Chapitre 16

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Bien sûr que la Sirène était là.

Elle n'aurait jamais loupé un spectacle aussi divertissant. D'autant plus quand elle savait qu'elle dominait ce monstre colossal aussi aisément que n'importe quel humain pathétique qui peuplait les terres. Il y aurait certainement des restes à grignoter. Elle savait également le calamar alléchant, peut-être se chargerait-elle elle-même du Kraken après qu'il ait ravagé la ville.

Mais l'Isaki était curieuse.

Le Kraken avait disparu depuis des années, emprisonné par les hommes. Elle avait craint que le même sort lui soit réservé. Si tel avait été le cas cependant qui aurait pu l'arrêter ? Personne n'était insensible à son Chant, pas même les autres Isakis. Si elle ne souhaitait pas que quelqu'un s'approche d'elle, alors cette personne ne s'approcherait pas.

Toujours est-il qu'alors qu'elle se gorgeait de soleil sur des rochers isolés par-delà l'océan, elle avait senti, comme tout Isaki qui aurait pu se trouver à proximité, l'amythe se briser. Elle avait nagé jusqu'à la côte près de Samem, curieuse de savoir qui s'était libéré.

Inconsciemment, elle s'était rendue dans la grotte qu'elle avait pris l'habitude d'investir, la vue y étant splendide. La nuit, la lune s'infiltrait et restait prisonnière, illuminant l'espace à la recherche d'une échappatoire. Elle pouvait à la fois voler et nager sans que personne ne la voit ou n'ose l'approcher.

Elle n'était pas vraiment surprise de voir l'insouciante et arrogante humaine qui lui faisait face. Elle avait toujours eu le don de foncer dans les ennuis et de titiller le danger comme si elle était certaine de se sortir de n'importe quelle situation grâce à sa ruse et sa détermination. Quelle imbécile.

- Est-ce que tu tiens tant que ça à mourir ? demanda la Sirène, comme si elle demandait quel jour on était.

- Je l'avais envisagé la dernière fois que je suis venue te voir, rétorqua Arya. Malheureusement, tu me l'as refusée. Te serais-tu attachée à moi au fil des années ?

- Tsss, siffla la Sirène avant d'éclater de rire. Tu as rangé la pleurnicheuse au placard pour ressortir l'arrogante humaine. C'est mieux.

- Aide-moi, alla droit au but Arya, soudain grave.

Elle n'avait pas de temps à perdre. Derrière elle, des soldats étaient en train de mourir. Elle ne savait pas quelle était l'opinion de la Sirène à son égard maintenant.

La détestait-elle ? La dégoutait-elle ? Voyait-elle encore l'enfant qu'elle avait été ?

Arya espérait que le fait qu'elle l'ait laissé en vie à leur dernière rencontre était un signe que la Sirène la tolérait. Voir même qu'elle l'appréciait ? Elle ne voulait pas projeter ses propres sentiments sur l'Isaki, après tout la créature n'était pas humaine, du moins pas entièrement. Elle ne réfléchissait pas comme eux. Ne ressentait pas comme eux. Peut-être n'était-ce qu'une question d'ennui et de curiosité. Peu importe la raison finalement, Arya avait seulement besoin qu'elle accepte de chanter et d'immobiliser le Kraken. Elle ferait le reste.

La Sirène haussa un sourcil à son attention en entendant ses mots.

- Immobilise le Kraken, poursuivit-elle. Je ne peux pas m'approcher de sa tête avec ses tentacules qui balaient tout dans leur sillage. Je ne parviendrai qu'à me faire tuer en essayant. J'ai besoin de ton Chant.

- En quoi cela me concerne-t-il ? Utilise-le-toi.

Arya grimaça. Cela fit mal. Encore. Elle baissa la tête un instant pour masquer sa douleur à la Sirène. Cela ne lui échappa pas cependant.

- Oh, reprit l'Isaki en souriant vicieusement. C'est donc ça. Tu es revenue me supplier de te donner ma bénédiction à nouveau ?

- Non ! hurla Arya véhément. Non, jamais plus. Je ne la mérite pas. Peut-être même ne l'ai-je jamais vraiment méritée.

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