Palerme, Sicile, quelques instants plus tôt.
La wedding planner me presse et je n'apprécie pas du tout cette attitude. J'aime prendre mon temps et je suis toujours prête à l'heure, voire en avance. Je ne lui dis rien car il s'agit quand même de son métier et je suppose qu'elle sait ce qu'elle fait.
C'est très plaisant de mener une vie de riche. On ne se soucie de rien. Et pourtant, je ne le suis même pas encore.
Je n'ai rien préparé pour mon mariage mais il va tout de même avoir lieu et je vais bénéficier d'une robe de ma mère - puisqu'elle souhaite respecter cette tradition familiale -, d'une coiffure réalisée par un professionnel ainsi qu'un maquillage qui je l'espère me mettra en valeur. Mon visage étant habituellement nu va aujourd'hui être habillé comme jamais il ne l'a été auparavant. J'ignore pourquoi mais à ce moment-là je réalise que je vais devoir me coltiner Alessandro Calvini un long moment et peut être même pour le restant de mes jours. Non, on m'a dit qu'il était très pris par le travail. Je suis interrompue dans mes pensées par ma mère.
- J'ai retiré l'ourlet que ma mère m'avait cousu pour mon mariage, comme tu es plus grande que moi.
- Merci Maman, tu n'était pas obligée.
- C'est la moindre des choses, ma chérie.Je rentre dans la salle de bain du rez-de-chaussée et m'habille de la robe. Elle est magnifique. Le haut n'a pas de décolleté mais parfait ma poitrine et les manches amples qui commencent en dessous des épaules font ressortir mes clavicules ; la robe est bouffante à partir de la taille et j'apprécie beaucoup ceci.
Pour l'événement il me faut porter des chaussures assorties. A quoi bon les supporter si personne ne verra mes pieds ? J'opte donc pour une paire de tennis blanches qui seront plus confortables que des talons blancs hauts de vingt centimètres.
Je sors de la pièce et immédiatement un homme me saute au cou. La dame chargée de l'organisation a sans doute emmener la valise pour lui puisqu'elle s'accorde une pause sur le canapé.
- Que tu es belle ! Tu dois sûrement te demander qui je suis. Dans ce cas je me présente, Gérard, enchanté.
- Gérard ? Tu es français ?
- Et oui ma belle.
- Pourquoi ici tout le monde parle français ?
- Tout le monde parle italien, ma belle. Seulement Alessandro et son personnel de maison parlent français ici.
- Alessandro est pourtant italien à cent pour cent.
- Certes, mais il est polyglotte. Enfin bref, ce maquillage et cette coiffure ne vont pas se faire tout seuls.Il m'analyse de la tête aux pieds et poursuit avec un « D'accord, je vois. » puis fait un aller retour vers sa valise ouverte. Je ne connais que la moitié des noms de ces armes.
Il scrute sa montre toutes les trente secondes puis attrape un miroir rond une fois que la coiffure est achevée. Il me le tend et me place dos à un grand miroir dans un coin de la pièce. Je suis fascinée par son efficacité. C'est tout à fait ce que j'imaginais. Je me vois avec un chignon serré et des mèches qui s'échappent tombe légèrement sur mon visage, me donnant un effet coiffé-décoiffé qui me plaît énormément. Il regarde à nouveau sa montre, visiblement pressé par le temps et range son matériel de coiffure en sortant celui pour le maquillage. Il termine au bout d'une dizaine de minutes et me redonne le miroir de toute à l'heure. J'aime énormément. Il m'a appliqué une fine couche de fond de teint, du phare à paupières à peine plus foncé que ma teinte, un mascara qui recourbe mes cils et les allonge, et pour finir il a collé des strass dans le coin extérieur de mes yeux. Il range ses ustensiles et ses plaquettes dans sa valise et s'en va en vitesse sans me dire au revoir.
Je m'apprête à partir avec la limousine qu'était censé prendre Alessandro lorsque son chauffeur me demande :
- Vous allez vous mariez sans bouquet ?
J'entends quelqu'un courir derrière moi en se rapprochant progressivement, je fais volte-face et tombe nez à nez avec l'organisatrice. Elle me tend un bouquet et j'observe son effort vestimentaire. J'en déduis qu'elle sera sur place, ce qui me semble logique puisqu'elle doit s'assurer du bon déroulement de l'événement. Je prends le bouquet de roses blanches assemblées avec un ruban blanc crème et me dirige vers la voiture, devancée par le chauffeur qui se précipite de m'ouvrir la portière de la voiture. Au moment où je monte, je lui demande pourquoi Alessandro m'a laissé la voiture.
- Monsieur a des affaires professionnelles à régler.
- Le jour de son mariage ?
- Il n'a pas choisi son travail, Mademoiselle.Je n'ose pas lui poser de questions bien que je ne cesse de ruminer sur la profession qu'il pourrait exercer. Je me mange les lèvres en songeant à l'organisatrice qui pourrait venir avec moi et profiter de la limousine. Je crie son nom et elle accourt en pensant qu'il m'est arrivé malheur. Je lui demande si elle est d'accord pour m'accompagner et se détendre le temps du trajet ; elle accepte.
Nous descendons et je la laisse me passer devant malgré ses réticences et je me retrouve bouche bée par la beauté du château dans lequel l'arrangement va se dérouler. J'ai du mal à me dire que je vais me marier pour de faux dans un endroit aussi beau. Le chauffeur remonte dans le véhicule et patiente. La wedding planner ouvre la porte et mon souffle se coupe. Toute la décoration est chic et classe. Des lustres sont suspendus au plafond, faisant tomber des fleurs blanches artificielles au dessus des tables dressées d'une nappe blanche avec plusieurs fourchettes et plusieurs couteaux par assiettes, sublimées par de petits vases de roses blanches et un énorme vase où réside un bouquet de fleurs blanches de plusieurs sortes mélangées. Je la remercie de son travail et elle me répond avec un rire qui me signifie explicitement qu'elle fait ça tous les jours et qu'elle n'a pas fait son maximum.
Les invités sont déjà sur place mais dans une salle à part où se trouvent le maire et les témoins. Nous sommes dans le couloir qui mène à cette salle et mes parents arrivent. Ma mère m'admire et me dit que je suis magnifique, ce à quoi je réponds en levant les yeux au ciel. Pas parce que je ne le crois pas mais parce qu'elle me le dit beaucoup. Elle va s'installer dans la salle et mon père reste pour m'accompagner jusqu'au maire quand Alessandro sera là bas. Les minutes passent, nous sortons dehors et attendons l'arrivé du marié.
Une Porsche 718 Cayman blanche se gare dans l'allée. La porte s'ouvre et des talons hauts en sortent pour toucher le sol avant que l'on découvre une belle femme brune d'un âge indéterminable qui déambule tel un mannequin, vêtue d'une robe moulante blanc crème fendue sur un côté, dévoilant ses grandes et fines jambes. Elle retire ses lunettes de soleil et dégage les cheveux de son visage d'un geste de la tête et me scrute lentement des pieds à la tête avant de m'interroger :- Quindi sei tu la futura moglie di mio figlio ?
Je me retourne vers l'organisatrice du mariage pour lui demander si elle peut me traduire ce qu'elle me demande.
- Elle vous demande si vous êtes la future femme de son fils.
Je me sens gênée de cette rencontre et du fait que je ne comprenne pas l'italien, et par conséquent que je ne puisse converser avec la mère d'Alessandro. Je suis sauvée par le gong en voyant une Ferrari LaFerrari Aperta noire se garer devant le château. Alessandro en sort et me regarde fixement puis aperçoit sa mère qui l'observe déjà. Il accélère sa marche pour lui faire la bise.
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Disposizione
General FictionSes parents n'ont plus d'argent et son métier ne la rémunère pas suffisamment pour qu'elle se paye ses études de commerce. Sa famille décide de la marier à un homme riche qu'elle n'a jamais vu et dont elle ne connaît même pas le prénom. C'est ainsi...