Chapitre 42

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Est-ce que je suis courageuse ?

Arya se posait souvent cette question. Elle espérait l'être. Elle espérait en avoir fait preuve dans sa vie. Au moins une fois. Pas seulement face au danger, mais aussi face au deuil, au doute, à la fatigue. Face à la vie elle-même. Elle n'était pas bien sûre de savoir si elle pouvait se considérer comme quelqu'un de courageux. Car après tout, qu'est-ce qui qualifie vraiment le courage ? C'était une notion assez subjective, et il était dur d'évaluer, de quantifier objectivement le courage. D'après la définition courante, le fait de se dresser face à l'adversité, de ne pas abandonner à la moindre difficulté est une preuve de courage. Est-ce que cela signifie que fuir est un signe de lâcheté ? Qu'abandonner est synonyme de déception ?

Se battre ou fuir. C'était toujours les deux options qui s'offraient à nous. Affronter ou se dérober. Lequel témoignait de courage ? Se battre ? Ou fuir ?

Fuir face à un danger faisait partie des instincts primaires de tout êtres vivants. Aller à l'encontre de cet instinct de survie marquerait un acte courageux ? C'était assez paradoxal si on y réfléchissait. Et si ce danger est synonyme de mort, est-ce que se battre, s'élancer vers la mort ne serait finalement pas un signe de lâcheté ? Cet acte ne s'apparenterait-il pas à un abandon ? Parfois, cette quête de délivrance, de paix à travers la mort pouvait être considérée comme la solution facile. Dans les pires situations, cela pourrait même sceller le sort d'autrui également. Et alors, la fuite ne serait-elle pas la solution la plus courageuse ?

Survivre n'était-il pas l'acte le plus courageux ?

Est-ce que je suis lâche ?

A quel moment le courage se transforme-t-il en témérité, en acte suicidaire ?

A quel moment cet optimisme née d'un espoir parfois infondé est-il considéré comme de la stupidité ?

Comment Arya en était-elle même arriver là ?

Les mains tremblantes sur son épée dressée devant elle, l'adrénaline courant dans ses veines, Arya n'avait pas le souvenir d'avoir autant craint pour sa vie. Même le Kraken ne l'avait pas terrifiée à ce point. Elle déglutit difficilement, la chaleur se répandait dans tout ses muscles, signe de la tension et de l'énergie que son corps dépensaient pour anticiper les prochaines secondes décisives. Son cœur était lancé dans une course qu'il ne pouvait pas gagner.

Est-ce que je suis stupide ?

Peut-être n'était-ce qu'une question d'égo finalement. De choix avec lesquelles on acceptait de vivre. Cette volonté de ne pas avoir de regrets, de se convaincre qu'on a toujours fait de son mieux.

Alors qu'elle vivait sans doute les dernières secondes de sa seconde vie, Arya se souvint. Oui, elle avait déjà ressenti ça. Faire face à la mort, savoir l'issue inéluctable et pourtant rester. Pour une question d'égo, pour soulager sa conscience. Oui, c'était ça. Car il serait plus difficile de vivre avec la culpabilité d'avoir choisi la fuite.

Cette posture, ce sentiment, ces sensations... Le corps se souvient.

Elle se souvenait.

Quand la mort était venue la chercher la première fois, elle s'était battue. C'était Neven qui l'avait finalement délivrée. Cette fois-là aussi, toute sa vie avait défilé devant ces yeux. Peut-être pour lui rappeler tous ses regrets. Pour la rassurer sur le fait qu'abandonner ici, aujourd'hui, n'en ferait pas partie. Qu'elle avait fait le bon choix.

Les souvenirs jaillirent dans sa tête, retraçant les derniers instants qui l'avaient menée à se dresser face à ce monstre.

Elle se souvint de la séparation avec Neven.

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