XXI

85 2 0
                                    

Palerme, Sicile

Je dois avouer que j'ai envie de tuer quiconque la touche ou même l'approche mais je ne peux pas vraiment lui dire de cette manière. C'est la seule femme capable de me faire craquer avec un pilou-pilou horrible. C'est la seule femme capable de m'attendrir. C'est Ellia ; c'est ma femme.
Je me suis endormi en enlassant Ellia sur le canapé. Je l'entends respirer doucement et je sens son cœur battre paisiblement. Elle est si belle quand elle dort...Ruby survient soudainement dans mon champ de vision ce qui m'interpelle puisqu'il est plus du genre à respecter mon espace privé.
- Voulez-vous un petit-déjeuner servi sur un plateau Monsieur ?
- Que se passe-t-il Ruby ?
- Fabio ha chiamato.

Je savais qu'il se tramait quelque chose.
- Prépare un plateau pour Ellia, je pars travailler, je suis déjà en retard.

Je me dépêche de me vêtir d'un costume, comme à mon habitude. Si Fabio a téléphoné, c'est qu'il a eu une bonne raison de le faire et je dois découvrir de quoi il s'agit. Je prends une voiture qui n'est pas chargée : je ne peux pas prendre le risque qu'on me vole des armes.
- Ti sei alzato molto tardi oggi...

Mais pour qui se prend-il ? Jusqu'à preuve du contraire c'est moi le dirigeant ici. C'est moi qui demande les comptes. Alors même s'il est mon bras droit Fabio n'a aucune remarque à me faire et je n'ai aucun compte à lui rendre. Comme si je ne regrettais pas suffisamment d'avoir baigné dans ce milieu et d'avoir pris les reines sous la contrainte. Certes, les revenus sont garantis mais ils sont aussi élevés que l'insécurité de mes proches. Et si je disais que je suis persuadé que ma famille ainsi que mes amis sont à l'abri et que je ne songe jamais à employer des gardes du corps je mentirais. Chaque seconde que je vis et un cauchemar éveillé. Je pense sans arrêt, c'en devient même trop, étouffant. J'ai peur par moments de me retrouver la tête sous l'eau, noyé malgré mes efforts et ma lutte acharnée. Mon travail, mes problèmes, ma famille qui repose tous ses espoirs sur moi. Un lourd poids pèse sur les épaules. Un poids qui m'enfonce chaque jour plus profondément dans le sol. J'en viens même à me demander si un jour le sol prendra possession de mon corps dans son intégralité.
- STAI ZITTO !
- Cos'hai che non va ? (Qu'est-ce qui ne va pas ?)

Il ose me demander ça ?! Non mais je rêve ! Il jette un œil à mon poing qui se resserre puis se tait. J'attends des explications de son coup de fil. Il me résume les faits que je redoutais en quelques phrases. Le pire est à venir. Il faut absolument que je mette mes proches à l'abri et à l'écart sinon je risquerais de les affecter, et l'effet ne serait pas positif. Si Tommaso Anastasia est bel est bien sur mon sol en ce moment même je dois le traquer et l'abattre. Pour cela il me faut dresser un plan. Je demande à Fabio de réunir la bande à la forêt, nous devons mobiliser tout notre effectif. Bien que Fabio soit intelligent et intègre, j'ai besoin d'une ribambelle de cerveaux actifs pour planifier mon attaque sournoise. J'en ai marre de cette histoire, il faut je ça cesse. Nous allons régler ça comme des grands, comme des hommes.

Un guet-apens ; voilà ce dont nous avons convenus. On va se servir de quelqu'un qu'il connaît pour l'appâter pendant que nous serons repartis partout autour. Et lorsque le moment parfait se présentera, on l'attrape et on le tue. Il faut que l'on fixe une date.
- Demain.

Je passe le pas de la porte, j'enjambe une grosse paire de chaussures. Des chaussures d'hommes. Immondes d'ailleurs. J'ai faim alors je vais dans la cuisine en espérant trouver des légumes capables de stopper ma fringale, c'est devenu plus difficile maintenant qu'Ellia achète, enfin demande aux domestiques d'acheter toutes ces cochonneries.
Lui. Je le regarde, conscient qu'il me fixe en retour. Sans que ça n'y paraisse c'est déjà l'heure de dîner. Alors il dîne avec une brune qui, je le comprends rapidement, n'est pas ma femme. C'est Giulia. Ellia avait donc raison, ma cousine a quelqu'un dans le viseur. Et pas n'importe qui en plus.  A croire qu'elle n'est pas du genre à aimé les hommes du clan, elle a choisi un petit bourge qui vend des vêtements de luxe à des égocentriques qui veulent se montrer. Je suis resté ici assez longtemps, je vais à la salle de sport. Là aussi j'y trouve une personne de ma famille ; Ellia a l'air de ramer à la presse. Pourtant ses jambes sont assez musclées. Je m'appuie au chambranle, les bras croisés sur mon torse, je dois avouer que c'est assez changeant de la voir autrement que comme une enfant qui se jette tout le temps sur moi. Je trouve ça chiant même si j'aime assez cette manie qu'elle a de le tenir tête.
- Ça t'amuses ?!
- Oui.

Je crois bien que je l'ai vexée. Elle me fait cette tête qui me signifie qu'elle est énervée.
- Je t'ai énervée ?
- Oui.

Elle se comporte vraiment comme un enfant. Cela dit je ressens quelque chose en ce moment même, une attirance que je ne saurais contenir, à la vue des gouttes de sueurs qui perlent sur son front, je m'imagine encore plus de positions que je pourrais lui enseigner. Elle met un terme à ses répétitions et s'approche de moi durant un temps qui me semble ralenti. Sa queue de cheval flotte dans les airs chaque fois qu'elle relève les talons.
- Tu m'excuseras mais il faut que j'aille prendre une douche.
- Si tu montes tu vas déranger le rendez-vous galant de Giulia alors je te conseille d'éviter.

Elle semble avoir oublié. Une main se précipite sur sa bouche ; elle vient de s'en rappeler. Elle me questionne sur ce que j'ai de mieux à lui proposer. Ce à quoi j'ai la réponse depuis que j'ai posé les yeux sur elle. J'ai terriblement envie d'elle. Nos yeux se parlent silencieusement, elle parvient à déduire mon raisonnement. Son regard s'attarde ensuite sur une table où sont posées sa serviette, sa gourde et son téléphone. Il y a un autre objet mais je croit que c'est une sucrerie : il s'agit d'un emballage en plastique cylindrique.
- J'imagine que tu sais ce que ça veut dire.

S'attriste-t-elle quand elle s'aperçoit que j'analyse ce paquet. Je suppose qu'en faisant du sport elle ait eu peur d'avoir une petite faim ou de faire de l'hypoglycémie. Je pense réellement qu'à l'intérieur se trouve un bonbon ou bien une barre chocolatée. Ma frustration de la cuisine me hante, j'ai terriblement faim : mon ventre émet des bruits étranges depuis que je suis rentré du travail. Je me dirige à cette table, sous le regard incompréhensif de ma partenaire, j'ouvre le paquet mais...Ellia pouffe de rire.
- Si tu te nourris de tampons je crois que tu ne vas pas tarder à avoir un problème digestif.

Ce n'est pas drôle. J'ai vraiment faim ; de nourriture et d'elle mais si en plus la deuxième tentation n'est pas accessible...
- Tu sais Alessandro, je suis peut-être pas disponible pour certains actes que tu aurais en tête mais je peux tout de même assouvir ton désir.

Je ne saisis pas trop le sens de sa phrase avant qu'elle n'arrive jusqu'à moi, qu'elle claque la porte en l'ayant poussée avec son pied et qu'elle retire ma ceinture.
- Ne te sens pas contrainte de le faire...
- J'en ai envie. M'interrompt-elle.

Elle ouvre ma braguette, baisse mon caleçon puis me consacre un regard. Je prends appui sur la table de mes mains et de mes fesses tout en l'observant. Elle exécute des mouvements répétitifs comme elle l'avait fait dans la douche, toujours avec ses mains puis elle pose délicatement ses lèvres sur mon pénis et effectue les mêmes gestes que vient de faire sa main droite et qu'elle continue d'ailleurs de faire en même temps. La dernière fois qu'une femme m'a offert cette opportunité c'était il y a bien longtemps mais je dois tout de même me rendre à l'évidence : chaque fois est la première fois. De temps en temps je sens une dent me frôler mais peu m'importe, tout est si parfait. Je laisse ma tête tomber en arrière pendant qu'elle, à genoux par terre, me permet de grogner en montant progressivement les marches qui mènent au paradis. L'heure de la libération arrive, elle me retire de sa bouche, je saisis rapidement sa serviette qui était derrière moi afin d'éviter ou du moins de minimiser les dégâts. Elle essuie le bord de ses lèvres d'un revers de la main, avec un léger sourire fier en coin. Elle se relève dans un laps de temps qui me permet de me rhabiller.
- La piscine n'est pas loin, si tu veux on peux y aller.
- Pour quoi faire ?
- Je veux te rendre la pareille.

C'est ainsi que nous nous retrouvons tous les deux, nus et brièvement rincés par la douche extérieure dans cette piscine. Elle m'a fait tellement de bien dans cette salle, ça ne me dérangerait pas que l'on inaugure toutes les pièces de cette manière.
Nous sommes donc dévêtus, l'un à côté de l'autre, nous jetons un œil à nos vêtements que nous avons laissés juste à côté de la douche. Nous avons cette chance d'avoir un côté caché dans la piscine où personne ne se situant dans la maison ne peut nous apercevoir. Elle me regarde dubitative.
- Ne te sens pas contraint de le faire...
- J'en crève d'envie.

Je vais la manger.

DisposizioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant