IX

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Palerme, Sicile, quelques minutes plus tôt

Je trouve tout de même étrange qu'il m'ait fait visiter la cathédrale. Cela dit il n'a pas besoin d'être religieux pour apprécier l'architecture qu'elle soit chrétienne, musulmane,bouddhiste,...
Personnellement, j'adore les vitraux. J'aime l'ambiance qu'ils apportent au bâtiment en dessinant sur les rayons du soleil des motifs choisis avec précision et rigueur.
Nous marchons tranquillement, il me devance de peu, pressé de s'en aller, sans doute a-t-il des affaires professionnelles à s'occuper, encore. Je discerne une ruelle comme j'espérais visiter. Sans plus réfléchir je m'y aventure et parcours du regard tous les habitants et les hommes tapis dans l'ombre qui discutent à mi-voix. J'en distingue un qui s'attarde sur moi et s'approche pour me parler. Il se recoiffe pour faire son numéro de séducteur j'imagine. Je ne me trompe pas puisqu'il saisit ma main et ne fait pas attention à mon alliance. Je dégage ma main et il commence à discuter :
- Cosa fai qui, tutta sola ? (Qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ?)

J'use de la phrase que j'ai apprise par cœur comme je me trouve dans un pays dont je ne maîtrise pas la langue :
- Non parlo italiano.

Il vient à moi, je me recule jusqu'à être arrêtée par le mur sale. Je ne faiblis pas devant l'ennemi, au contraire, je réponds :
- J'attends mon mari.
- Tu ne vas pas me la faire, ta bague le prouverait cependant aucun homme ne laisserait sa femme entrer dans des lieux comme celui-ci.

Je sens une de ses mains qui parcourt mon bras, s'accroche à mon cou et l'autre qui soulève ma robe devant le regard émoustillé de ses amis. Il n'y a que nous dans cette rue, nous sommes dans un coin au bout d'un chemin, seuls à l'abri des regards indiscrets. Aucun témoin, aucun problème. Sauf si je me comporte comme je le fais habituellement c'est-à-dire sans me défiler.
- Lâche-moi ou je t'étripe. Je le menace en serrant les dents.

Ils rient tous pendant qu'il continue de relever mon vêtement, arrivant à ma taille et commence à baisser ma lingerie noire. J'attrape son poignet et le serre de toutes mes forces. Sa main rejoint l'autre autour de mon cou qu'il resserre de plus en plus fort. Je sens l'air me manquer mais pas suffisamment pour empêcher mon genou de lui frapper l'entrejambe. Il recule légèrement et geint, plié en deux. Il se ridiculise en pleurnichant comme un enfant tandis que je cours vers la sortie. Je jubile puis ravale ma jovialité lorsque ses camarades me bouscule dans ma course. Je tombe par terre et ressens de la douleur à quelques endroits mais je n'y prête pas attention et mobilise mes dernières forces pour me relever. Ils attendent que je me tienne debout face à eux. Une fois que j'y suis arrivée, ils attrapent ma robe et tirent tous dessus en même temps pour la déchirer. Ils arrachent tout le tissu qui se trouve juste en-dessous de mes fesses, ce qui me mets plus que mal à l'aise. L'un d'eux sourit en me dévisageant de la tête aux pieds, attrape mon visage et le tourne sur le côté pour me susurrer :
- Tu sais ma belle, les seules nanas qui traînent ici travaillent pour nous en utilisant leurs atouts.
- C'est sûr que tu ne peux pas jouer ce rôle avec ta sale gueule d'alcoolique. Je lui fais remarquer.

Sa main glisse dans mon cou et il accentue son emprise jusqu'à me rendre pâle. Je sens mes jambes ramollir en même temps que ma vision se trouble, le temps d'une seconde. Quand j'arrive enfin à respirer, je passe une main sur mon cou pour m'assurer que personne ne le tiens. J'entends mon prénom retentir dans un bruit sourd. Ma vision s'éclaircit peu à peu et je constate que les cinq ou six hommes sont devant moi, immobiles, les yeux qui fixent tous le même endroit. Je m'intéresse à ce qu'ils admirent. Je tourne alors la tête et je reconnais la tenue vestimentaire et le charisme de mon faux mari. Il s'avance vers moi et s'attarde sur ma robe. Il toise les coupables et passe une main dans mon dos qui se pose sur ma hanche. Il s'adresse à eux en utilisant un ton sec et furieux tout en restant courtois.
- Qu'est-ce qu'elle vous a fait pour mériter un tel traitement ?
- Tu sais, elle faisait trop style qu'elle n'était pas intéressée alors que vu comment elle est habillée ça se voit qu'elle n'agit pas en conséquence.
- De quoi tu parles ? Sa robe était longue et elle n'était pas moulante. Et quand bien même elle aurait porté quelque chose comme ça, en quoi ça justifie votre acte ?
- Sai...(Tu sais...)
- C'est ma femme.

Alessandro les regarde et leur dit d'un ton ferme :
- Ragazzi, non avreste dovuto toccarla.

Il se retourne pour me donner sa veste qu'il noue autour de ma taille. Je jette un œil en face et les vois se plaindre en exprimant une angoisse plus qu'évidente. Je ne sais pas ce qu'il leur a dit mais cette phrase promet d'être glaçante. Je tente de cacher le haut de mes cuisses à l'aide de mes mains mais en l'apercevant il me stoppe. Il se tourne à nouveau et me fait comprendre que je vais monter sur son dos pour aller à la voiture. Je ne suis pas très à l'aise avec cette idée mais je n'ai pas envie que Palerme ne voit mes jambes en entier et peut-être même plus alors je grimpe. J'encercle son cou large de mes bras flasques, il soutient mes jambes avec fermeté et délicatesse. Ses mains sont douces. J'observe son dos qui est musclé sous cette chemise. Il doit faire beaucoup de sport. Un détail me chagrine tout à coup :
- D'où sors-tu cette veste ?
- J'en ai toujours une dans mes voitures au cas où j'oublie un jour. Je pensais qu'il serait préférable de te l'amener pour sortir d'un endroit comme ça qui provoque des frissons à tous les touristes qui s'y aventurent.

Je regagne le sol à côté de la voiture et rentre immédiatement à l'intérieur. Cette fois-ci personne ne m'a ouvert la portière. Il démarre en trombe et roule très vite sur une route avec pas mal de virages successifs.
- Tu peux ralentir un peu ? Ça me donne envie de vomir.
- Il faut que je rentre avant que Giulia ne soit là.

Je ne décroche plus un seul mot du trajet. D'abord parce que je n'ai rien à dire et ensuite parce qu'il reçoit un appel qu'il prend sur l'écran de la voiture en parlant italien à un numéro qu'il n'a même pas enregistré. Il dit quelque chose comme : « Hanno toccato mia moglie, stasera verrai ad aiutarmi con i cadaveri. ». Je ne calcule pas plus que ça et le laisse terminer sa discussion tranquillement. Il donne l'adresse de l'agression et raccroche. En peu de temps nous sommes arrivés. J'ai hâte de prendre une douche, de me changer, de me reposer. Je rentre et monte directement dans ma chambre. J'enlève la veste que je dépose sur le lit, ronchonnant parce que je l'ai tachée avec du sang qui vient de mes jambes.
- Pourquoi tu râles ?

Je sursaute avant de me rendre compte qu'il s'agit d'Alessandro. Il ferme la porte et diminue la distance entre nous. Il regarde le sang sur sa veste et me surprend à me demander si je viens d'avoir mes menstruations. Je le contredis et désigne les parties de mon corps blessées : un genou, mes coudes, mes mains quelque peu et le derrière d'une cuisse que j'ai esquinté en me relevant. Il retourne au rez-de-chaussée et revient avec une poche de glace.

Il la pose sur la table de nuit, sans rien dire. J'entends le robinet de la salle de bain et en effet il se ramène avec un gant humide. Il passe doucement derrière mes cuisses et me recommande de m'assoir, sur sa veste. Il se focalise sur mon genou, puis mes coudes et éponge délicatement mes mains. Il retourne dans la salle d'eau et m'ordonne de glacer mon cou qui me fait souffrir. Je préfère ne pas le voir dans le miroir. Ainsi je baisse la tête en lui obéissant gentiment.

Il sort avec sa serviette autour de la taille. Je fuis m'habiller dans le dressing pour résister à son corps athlétique. Il n'y a pas un endroit chez lui qui ne soit pas musclé. Je me sens rougir pendant mon choix de tenue. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Il faut absolument que je me ressaisisse. On frappe à la porte.

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