne me prendre devant la maison. Mon téléphone vibre dans la poche de mon pantalon. Je m'en empare et décroche.

- Quoi encore ?
- Luigi est revenu de Calabre.
- Il me semblait t'avoir donné un ordre.
- Je ne l'ai pas trouvé à Calabre, un de nos hommes l'a aperçu vers « la forêt ».
- Je ne te remercie pas.

Je raccroche et retourne dans la maison, téléphonant à mon chauffeur pour le prévenir d'emmener Ellia à ma place. Je descends dans le garage et choisis ma Bugatti Chiron, comme ça je suis persuadé que le trajet ne me prendra pas longtemps. J'emprunte des routes peu fréquentées que je ne connais que trop bien pour me rendre à « la forêt », un lieu de rendez-vous que seul moi et mes hommes connaissons. Le coffre de la voiture était déjà chargé quand je l'ai vérifié ce qui me fait gagner encore plus de temps. Je démarre en trombe, ouvre le garage puis le referme avec mon téléphone en main. Je le pose dans la boîte à gants et me dépêche d'aller sur le lieu en question.

Je repars de « la forêt » et souris en voyant que mon costume est resté blanc. Je regarde l'heure et j'en déduis que je suis en retard. Je vais en profiter pour rentrer chez moi avant d'aller à la cérémonie. J'appelle un de mes hommes pour le tenir au courant de ce qu'il se passe et de ce qu'il s'est passé ce matin et je demande un conseil pour trouver une nouvelle planque. On ne sait pas si Luigi en avait communiqué l'emplacement car il ne m'a rien avoué concernant son entrevue avec les mecs de Calabre mais on ne sait jamais. Il me propose un parc abandonné sombre et effrayant. J'accepte sans lui dire explicitement ; je dois leur en parler en personne.

Je me gare en vitesse dans le garage qui était ouvert. Il me semblait pourtant l'avoir fermé. Je vérifie la présence de toutes mes voitures mais aucune ne manque à l'appel. Quoique, ma Porsche blanche s'est volatilisée. Je verrai ça plus tard. Je le referme puis m'installe dans la salle de bain pour me remettre du parfum, je quitte ma montre, la place dans le coffre fort. La porter à mon poignet ne fera que ridiculiser l'anneau doré que je porterai le restant de la journée. Et merde j'avais oublié de changer mon pansement dans le cou. Je le décolle et galère à enlever les traces grises qu'ont causées ma baignade et mes douches. J'en prends un autre et le dispose exactement de la même manière que celui d'avant. Je me demande pourquoi personne ne m'a demandé ce qu'il m'était arrivé. Passons, je suis pressé et j'ai accumulé encore plus de retard dans la salle de bain. Je me dépêche d'aller dans la cour en fermant minutieusement la porte d'entrée et je m'empresse de me décider à choisir une voiture pour me rendre au mariage. Si j'arrive en retard, il faut tout de même que je fasse une entrée digne de ce nom.
Je monte dans ma Ferrari LaFerrari Aperta noire qui valorisera ma tenue au moment où je devrais sortir du véhicule.

J'arrive sur les lieux et mon regard se dirige vers une robe de mariée magnifique. Dommage que celle qui en est vêtue s'avère être Ellia.