Palerme, Sicile
Il m'approche, m'attire à lui et me traite de « sale pute ». J'ai les larmes qui montent avant qu'il ne me pousse par terre.
- T'es vraiment qu'une merde. Sérieusement regarde-toi ; tu ferais vomir un crapaud.
- Si tu ne m'aimes pas alors pourquoi est-ce que tu ne pars pas ?
- Comment tu me parles ?! Tu veux que je m'énerve ?Je baisse la tête et reçois une quantité de sa salive sur mes cheveux.
- Tu ressemble à une épave.Il se rapproche de mon corps à présent recroquevillé par terre et...
Je me réveille, transpirante, pour changer. Je regarde l'heure sur mon téléphone ; il est six heures. Alessandro est toujours là, il dort paisiblement alors je décide d'aller me passer de l'eau sur le visage, dans ma salle de bain. Ici toutes les chambres sont des suites parentales apparement. Je remets ma nuisette et j'asperge mon visage d'eau glacée, je m'assois sur le bord de la baignoire et je décide de préparer mes affaires que je pose dans le lavabo puis je vais prendre une douche. L'eau chaude coule sur mon visage , je balaye émets cheveux en arrière et prends une grande et profonde inspiration. Je me lave les cheveux puis le corps puis je me laisse enfin aller. Je pleure de chaudes larmes sur mon visage désormais tiède et probablement rouge. Je sors, tremblante et frissonnante. Deux bras musclés m'enveloppent d'une serviette -dont l'odeur de lessive diffuse un léger parfum de vanille- une tête me baise le cou puis s'installe dans le creux de mon épaule. Alessandro et moi restons debout, silencieux et enlacés ainsi un instant durant lequel le temps semble être arrêté.
Parfois le silence a plus d'importance que les mots.
Il me retourne face à lui et me regarde profondément en me chuchotant :
- Un cauchemar ?Évidemment que je viens de cauchemarder, c'est une stupide question qu'est la sienne. Cependant il est vraiment attentionné sur le moment alors je décide de ravaler mon sarcasme.
- Oui.Un silence s'installe et je lui demande alors qu'il part :
- Pourquoi as-tu besoin d'un appât demain ?
- Je ne te l'avais pas déjà dit ? C'est pour divertir un homme qui me doit une vie.
- Et que vas-tu lui faire à cet « homme qui te doit une vie » ? Je questionne en mimant les guillemets à l'aide de mes mains.
- Ça ne va pas te plaire.Comment ça « ça ne va pas me plaire » ? Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Ne me dites pas que...
- Tu vas le...?Il se tait puis rentre dans la chambre. Il me semblait pourtant que ma phrase était une question alors j'aurais bien aimé avoir une réponse. Je le rattrape, ma serviette calée comme il faut pour éviter qu'elle ne tombe -ce serait préférable dans ce contexte- , et j'ordonne une réponse à Alessandro.
- En quoi ça te regarde ?Qu'est-ce qu'il lui prend ? Il ne hausse pas le ton d'habitude et puis cela me regarde étant donné que nos vies sont liées l'une à l'autre.
- À la base nous étions juste censés se marier sans que cela ne nuise à notre esoace privé respectif ; C'était censé arranger tout le monde ; Et voilà que Madame décide de s'immiscer dans ma vie. Personne ne t'as forcé à te mêler de ce qui ne te regarde pas, tu sais.Alors là je dois avouer que je suis bouche-bée, et dire que j'éprouve des sentiments pour lui. Alors quoi, je ne suis qu'un plan de satisfaction lorsque ses désirs font surface ? A l'intérieur je fulmine, à tel point que j'ai l'impression que je vais exploser.
- Tu sais quoi ? Débrouille-toi tout seul pour ton plan de merde et sors d'ici.Il me consacre un dernier regard puis tourne les talons. Je m'habille en vitesse, toujours énervée, il est grand temps que je sorte d'ici, de cette maison et que j'aille prendre l'air pour me changer les idées. Je porte un jogging et des chaussures de marche avec un sac à dos au-cas-où je décide de rester plus longtemps que je ne le prévois actuellement.
J'arpente les rues de Palerme vêtue comme une touriste qui a abandonné ses quatre enfants à la maison et qui détiens le rôle de la tante Facebook, celle qui publie ses balades régulières à travers les mêmes sentiers ou encore celle qui poste ses journées avec ses enfants dès qu'elle en a l'occasion. Enfin bref je me balade sereinement, mon cœur commence tout juste à s'alléger et je ressens cette délicieuse sensation de liberté m'envelopper de la tête aux pieds. Je marche sans connaître ma destination finale, tout ce dont je suis au courant c'est que j'ai la ferme intention de me retrouver dans un champ ou sur une montagne, un endroit qui serait susceptible de me faire oublier ces quelques choses qui me hantent depuis bien trop longtemps. J'aperçois un endroit qui de l'extérieur s'apparente à un bistrot assez désert je dois dire ; la terrasse est vide et la devanture qui sert justement de parasol pour cet espace extérieur n'est même pas dépliée à fond. La porte d'entrée, elle, prouve que le personnel travaille puisqu'elle est ouverte. Je rentre, une clochette retentit aussitôt pour signaler ma présence, en rentrant je relève immédiatement des drapeaux italiens aux quatre coins de la salle, un petit miroir se trouve derrière le comptoir et une télévision est installée dans la salle, comme les lieux où des rencontres sportives sont diffusées. Je m'appuie de mes deux coudes sur le comptoir et patiente un petit instant qui me paraît très rapide. Sur ce une femme arrive en mâchant insupportablement son chewing-gum, j'irais même jusqu'à dire qu'elle rumine. Elle me regarde de haut en bas et me questionne en italien.
J'aurais du m'en douter.
Giulia et moi avons pas mal avancé ces derniers temps mais j'avoue que je n'ai jamais eu de cours sur les plats ou les boissons, en effet ce n'est pas le genre de choses auxquelles on pense lorsqu'on souhaite apprendre une nouvelle langue. Je grimace d'une certaine façon qui se veut exprimer la difficulté que j'ai à comprendre ce qu'elle me demande. Elle lève les yeux au ciel et fait une bulle. Elle doit être au moins quarantenaire, cette information est constatable par les rides naissantes sur son visage, mais cette femme persiste à se comporter comme elle le faisait je suppose il y a une vingtaine voire une petite trentaine d'années.
J'ai réussi à lui demander une limonade, comme quoi la langue anglaise est réellement universelle, et je la sirote paisiblement avec une paille et des glaçons.
Un homme arrive en trombe en déambulant mystérieusement. Il me reluque de haut en bas et ce en détail, ce qui me met particulièrement mal à l'aise. Une certaine gêne s'empare de l'atmosphère et lorsque la serveuse l'interpelle je comprends que je n'aurais jamais dû sortir de cette propriété immense -dans laquelle j'aurais pu organiser tout ce que j'ai prévu d'accomplir aujourd'hui en terme de promenade- car une fois que j'entends parler cet homme brun et musclé aux yeux marrons dont les cheveux assez courts font ressortir sa barbe bien entretenue, je panique affreusement. Je fais attention à ce qu'il ne voit pas que je cache ce sentiment de peur à l'intérieur de moi et lui accorde un sourire avant de poliment le saluer, lui et la serveuse puis je repars à la recherche d'un paysage paisible lorsque Tommaso Anastasia me rattrape en trottinant.
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Disposizione
General FictionSes parents n'ont plus d'argent et son métier ne la rémunère pas suffisamment pour qu'elle se paye ses études de commerce. Sa famille décide de la marier à un homme riche qu'elle n'a jamais vu et dont elle ne connaît même pas le prénom. C'est ainsi...