Palerme, Sicile
Au réveil je n'ai qu'un seul réflexe : je vais voir Giulia. Je ne l'ai pas encore remerciée pour la journée qu'elle m'a offerte- même si c'est Alessandro qui a payé-alors il faut que j'aille lui exprimer ma gratitude.
- Pourquoi tu te lèves si tôt ?
- C'est toi qui dit ça ? Toi qui te lèves tous les jours à cette heure ?
- Quoi ?! Mais il est quelle heure là ?!
- Il est cinq heures.
- Merde !Il me fait rire dans sa façon de s'exprimer ; il peut s'exprimer super élégamment et la fois d'après faire une phrase composée avec uniquement des jurons. Je le regarde mettre son costume qu'il possède en je-ne-sais-combien d'exemplaires ; je trouve que ça lui va bien, très bien même, mais des fois je pense que porter un jogging ne lui ferait pas de mal question confort. Alessandro m'accompagne pour rendre visite à sa cousine. En partant, elle nous regarde bizarrement. Il comprend et m'embrasse d'une manière tellement sensuelle et sauvage à la fois. Je crois que je m'y fais plutôt bien. Et si ça ne suffisait pas, il pose sa main dans le creux de mes reins. La question me taraude alors une fois la chambre quittée et sa main retirée je lui demande :
- Tu ne portes jamais les joggings que tu as achetés ?
- Non, je dois avouer que le temps me manque étant donné que je passe ma journée à travailler.
- Prends ta journée. Tu dois bien avoir un bras droit à qui faire confiance pour une journée, non ?
- Si tu as raison. Enfin je veux dire, je vais prendre ma journée, tu veux faire quelque chose en particulier ?Je le regarde avec des yeux suppliant, mais pas trop quand même ; je veux aller en ville. Faire du shopping, manger au restaurant, me promener, peu m'importe du tant qu'il profite de sa journée de repos, pour une fois qu'il en a une. Il passe un coup de fil en italien, raccroche puis me questionne :
- Et si on allait plutôt au cinéma ?C'est une excellente idée mais je suis assez compliquée en terme de film. Mais bon, c'est à lui de choisir. On se rend donc au cinéma, je porte le popcorn tandis qu'il choisit un film. J'ai tout fait pour le convaincre d'acheter du popcorn salé mais il fait partie des personne qui n'aiment que le sucré. Je ne les ai encore jamais gouté, ce sera l'occasion. Nous nous rendons dans la salle de visionnage pour regarder un film de science-fiction. Nous nous asseyons, la publicité commence et dure une quinzaine de minutes, un temps qui m'a permis d'affirmer que le salé est meilleur que le sucré. Le film commence. La première heure se déroule à merveille et l'histoire me plaît jusqu'au moment qui m'arrache des larmes, pourtant je ne suis pas facile à faire pleurer. Les scénaristes ne devraient pas avoir le droit de tuer l'animal de compagnie du protagoniste, ils ne se rendent pas compte à quel point ce moment creuse en nous un fossé qui se remplit au fur à mesure d'une peine immense et surmontable. Je sens le regard d'Alessandro sur moi. Je me tourne vers lui, révoltée de constater ce sourire béat fixer sur son visage.
- Je ne pensais pas que tu aimais à ce point les chiens.
- Ça devrait être illégal d'être aussi insensible que toi.La deuxième heure se déroule mieux, il a terminé le pot de popcorn à lui seul puis je me suis légèrement cachée pendant la scène réservée aux plus âgée des adolescents. Nous sortons avant de croiser le vendeur que j'ai rencontré récemment. Il me reconnaît tout de suite, je le vois à son approche. Alessandro place sa main dans le creux de ma hanche. Comme nous lui parlions en anglais avec Giulia, il me semble judicieux de continuer ainsi. Alors nous discutons rapidement oui Alessandro resserre sa main pendant un court instant et contracté sa mâchoire. Il expire fort lorsqu'il le fait et étant donné qu'il est plus grand que moi, j'ai senti son souffle dans mes cheveux. Le vendeur fixe Alessandro et sourit, je sens que la respiration est devenue plus lourde au-dessus de ma tête. Il s'en va mais je ne peux pas partir à cause de mon mari qui est quelque peu jaloux à ce qu'il paraît.
- C'est qui lui ? Me demande-t-il en me lâchant la taille.
- Un vendeur que j'ai connu il y a peu.Il retrousse son nez puis s'humidifier les lèvres.
- Tu lui plais, ça crève les yeux.
- Arrête un peu, il a le béguin pour Giulia.
- J'ai du mal à te croire.Il m'énerve à se borner comme ça. Je m'en vais avec ou sans lui ; il me suivra s'il veut partir. Je m'arrête avant les portes et lui adresse un regard : j'avais oublié qu'il avait les clés de la voiture. Il arrive vite avec les grands pas qu'exécutent ses grandes jambes. A ma hauteur, il fait comme s'il ne m'avait pas vue, debout devant la porte, et passe son chemin. Il a un vrai caractère de cochon. Et après ça je suis une gamine capricieuse, c'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité. Il ne décroche pas un mot jusqu'à la maison. A peine ai-je passé le pas de la porte qu'Alessandro décidé enfin de m'adresser la parole.
- Tu sais, je ne te tromperais pas si je te disais que je n'ai pas été frivole depuis la cérémonie.J'ignore quelle réponse pourrait le satisfaire alors je décide de n'émettre aucun bruit et d'aller me doucher. Seule, cette fois-ci. Je suis déçue d'avoir pensé qu'on pouvait passer une bonne journée tous les deux ; il est certain qu'il gâchera toujours tout.
Un livreur est réceptionné par Alessandro, il a commandé libanais ; je n'ai jamais goûté ce type de cuisine avant aujourd'hui et je dois avouer que j'en suis déçue car j'aime énormément. Nous mangeons dans le silence parce que monsieur ne veut toujours pas arrêter son caprice. Je ne comprends pas pourquoi il insiste autant à ce que je n'aille pas voir ailleurs s'il est si distant et aussi enfantin dans sa tête. Il déroge à sa promesse et part au travail au début de l'après-midi, assez énervé après avoir reçu un coup de fil. Je ne sais pas ce qu'il peut bien faire de ses journées quand il n'a personne à tuer. Du trafic de drogue, il le l'avait dit mais est-ce qu'il n'y a que ça ? Une fois qu'il est parti je me précipite au deuxième étage.
- Que faites-vous ici ?Je sursaute pour constater que ce n'est que Ruby. Pourquoi est-ce que personne ne parle de cette pièce et que sait Ruby ? J'ai vraiment envie de le découvrir.
- Je veux savoir ce qu'il y a derrière cette porte.
- Si Monsieur Calvini ne vous l'a pas dit, je ne peux malheureusement rien faire pour vous.J'essaie cependant d'ouvrir la porte qui, sans surprise, est verrouillée. Ça me révolte de ne pas être en droit de savoir ce qu'il y a derrière ces murs.
Je me couche dans le lit comme à notre habitude. Il se joint à moi, nous nous tournons le dos. Je rêve d'un rendez vous au cinéma ou tout se passerait bien, un rêve trop idyllique il semblerait aux vues de la matinée. Je n'ai même pas pris le temps de dîner, je cherchais ce qu'ils pouvaient tous cacher et ce qui avait pu bouleverser Alessandro à ce point l'autre fois. Je n'ai toujours pas trouvé d'hypothèse qui tienne debout, et je dois avouer que je le pensais capable de plus. A la fin de ce rêve des souvenirs remontent et me hantent, les mêmes que d'habitude ; alors je décide de descendre regarder un film dans le salon. J'allume la télé, je recherche un film sur un site de streaming.
- Encore la même chose ?Je lâche la télécommande en faisant volte-face. Alessandro s'est levé ; il m'a sûrement entendu haleter à mon éveil comme à chaque fois que je fais ce cauchemar. Il vient derrière moi sur le canapé et me serre dans ses bras. Je place mes mains dans son dos sans rien dire.
- Je suis désolé mais je ne peux pas m'excuser d'être tel que je suis. Le simple fait de savoir que d'autres hommes posent leur regard sur toi m'indigne. Je te veux pour moi seul et personne ne m'en empêchera.
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Disposizione
General FictionSes parents n'ont plus d'argent et son métier ne la rémunère pas suffisamment pour qu'elle se paye ses études de commerce. Sa famille décide de la marier à un homme riche qu'elle n'a jamais vu et dont elle ne connaît même pas le prénom. C'est ainsi...